LA QUESTION DIVISE LES SÉNÉGALAIS
ATTAQUE TERRORISTE CONTRE CHARLIE HEBDO
Les attentats contre Charlie Hebdo sont au cœur de l’actualité mondiale de ces derniers jours. Au Sénégal, où cette actualité semble s’être imposée, les avis sont partagés.
L'attentat qui a visé Charlie Hebdo et causé la mort de 12 personnes continue de déchaîner les passions à travers le monde. Le Sénégal ne fait pas exception.
A l’Université Cheikh Anta Diop, une majorité d’étudiants condamnent cette tuerie. "L’Islam est une religion de paix donc je suis fermement opposée à cette violence", déclare Djibril Seck, étudiant au département d’arabe.
Néanmoins, il se dit outré par les attaques de Charlie Hebdo contre la personnalité du Prophète. "Ce journal montrait le Prophète sous un jour peu favorable, ce n’est pas bien. Nous avons tous le devoir de respecter la liberté de culte de nos prochains", ajoute-t-il.
Fatou Seck est beaucoup moins conciliante. Cette étudiante en espagnol considère que l’hebdomadaire français l’a bien cherché. "Ils devaient savoir que s’attaquer au Prophète les exposerait à des représailles. Personnellement, je ne suis pas endeuillée", peste-t-elle.
Mais elles sont minoritaires les personnes qui, comme Fatou Seck, rechignent à manifester la moindre émotion ou à témoigner de la compassion pour les personnes décédées. "Ces tueries, comme toutes celles qui sont perpétrées à travers le monde, me désolent", déclare Seynabou Mbengue, étudiante de philosophie.
Sur les réseaux sociaux aussi, Facebook notamment, le sujet domine le fil de l’actualité. A travers des photos, des messages écrits ou des dessins, les internautes sénégalais ne manquent pas de donner leur avis sur le sujet.
Ce sont pour la plupart des messages d’indignation et de colère contre une barbarie qui se cache derrière une religion. "Je condamne cet attentat inqualifiable. Que je sache, aucun Prophète de Dieu n'a assigné à qui que ce soit la mission de tuer en son nom pour soi-disant le défendre. Dieu est assez Puissant pour défendre sa Parole Sacrée et ses Prophètes contre des êtres humains qu'il a lui-même créés", écrit Chimère Lopy, journaliste au quotidien L’Observateur.
Sans aller jusqu’à légitimer les attentats d’hier, Mass Ndao, diplômé en Langues étrangères appliquées, considère que le croyant devrait se sentir concerné par ce qui porte atteinte à ses croyances religieuses. "Personne ne peut caricaturer le Prophète Mouhamad (PSL) et obtenir mon soutien. Je respecte et je fais la paix avec ceux qui respectent ma religion", renseigne-t-il.
Sur Facebook, le slogan "Je suis Charlie", symbole de soutien à l’hebdomadaire français, est largement repris et partagé. Mais il est en passe d’être supplanté par le slogan "Je ne suis pas Charlie", utilisé non pas dans le but d’approuver les actes terroristes mais pour se distancier de l’humour de Charlie Hebdo. "Je ne me reconnais pas dans l’humour de Charlie Hebdo. C’est un humour méchant et peu intelligent. Il sert davantage à heurter et à choquer qu’à pousser à la réflexion", déclare Mohammed Ndiaye sur son compte Facebook.
Mais certains internautes ne se sentent tout simplement pas concernés. Et pour cause : "Des gens meurent tous les jours au Congo Kinshasa sans que le monde s’émeuve de leur sort. Alors sans vouloir minimiser le bilan de ces attentats, je me permets de rappeler que cette horreur est le lot quotidien de certaines populations. Aujourd’hui, le virus Ébola me préoccupe davantage", écrit Ndèye Fatou Sall. Selon elle, les Africains devraient apprendre à balayer devant leur porte.