La police transforme la banlieue en forteresse
MENACES DE TROUBLES DES LIBERAUX
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Les populations de la banlieue de Dakar ont vécu mercredi une journée pour le moins particulière. Des éléments de la police – armés jusqu’aux dents avec des dragons en appui – ont investi les grandes artères des quartiers pour parer à toutes velléités de braver l’interdiction du préfet de Pikine d’organiser une marche dans la localité.
La police a sorti avant-hier la grosse artillerie dans la banlieue dakaroise. Une situation qui ressemble fort à un état de siège. Des véhicules de la police étaient postés aux différents points névralgiques des quartiers: station Texaco, Tally Boubess, complexe culturel et Tally Boumack, entre autres. Au même moment, des pick-up procédaient souvent à des opérations de patrouille ou de rondes dans les ruelles. Même des véhicules banalisés étaient utilisés pour traquer d’éventuels marcheurs et fauteurs de trouble à l’ordre public. S’y ajoutent les flics en civil qui circulaient en grand nombre et infiltraient souvent les masses à la recherche de la moindre information sur des velléités de marche ou de guérilla dans les coins des localités.
C’est aux environs de 15h que les limiers ont débarqué dans la banlieue avant se déployer dans des endroits stratégiques. A la station Texaco, on pouvait voir une voiture de la police avec des éléments du groupement d’intervention mobile (Gmi) positionnée à l’ombre d’un arbre et un dragon (cracheur d’eau chaude) garé non loin. Des flics s’affairent autour du camion. Tenues de «combat», casques et matraques à la main, ils affichent une mine déconfite.
Le même décor est constaté à Tally Boubess et Tally Boumack. Là, les camions dragons attirent d’emblée l’attention des passants qui s’attardent souvent pour mieux regarder les cracheurs d’eau chaude. D’autres, par contre, pressent le pas pour quitter les lieux. Personne n’ose adresser la parole aux policiers en faction sur les artères. On se croirait en situation de couvre-feu. Partout, on voyait des agents en uniforme et des véhicules en récurrente patrouille. Des routes ont été fermées à la circulation routière. Ce fut le cas à hauteur de Tally Boubess et de la route marché zinc de Tally Boumack.
Mais, cette situation a sensiblement perturbé le trafic du réseau routier, obligeant les usagers de la route à changer d’itinéraire. Certains font de grands détours alors que d’autres empruntent des ruelles pour se frayer un point de passage. Conséquence : les clients se perdent et attendent vainement plusieurs heures dans les arrêts cars avant de décider de rentrer chez eux à pied. «On est obligés de faire le trajet à pied. Car, on n’a pas le choix. Le réseau du trafic routier est complément perturbé. Je suis avec des collègues de service avec qui j’ai marché de notre lieu de travail jusqu’ici. Car, on a attendu longuement à l’arrêt car sans voir l’ombre d’un bus», soutient Alioune Badara Ndiongue trouvé sur place. La même complainte est entonnée par d’autres individus accrochés dans la rue.
Le dispositif de sécurité doit être maintenu
Par de-là, les désagréments causés aux usagers de la route, les populations apprécient à sa juste valeur le déploiement de la nature du dispositif de sécurité dans la banlieue. Ainsi, elles réclament le maintien des mesures sécuritaires pour combattre l’insécurité relative à la récurrence des actes de gangstérisme et d’agressions mortelles contre les gens.
«On peut dormir aujourd’hui (Ndlr : mercredi) chez soi sans craindre le risque de subir les agissements des brigands. Pour une fois, on se sent en sécurité avec la forte présence policière dans les quartiers. On se croirait dans une forteresse. On peut circuler librement et sortir n’importe quelle heure sans croiser le chemin des malfaiteurs qui se sont terrés. Si vraiment la banlieue pouvait avoir tous les jours le même dispositif de sécurité, elle ne s’en porterait que mieux. Vivement le maintien ou l’installation de telles dispositions sécuritaires», affirment des banlieusards accrochés dans la rue.