LA MODE EST À LA PIGE
SALAIRE DES ENTRAÎNEURS NATIONAUX
Payer des entraîneurs nationaux 12 mois sur 12 sans qu’ils ne travaillent, le ministère des Sports veut y mettre fin. D’où l’idée de pige comme mode de traitement des techniciens, à l’image de ceux du basket. Si on peut comprendre une telle démarche qui semble cohérente, par contre le désengagement de l’Etat vis-à-vis des petites catégories, avenir du sport sénégalais, est incompréhensible et inacceptable. Les dirigeants de la Fédé foot, en pleine préparation pour la Can U20, en savent quelque chose.
Lors du point de presse du sélectionneur de l’équipe nationale junior, en vue de la Can U20 que le Sénégal accueille du 8 au 22 mars, le vice-président de la Fédération sénégalaise de football, Abdoulaye Sow a fait une révélation de taille :
"Le problème des entraîneurs est que leurs contrats ont été soumis à l’approbation du ministère des Sports qui a pensé qu’il faut reformuler ces contrats. C’est à dire qu’on ne peut plus payer des entraîneurs 12 mois sur 12 alors qu’ils ne travaillent pas 12 mois sur 12. L’Etat nous a dit qu’il faut qu’on aille vers la réflexion sur le statut de ces entraîneurs".
Des propos qui viennent confirmer la volonté (cachée) du ministère des Sports d’opter pour la pige comme mode de traitement des sélectionneurs de football.
Cheikh Sarr : "Je suis pigiste avec la sélection"
On ne va pas crier au scandale si on sait qu’une telle démarche semble cohérente. D’ailleurs au basket, c’est à la mode, comme l’a confirmé le coach des Lions, Cheikh Sarr qui, parlant de son avenir à la suite de l’élimination du Sénégal de l’Afrobasket a tenu à préciser qu’il n’est "qu’un pigiste".
"Pour qu’on soit clair, je suis là parce qu’on me l’a demandé. Je fais ce qu’on appelle une pige. Je n’ai pas un contrat à durée déterminée. Quand les gens ont besoin de moi, il m’appelle je travaille et on me paie à la fin. C’est donc différent d’un entraîneur qui est payé uniquement pour ça avec son programme et tout ce qui va avec", avait-il rappelé en conférence de presse.
En tout cas, si cette option se confirmait, cela pourrait être bénéfique pour tous ces entraîneurs nationaux qui n’ont jamais vu la couleur de l’argent, surtout ceux en charge de certaines disciplines, comme le handball, la natation, l’athlétisme...
Quand l’Etat se désengage, la Fédé Foot s’engage
Mais il ne faudrait pas que quand ça l’arrange l’Etat se précipite pour proposer des alternatives et quand il faut plonger pour aider certaines disciplines, il s’efface.
On en veut pour preuve, l’organisation de la Can U20 de football où le ministère des Sports, si on suit les propos du vice-président Abdoulaye Sow, n’a pas mis un sous (pour le moment) dans la préparation de l’équipe pour cet événement continental que le Sénégal accueille du 8 au 22 mars.
La Fédération ayant tout pris en charge y compris les primes de participation et de qualification des gamins de Joseph Koto. Et même les salaires des entraîneurs ont été payés sous forme d’avance.
De là, il y a de quoi s’inquiéter quand une Fédération supplée l’Etat. Car quand l’Etat se désengage, cela fait désordre surtout vis-à-vis de la petite catégorie qui incarne l’avenir, et par rapport à un sport sénégalais en manque de moyens et qui navigue dans un environnement où le sponsoring est devenu une denrée rare.
Mais faut-il attendre plus d’un Etat qui, en dépit de promesses électoralistes, refuse d’augmenter le budget du ministère des Sports ?