LA PRÉSENCE DE WADE EST UNE "OBLIGATION"
Le porte-parole du gouvernement, Oumar Youm, estime que l'ancien chef de l'État, au regard de ce statut, doit assister à l'ouverture du sommet de la Francophonie

El Hadj Omar Youm, ministre de la Gouvernance locale, du Développement et de l'Aménagement du territoire, porte- parole du gouvernement estime que le refus de l’ancien président de la République, Me Abdoulaye Wade de répondre positivement à l’invitation du président Sall qui lui demande de participer à l’ouverture du sommet de l’Oif ne peut pas « atténuer l’élan et l’espérance que le Sénégal a pour la réussite » de cette rencontre. Me Youm qui qualifie de gesticulation politique le meeting du Pds souligne que le 15ème sommet de la Francophonie sera une réussite.
Quel commentaire le gouvernement fait-il du refus de l’ancien président Wade de participer à l’ouverture du sommet de l’Oif ?
Le seul commentaire est d’abord de prendre acte du refus délibéré de l’ancien chef de l’Etat, Abdoulaye Wade de ne pas honorer par sa présence le sommet des chefs d’Etat de la Francophonie l’invitation qui lui a été faite par le président de la République.
Ce qui est quand même déplorable pour la simple et bonne raison que monsieur Abdoulaye Wade a un statut d’ancien chef d’Etat qui doit honorer l’appel qui lui a été fait et qui est un appel au devoir.
Il ne devait pas, sur la base de considérations invoquées qui sont des considérations pour le moins puériles, ne pas répondre à l’invitation qui lui a été faite, étant entendu que par son statut d’ancien chef d’Etat, il a des obligations et des droits.
Il doit, en tout moment, en tout lieu, lorsque l’Etat du Sénégal a besoin pour célébrer la fête de la Francophonie, répondre présent. Il a l’obligation morale, si sa santé le lui permet, d’honorer cette invitation.
Il invoque l’emprisonnement de son fils et d’autres dignitaires de son régime...
C’est ça qui ajoute au désarroi. En réalité, ce sont des situations qui n’ont rien à voir. La justice qui est une institution indépendante a engagé des procédures contre monsieur Karim Wade et d’autres responsables non pas parce qu’ils sont des militants du Pds, mais qu’ils ont eu à gérer des deniers de l’Etat.
C’est sur la base d’une responsabilité et compte tenu du principe de redevabilité que des poursuites ont été engagées. Faire un lien entre les poursuites qui ont été engagées par une institution judiciaire indépendante et sa présence en tant qu’ancien chef d’Etat au sommet de la francophonie est se méconnaître sur les principes. Pour nous, c’est une sorte d’esquive qui ne peut pas être justifiée par le procès de Karim Wade.
Pourquoi l’inviter dans un contexte de tension entre les deux camps ?
Ce sont tous les chefs d’Etat qui ont été invités. Je pense même que si le président Senghor était encore en vie, il serait au premier rang des invités d’honneur.
Le président Abdou Diouf a été ancien président de la République du Sénégal. Vous avez vu également sur les images et posters de communication de la Francophonie, l’image de l’ancien président est bien en place.
Ça veut dire que c’est le Sénégal dans son ensemble avec ses filles et ses fils qui s’est engagé à fêter la Francophonie, célébrer la démocratie, les droits de l’homme et accueillir dans la tradition qu’on lui reconnait les 77 chefs de délégation et chefs de gouvernement.
C’est une fête de l’espace francophone. C’est une fête du Sénégal. Le Sénégal entend célébrer, dans l’union et la cohésion sociale, son fils Abdou Diouf qui a eu à accomplir, de manière très honorable, sa mission à la tête de l’Organisation internationale de la francophonie. C’est un Sénégal mobilisé, animé, uni dans la concorde nationale qui devrait ensemble célébrer la francophonie.
Ce refus ne risque-t-il d’impacter négativement le sommet ?
