LA POLITIQUE D’EMPLOI DES JEUNES DE YOONU YOKKUTE EST IRRÉALISABLE
FONDATION ROSA LUXEMBOURG
Le Samedi de l'Economie, tenu ce week-end par la fondation Rosa Luxembourg, a débattu de l'emploi des jeunes au Sénégal, à l'aune du programme Yoonu Yokkute porté par le président de la République. A cet effet, le Dr Ndongo Samba Sylla, chercheur à ladite fondation, a fait le link entre le vœu présidentiel sur cette question et sa mise en œuvre qui table sur 500 000 emplois. Mais c'est pour aboutir à la conclusion que ce programme “irréalisable et irréaliste à court, moyen et long terme”, relève plus de la démagogie et de la politique politicienne que de la réalité. “Si le gouvernement promet de créer 500 000 emplois sur la base de mandat de sept ans, il est impératif qu’il arrive à créer 72 000 emplois en moyenne par an ou 6 000 par mois pendant sept ans”, a souligné l’économiste chercheur.
L'objectif de Yoonu Yokkute lui paraît d'autant moins ambitieux, a-t-il ajouté, qu'environ 100 000 nouveaux demandeurs d'emplois arrivent sur le marché du travail chaque année. “Si on suppose que tous les emplois vont être créés par le yoonu yokkute, le chômage va augmenter”, a raillé Ndongo Sylla. Relevant au passage la tendance des politiciens à plus parler de “création d'emplois” que de “création nette d'emploi”, il a rappelé que le Rapport national sur la compétitivité a montré que 99% de la croissance de l’emploi a été assurée par l’économie informelle entre 2001 et 2009. C'est pour ainsi souligner que le secteur public-privé moderne n’enregistre que 1% de création d'emploi dans notre pays.
D'autre part, il a souligné que dans le programme “yoonu yokkute”, le secteur qui sera en charge du recrutement n’est pas bien défini. Pour y remédier, il suggère qu’un cadre macroéconomique soit créé pour permettre la diversification de l’économie nationale. Ce qui suppose une restructuration du tissu économique, selon lui, qui passe par la concrétisation du produire et du consommer local.
Pour leur part, les représentants du Rassemblement des diplômés sans emploi du Sénégal (RDSES), Babacar Ndour, et de Synergie des marchands ambulants (SYMAD), Moulaye Seck, ont appuyé les propos du chercheur en demandant au gouvernement de faire preuve de courage en osant revoir sa politique d'emploi pour les jeunes.