LA RADDHO MET LA PRESSION SUR LE SÉNÉGAL
PLAINTE POUR LA PROTECTION DES DROITS DES ENFANTS TALIBÉS
Préoccupée par le sort des enfants talibés, la Raddho a porté plainte contre l’Etat du Sénégal pour faire respecter les dispositions relatives à leur protection. Elle a eu gain de cause devant le Comité africain d’experts sur les droits et le bienêtre de l’enfant. Le pays a moins de 180 jours pour corriger ces dysfonctionnements.
Dans moins de six mois, le Sénégal devra manifester sa volonté de faire respecter les droits des enfants talibés sur son territoire. En réponse à une plainte de la Rencontre africaine pour la défense des droits de l’Homme (Rad dho) déposée en 2012, le Comité africain d’experts sur les droits et le bien-être de l’enfant a reconnu que le Sénégal violait la Charte africaine de droits et du bien-être de l’enfant (Cadbe).
L’instance a donc édicté une quinzaine de recommandations allant dans le sens de faire respecter les textes qui garantissent la protection des enfants. Le secrétaire général de la Raddho, en conférence de presse hier, a tenu à informer de cette décision dont elle a reçu la notification le 15 mai dernier.
Même s’il ne s’agit que de recommandations, Aboubakry Mbodj est confiant par rapport à la prise en compte par l’Etat sénégalais de cette décision. D’après lui, il s’agit de défendre l’image du pays respectueux des droits de l’Homme.
De plus, a-t-il précisé, le Sénégal «risque une condamnation du point de vue juridique par rapport à la violation de la Charte africaine des droits et du bien-être des enfants qui fait partie intégrante du système africain au même titre que la Charte africaine des droits de l’Homme et des peuples qui est la constitution de l’Union africaine au même titre que l’acte constitutif de l’Union africaine».
Au cours de ce face à face avec les journalistes, Aboubakry Mbodj est aussi revenu sur les motivations de cette plainte. «Nous avions considéré que le Sénégal dispose d’un arsenal juridique pour la protection des enfants des écoles coraniques, à savoir les enfants talibés.
Le Code pénal et le Code de procédure pénale disposent des articles qui interdisent la mendicité forcée des enfants, et ces articles prévoient des sanctions privatives de liberté allant de 5 à 10 ans, mais également des sanctions pécuniaires, de 10 à 20 millions.
En plus de cela, le Sénégal a ratifié un certain nombre d’instruments juridiques telles que la charte africaine des droits et du bien-être de l’enfant de 1990, la Convention des Nations unies relative aux droits de l’enfant de 1989 et la Convention sur l’élimination de toutes les discriminations à l’égard des femmes de 1979.»
Dans ses explications, il étaie davantage : «Ce dispositif devrait permettre au Sénégal de veiller au respect scrupuleux des droits des enfants talibés. Malheureusement, nous avons constaté que les droits des talibés sont violés.
Ces enfants vivent dans des conditions de dénuement. Ils mendient et pis ils sont obligés de rapporter de l’argent. L’Etat n’a pas veillé à arrêter ces pratiques qui sont déjà punies par la loi. C’est la raison pour laquelle nous avons esté devant le Comité africain des droits et du bien-être de l’enfant.»
Le défenseur des droits de l’Homme reconnaît que des efforts ont été consentis par le gouvernement sénégalais. «Nous pouvons dire que cette plainte a été un déclic. Aujourd’hui, on commence à mettre en place un projet de loi pour lutter contre la mendicité forcée. Et on commence à mettre en place la modernisation des daaras», a-t-il souligné.