LA QUESTION CULTURELLE EST UN MOYEN DE CREER UN DESIR DE MEDITERRANEE
Tanger, 12 oct (APS) – Le journaliste et homme politique marocain, Mohamed El Gahs, estime que la question culturelle est ‘’décisive’’ pour créer un ‘’désir de Méditerranée’’ de vivre en commun à opposer à la logique d’affrontement et d’exploitation qui s’est imposée au fil des ans.
‘’Il s’agit de créer un désir de Méditerranée, une envie de vie en commun, de créer un lien particulier. La question culturelle me paraît décisive dans cette balance’’’’, a-t-il dit dans une ‘’leçon de cinéma’’ donnée samedi à Tanger, dans le cadre de la 11-ème édition du Festival du court-métrage méditerranéen.
Selon Mohamed El Gahs, président du jury de la manifestation, il est possible de créer ‘’une identité méditerranéenne, quelque chose de solide’’ sur la base d’idées, de pensées, de savoirs constitutifs de l’identité-même d’un individu.
Dans cette démarche de mettre la culture au service du dialogue des peuples, le cinéma est ‘’un excellent moyen’’, parce qu’étant lui-même ‘’une métaphore politique’’ dans laquelle ‘’personne ne peut exister sans les autres’’, a-t-il soutenu.
Les militants du cinéma ont des visions singulières sur des thèmes qui prétendent à l’universalité, a insisté Mohamed El Gahs, estimant que le cinéma peut porter ‘’l’idéal méditerranéen’’, avec ‘’sa capacité extraordinaire de pénétration dans tous les lieux, toutes les couches sociales’’.
Il a ajouté : ‘’Le cinéma peut porter ce rôle (de rapprochement) de la manière la plus naturelle, la plus spontanée possible. C’est un art qui traite le passé, l’histoire et traite l’actualité. Il joue un rôle de veille permanente, une fonction de rapprochement de ce qui fait cette identité dormante’’.
Avant de proposer cette piste de réflexion et d’action, Mohamed El Gahs avait décrit la situation de la Méditerranée où la toute-puissance des flux financiers et des rapports basés sur le profit installé des ‘’frontières mentales et physiques’’.
Dans ce contexte, a-t-il expliqué, ‘’il n’y a qu’un moteur : le profit et tout ce qui résiste à cela doit être banni. L’homme est devenu une contrainte. On ne parle plus de gouvernement, mais de gouvernance. Il n’existe ni la Méditerranée ni les Etats-nations’’.
‘’Face à cela, on peut s’adapter ou résister. Moi j’ai décidé de résister parce que je refuse de croire à la fin de l’histoire et au début du cauchemar’’, a affirmé le conférencier, précisant qu’il faut cette résistance sur la renaissance de l’Etat-nation et de la souveraineté nationale.
Mohamed El Gahs a toutefois relevé qu’en raison du fait qu’aucun Etat-nation n’a la capacité de résister tout seul, ‘’il faut construire des ensembles qui permettent de proposer cette résistance et de s’opposer à une vision unique’’.
Il s’agit de ‘’construire un espace méditerranéen’’, et ainsi, de ‘’choisir la perception transcendante de la Méditerranée’’, laquelle exclut, au Nord comme au Sud, la peur du lendemain, le racisme exacerbé, la xénophobie, le populisme, etc.
Mohamed El Gahs, diplômé en économie et en journalisme, a été ministre de la Jeunesse de 2002 à 2007. Il a fondé les ''Universités populaires au Maroc'' et l'Institut national de la jeunesse et de la démocratie. Il est aussi à l'origine des programmes ''le temps du livre'', ''vacances pour tous'', ''les forums des jeunes'', ''les clubs et ateliers cinéma jeune'', entre autres.