LA SAISON DES RÉFORMES
CONTRIBUTION DU SPORT À L’ÉCONOMIE
Pour accélérer la cadence, le gouvernement cherche les niches de valeurs et d’emplois. Le forum sur la contribution du sport dans ressources financières déblaie le chemin de la croissance.
La première résolution de 2014, c’est de mesurer la part du sport dans le Pib. Vecteur de développement social et économique, le sport tarde à évaluer sa part dans l’économie sénégalaise. D’où le nouveau modèle économique sportif décliné lors du forum sur la contribution du sport à la croissance de l’économie nationale et à la création d’emploi. La première urgence, c’est de «bâtir très rapidement les comptes nationaux du sport, qui permettront de déterminer l’implication directe et indirecte du sport dans le Pib», plaide Ibrahima Wade, secrétaire permanent du comité d’orientation et de suivi de la stratégie de croissance accélérée.
Le premier chantier demeure la densification de la carte infrastructurelle, à travers le partenariat public-privé. «Le secteur est prêt à travailler en bonne intelligence avec le mouvement sportif pour créer des emplois. Mais nous avons la ferme conviction que l’Etat doit se désengager de la gestion de certains services comme les infrastructures sportives, au bénéfice de l’entreprise sénégalaise et de son secteur privé», s’est engagé Mbagnick Diop, président du Mdes (Mouvement des entreprises du Sénégal). Le partenariat public-privé veut se nouer à travers les infrastructures sportives, le sponsoring et le mécénat.
L’immixtion du privé dans le sport va apporter une bouffée d’oxygène à l’Etat et aux fédérations. Mbagnick Ndiaye, ministre des Sports et de la Vie associative approuve et rapporte les avis du patronat sur la construction de l’arène, projet phare de Macky Sall : «Il y a beaucoup de niches sur lesquelles on peut discuter avec le secteur privé, comme la réalisation d’infrastructures. Mansour Kama du Cnp et Mor Talla Kane de la Cnes m’ont dit qu’il ne faut pas que l’Etat mette ses billes dans la construction de l’arène. Ils ont demandé à ce qu’on la leur donne et ils vont la réaliser et la gérer». A la bonne heure.
Les infrastructures restent le nœud gordien du sport. Sans lieu adéquat, point de spectacles, point de recettes. Car c’est le point de départ des niches de création d’emploi. Le privé va ainsi soulager l’Etat qui peine à franchir le 1 % du budget national. Loin de satisfaire les demandes des 45 fédérations.
Sport, vecteur de création d’emplois
Avec la professionnalisation, le football a crée environ 1500 emplois. Mais son expérience tangue année après année. Les clubs plient sous le poids des salaires. Chaque année, les retards et arriérés de salaires rythment le cours de la saison. Les 1500 emplois crées sont en sursis, faute de sponsors et d’accompagnants fiables. Une seule compagnie téléphonique est sponsor leader, pas d’équipementier. Les droits de retransmission restent vains, la Rts n’a jamais rien versé à la Ligue professionnelle de football.
Pourtant, les droits de retransmission sont source de revenus. Ils font brasser des milliards aux organisateurs d’évènements sportifs. Rien que les jeux de Londres ont généré 2.6 milliards de dollars en droits Tv. Londres 2012 a récolté 9,9 milliards de livres, soit 11,4 milliards d’euros, environ 7467 milliards de F Cfa. Les Jo auraient créé près de 31.000 nouveaux emplois et ont également permis de redévelopper des quartiers de l’Est de Londres. En attendant la Coupe du Monde 2014 et Rio 2016, Sochi attend ses dividendes et affiche déjà son bijou et futur complexe touristique.
En Europe, les affairistes ont pris les rênes du sport. Qatari et Russes sont dans une course affolante en Angleterre, France et Italie… La contribution du secteur privé est attendue sur ce terrain du football-business.
Outre le secteur privé, les collectivités locales aussi doivent jouer leur partition. Toutefois, il est attendu une bonne législation et des ressources humaines de qualité. Gage de bonne performance. Avant la nouvelle ère de gouvernance sportive basée sur les performances, en 2017, Aminata Touré, Premier ministre, rappelle les vertus : «Le sport façonne un citoyen modèle, façonne surtout un mental d’acier, somme toute des qualités très utiles pour la vie ultérieure des jeunes et des adultes mais également pour dérouler des activités économiques compétitives». Elle déclenche l’alarme de l’émergence de grande nation sportive sénégalaise :
«Le partenariat collaboratif entre acteurs est synonyme de synergie et de mutualisation des moyens, au service de l’innovation et de la veille stratégique, pour toujours plus de compétitivité. Sans compétitivité sur le plan international, l’on ne saurait prétendre être une Grande Nation de Sport et de Sportifs ». Vivement la mise en œuvre de la refondation pour un «Sénégal qui gagne».