La partie civile pardonne, la cour d'appel se prononce le 10 mai
AFFAIRE BOCAR DIENG - SITOR NDOUR
La nouvelle manche du procès Bocar Dieng contre Sitor Ndour n’a pas eu lieu hier à la cour d’appel de Kaolack. La cause ? Le plaignant a pardonné au prévenu et la justice dira son mot dans quelques jours.
Sitor Ndour a comparu libre, hier, dans l'affaire qui l'oppose depuis février 2012 au journaliste Bocar Dieng alors correspond du groupe Wal Fadjri. Arrivé dans la salle d'audience vers 10h, alors que le démarrage des travaux n'était pas encore effectif, l'ancien directeur général du Coud, habillé d'un grand boubou bassin gañila bleu clair, assorti, d'un bonnet bleu foncé avec des babouches blanches, M. Ndour fera vite d'enlever son bonnet - sitôt une place trouvée - laissant apparaître une tête complètement couverte de cheveux blancs pendant que, de l'autre côté, la partie civile, en l’occurrence le journaliste Bocar Dieng, était déjà bien calé dans un des sièges de la salle d'audience, lunettes noires bien placées sur le visage.
Cependant, le procès qui a fait couler beaucoup d'encre, de salive, de réactions parfois inattendues, et qui était très attendu, s'est terminé par un désistement de la partie civile qui, d'après la défense, a fait preuve, devant la barre de la Cour d'appel de Kaolack, de beaucoup de magnanimité, de beaucoup de grandeur, selon Me Bassirou Ndiaye qui indique, après la mise à délibéré du procès pour le 10 mai 2013, que «la culpabilité de monsieur Ndour dans ce dossier ne fait aucun doute et c'est la raison pour laquelle il a été condamné par le tribunal départemental de Fatick statuant en matière correctionnelle. Et depuis le moment des faits jusqu'à aujourd'hui, beaucoup de choses se sont passées, et vous comprendrez qu'aussi bien M. Sitor Ndour que la partie civile M. Bocar Dieng habitent tous la même localité».
Et l'avocat d'ajouter qu'il y a des liens de parenté entre les parties et que pour préserver ces liens forts, comme cela se passe dans notre société, des bonnes volontés ont joué les bons offices. Précisant que «comme M. Dieng a un bon cœur, il a pardonné, car ce qui l'intéresse dans cette affaire, c'est que M. Ndour reconnaisse son tort devant lui et qu'il fasse amende honorable». Cet accord, ajoute l’avocat, n'a rien de pécuniaire et la partie civile a pardonné juste parce qu'elle est une bonne personne.
Au cours de l'audience, le représentant du parquet général, le procureur Sohouby Sy, qui n'a pas renié cet arrangement, a déclaré dans son réquisitoire qu'il faudrait que les intérêts de l'action publique soient défendus. Aussi, il a requis une peine de six mois assortie d'un sursis à l'encontre de Sitor Ndour qui, au cours de l'audience, a déclaré n’être point coupable des faits qui lui sont reprochés allant jusqu'à dire à la Cour : «Je vous jure que je n'ai jamais levé la main sur le journaliste Bocar Dieng. Mon seul tort est de m'être rendu chez lui sous le coup de la colère pour avoir été diffamé par ce dernier via la presse quelques jours seulement avant les élections présidentielles.» Et là l'avocat général lui rétorquera qu'en intellectuel, il aurait dû aller vers les tribunaux pour porter plainte au lieu de régler cela lui-même. Le président Bodian dira au prévenu : «Monsieur Ndour, savez-vous qu'en vous rendant chez M. Dieng, vous auriez pu être poursuivi en même temps pour violation de domicile ?» Avant de lui rappeler qu’«à l'avenir, ne le refaites plus, car ce cadre est protégé par la loi».
Pour rappel, Sitor Ndour, fondateur du parti Energie libérale pour une avancée nationale (Elan), après avoir été condamné le 10 janvier dernier par le tribunal départemental de Fatick, à une peine d'emprisonnement de six mois ferme et une amende de trois millions de francs dans l'affaire l'opposant au journaliste Bocar Dieng, ancien correspondant de Wal Fadjri à Fatick, qui le poursuivait pour coups et blessures volontaires suite à la diffusion d'une information faisant état de tentative de fraude électorale, avait, suite à une demande introduite par ses avocats, bénéficié d'une liberté provisoire.
L'affaire connaîtra son épilogue le vendredi 10 mai 2013.