Je ne le pense pas. Le sommet est déjà très bien parti. Nous avons déjà eu des confirmations de haut niveau, des chefs d’Etat et de gouvernement. Je pense que ce n’est pas ce refus injustifié qui peut atténuer l’élan et l’espérance que nous avons dans la réussite du sommet.
L’opposition a choisi d’organiser un meeting pour dénoncer la gestion du régime. Vos commentaires ?
Pour moi, c’est de la gesticulation politique. L’opposition commence à comprendre que le régime du président, Macky Sall, est dans sa phase de démarrage actif et d’intensification des réalisations. C’est une évidence. Après un an de gestion, nous avons pu procéder au redressement du Sénégal sur le plan économique, à un réajustement de notre budget, à plus de sincérité et d’engagement dans l’optimisation des dépenses publiques.
Cette démarche a été saluée par les organisations financières internationales. Aujourd’hui, dans la deuxième année de gestion, le Sénégal a mis en place le Plan Sénégal émergent. Ce plan a été salué par la communauté internationale. Les débuts d’exécution de projets commencent à se faire sentir. Nous avons senti un chef de l’Etat concentré sur l’essentiel, un gouvernement orienté vers l’action.
Je pense que c’est ça qui énerve et qui fait peur. Tout cela est le témoignage d’un certain énervement. Une sorte de désorientation pour l’opposition, parce qu’à la limite, il n’y a plus de critiques sur la gestion, la manière de gérer le Sénégal. Il y a plus de jalousie, d’énervement et de désorientation. Les responsables de l’opposition sont dans leurs états.
Ce qu’il faut comprendre est que le Sénégal est un grand pays de démocratie. On peut manifester ses sentiments, les extérioriser. On peut s’inscrire dans une logique de contestation, mais en restant dans les règles.
Nous n’avons pas d’intérêt à ce que ce pays qui est une exception de stabilité politique qui est notre valeur ajoutée dans le monde soit un pays qui est mis à rude épreuve sur la base de considérations de politique politicienne.
Nous sommes à quelques jours du sommet. Le gouvernement est-il prêt ?
Le gouvernement est prêt. Tout est fait pour accueillir, de manière très honorable, comme le fait de manière habituelle, le Sénégal dans ses grands moments. La machine va se dérouler.
Le 15ème sommet de la Francophonie sera à tout point de vue sera une réussite. Déjà, tous les actes préparatoires, les conférences ont été d’intenses moments d’échanges scientifiques suivis de succès. Ce sont des faits annonciateurs de la réussite du sommet.
Qu’est-ce que l’Etat attend des populations ?
Un rôle de mobilisation. Un rôle de participation et d’accompagnement des activités, mais aussi un rôle d’appropriation du thème du sommet qui est important : « femmes et jeunes, vecteurs de paix et acteurs de développement ».
Je pense que ce thème devrait être médité par les populations du Sénégal pour voir éventuellement dans quelle mesure au sortir de ce sommet, les Sénégalais vont s’inscrire dans une logique de consolidation de la paix qui est un acte important dans le Plan Sénégal émergent. Le développement, c’est l’effort de tout un chacun orienté vers l’essentiel qui est la construction du Sénégal.
Les jeunes et les femmes seront au cœur du sommet. Qu’est-ce que le Sénégal a à montrer en termes de réaliser pour ces deux couches ?
Déjà, tout ce qui a été fait de positif pour la parité sur l’émancipation de la femme, l’entreprenariat féminin, le microcrédit au profit des femmes sont des exemples que le Sénégal pourrait partager avec les autres pays.
La politique de jeunesse qui est engagée avec le Programme des domaines agricoles communautaires (Prodac) peut être un atout que le Sénégal pourrait partager. Ces projets peuvent permettre de mettre en exergue ces deux couches, de pouvoir lutter contre le sous emploi et le chômage des jeunes. Des échanges pertinents pourraient être engagés pour permettre aux autres pays francophones d’échanger avec le Sénégal sur ces projets phares.
D’aucuns pensent que les opérations de désencombrement ne sont pas pour encourager l’adhésion de la population...
