LA RADDHO PRETE A MENER LA LUTTE CONTRE LA CREI
RECEVANT LE MOUVEMENT "LIBEREZ KARIM"
Les responsables du mouvement ‘’libérez Karim’’ et le secrétaire général de la Rencontre africaine pour la défense des droits de l’homme (Raddho) se sont entretenu hier sur le dossier Karim Wade. Le secrétaire général de la Raddho, Aboubacry Mbodji, pointant du doigt plusieurs aspects «inconstitutionnels de la Crei», s’est dit prêt à accompagner les avocats de Karim Wade au nom du principe de l’Etat de droit.
Alinar Ndiaye, coordonnateur du mouvement national ‘’Libérez Karim’’, a un allié de taille dans sa lutte pour la libération du fils de Me Wade. A la tête d’une délégation d’une dizaine de membres, le coordonnateur dudit mouvement a été reçu par le secrétaire général de la Raddho Aboubacry Mbodji. Ce dernier, après avoir écouté l’exposé de Alinar Ndiaye sur «les violations des droits de Karim depuis son arrestation et l’impossibilité des accusateurs d’apporter la moindre preuve de leurs accusations», a affirmé que la Raddho, Ong équidistante des partis politiques, a toujours dénoncé la Cour de répression de l’enrichissement illicite (Crei) qui pose «d’énormes problèmes».
Pour Aboubacry Mbodj, il y a deux principes fondamentaux dans le fonctionnement des juridictions, que la Crei a violés. Il s’agit de la présomption d’innocence (avec les longues détentions) et de l’accès au recours. «Quand une personne est arrêtée, elle bénéficie de la présomption d’innocence jusqu’à ce que sa culpabilité soit établie par une juridiction compétente. Dans le cas d’espèce, nous avons vu que malgré les accusations qui ont été portées à l’encontre de Karim Wade et de tous les autres, on n’a pas eu suffisamment de preuves. Or en matière de droits humains le jugement est la règle et la détention l’exception; soit on a toutes les preuves et on le juge, soit on n’a pas suffisamment de preuves et on lui accorde au moins une liberté conditionnelle. Si on continue de détenir Karim après la première mise en accusation, la deuxième mise en accusation et qu’on va vers une troisième, cela devient problématique», martèle le secrétaire général de la Raddho.
Poursuivant ses griefs contre la Crei, Aboubacry Mbodj indique que cette juridiction ne favorise pas un procès équitable en interdisant le recours après jugement. De ce fait, le successeur de Alioune Tine salue «le courage des juges» de la Cour suprême. «La décision de la Cour suprême rendue le 6 février 2014, pour nous est une avancée parce que l’article 80 de la constitution a introduit la supériorité des conventions internationales ratifiées par le Sénégal sur les lois internes. Nous saluons l’arrêt rendu par cette Cour car il participe au renforcement de l’Etat de droit et de l’indépendance de la justice. Si la cour suprême a rendu cette décision, elle a reconnu que le droit à un recours est un droit fondamental et inaliénable», explique M. Mbodj.
Aboubacry Mbodj : «Il y a des dispositions dans la Crei qui sont anticonstitutionnelles»
D’après ce dernier, «il y a des dispositions dans la Crei qui sont anticonstitutionnelles et qui méritent d’être abrogées». Aboubacry Mbodj invite ainsi la Crei à respecter les dispositions de la constitution et des conventions signées par le Sénégal, car dans cette logique d’obstination le dossier «ressemble finalement plus à de l’acharnement qu’à la justice juste».
Réaffirmant sa neutralité vis-à-vis des chapelles politiques, M. Mbodj qui dit n’avoir jamais serré la main de Karim Wade laisse entendre que la Raddho va poursuivre la bataille. «Nous le faisons non seulement pour Karim Wade, mais pour les principes de l’Etat de droit et de l’indépendance de la justice». Dans ce cadre, il informe que les avocats de la Raddho sont prêts à accompagner ceux de Karim dans ce dossier.
Par ailleurs, dans le cadre d’une visite qu’il va programmer dans les prisons, M. Mbodj n’exclut pas d’aller rendre visite à Karim Wade.