Le Sénégal ne pouvait pas ne pas s’inscrire dans une dynamique de réorganisation de son cadre de vie, d’opération de salubrité et de déguerpissement. Pour accueillir des délégations de ce niveau, il faudrait bien préparer cela. Les opérations de désencombrement en font partie. Il faut nettoyer les artères, les rendre beaucoup plus accessibles.
Ce sont des principes sur lesquels nous pouvons nous entendre. Dans un pays, il y a un minimum d’ordre. Les collectivités locales, sur instruction du chef de l’Etat, sont en train de faire le travail qu’il faut. Quand on parle de désencombrement, ça veut dire qu’il y a une anormalité qui est là.
Au de-là du sommet, la réflexion devrait se poursuivre entre Sénégalais pour comprendre que dans notre travail, il y a des normes à respecter. Les marchands ambulants devraient essayer de trouver des solutions apaisées. Ce n’est pas dans la contestation et la furie que les solutions les plus pertinentes vont être trouvées. Le Sénégal nous appartient à tous.
Nous devons avoir un visage de notre capitale qui correspond au visage de toutes les capitales du monde. Chaque Sénégalais devrait le comprendre. Nous devons faire les efforts qu’il faut, nous inscrire dans une logique d’exercer nos activités économiques dans le respect de l’environnement et du cadre de vie.
Le Sénégal va, au cours de ce sommet, rendre un hommage à Abdou Diouf. Pourquoi ce choix ?
C’est un hommage mérité. Il faut reconnaître à Abdou Diouf ses qualités d’homme d’Etat. Il a été chef de l’Etat, président de la République du Sénégal pendant une vingtaine d’années. Il a su faire preuve d’une rigueur que tout le monde lui reconnait, rigueur dans la gestion administrative du pays. Sa stature d’homme d’Etat n’a jamais fait défaut.
A la suite de son mandat à la tête du pays, il a été élu à l’unanimité au niveau de l’Organisation internationale de la Francophonie. Il a également eu à abattre un travail extraordinaire salué par tous les Etats membres, membres associés, observateurs de cette très grande organisation.
C’est une fierté pour le Sénégal de célébrer son excellence monsieur Abdou Diouf et de lui témoigner la reconnaissance du peuple et de l’Etat du Sénégal parmi lequel le président Macky Sall qui a déjà des accointances très fortes avec le président Diouf.
Ils ont, sur le plan humain, des valeurs qu’ils partagent, le respect de la parole, l’amour de la patrie. Ce sont des valeurs qu’il partage très fortement avec le président, Abdou Diouf.
Est-ce que le gouvernement n’est pas gêné par la publication de ses mémoires à deux semaines du sommet ?
Ce n’est pas une affaire du gouvernement. On parle des droits humains, des droits à la marche, mais le droit à la liberté d’expression est un droit in- compressible.
Il a fait un livre mémoire dans lequel il ne faut pas voir les sujets à polémique. Il faut voir les sujets qui permettent aux autres générations de s’inspirer du modèle Abdou Diouf et de pouvoir réorienter leurs actions pour le futur. Il faut positiver.
Le reste ce sont des faits personnels qui n’ont rien à voir avec l’objectif de ce livre mémoire qui est de partager de grands moments de gestion du Sénégal, de grands moments d’histoire du Sénégal. C’est ce qu’il faut retenir.
Et le tollé créé chez certains hommes politiques...
C’est normal. Chaque fois qu’il y a des sujets qui touchent à la vie des personnes, à leur image éventuellement à leur dignité, il y a souvent des réactions de cette nature.
Mais connaissant le président Abdou Diouf au vu de son parcours, je pense qu’il ne l’a pas fait pour blesser. Il l’a fait pour rappeler l’histoire et permettre aux générations futures de s’inspirer de cela pour avoir demain les comportements et les attitudes qu’il faut.
Il faut très rapidement tourner la page. Le livre, dans son contenu global est un livre qui est très bien fait. Il permet d’avoir une mine de renseignements pour les historiens, les politologues, les politiques et éventuellement pour la jeune génération.