La société civile exige son retour immédiat à Dakar et élabore un plan d’action
EXPULSION DU BLOGUEUR TCHADIEN MAKAILA NGUEBLA
L’expulsion vers la Guinée du journaliste blogueur tchadien Makaila Nguebla continue de susciter l’ire des mouvements de défense des droits de l’homme et les associations de la société civile. En conférence de presse hier, la nouvelle coalition dénommée Droit à l’asile et à la liberté d’expression (Dale) a mis en garde les autorités à qui elle réclame le retour pur et simple du jeune blogueur à Dakar. Pour obtenir gain de cause, la coalition n’exclut pas de tenir des marches et des sit-in devant les ambassades et autres représentations d’institutions internationales.
Au nombre de 18, les mouvements et associations regroupés au sein de la coalition Dale ne comptent pas baisser les bras. Il s’agit, entre autres, de la FIJ, du Synpics, d’Amnesty international, de la Raddho, du Forum social sénégalais, du Congad… Ils réclament le retour au Sénégal du journaliste blogueur Makaila Nguebla, expulsé vers la Guinée le 7 mai dernier. «Son seul tort, c’est son engagement pour la paix, la démocratie et la bonne gouvernance. Makaila animait avec enthousiasme un blog qui attirait l’attention des internautes et qui était très suivi dans son pays natal, le Tchad, mais aussi par la diaspora Tchadienne», défend Mignane Diouf, membre de la coalition. Ce dernier précise que c’est cet engagement pour la démocratie, la paix, la justice et la bonne gouvernance qui a valu au journaliste blogueur une expulsion manu militari dans un pays qu’il n’avait jamais connu.
Selon la coalition Dale, cette expulsion qui déshonore le Sénégal a quelque chose à voir avec le séjour au Sénégal du ministre tchadien de la Justice Jean-Bernard Padaré, quelques jours avant l’arrestation de Makaila Nguebla. «Officiellement, monsieur Padaré était à Dakar pour discuter de l’entraide judiciaire entre le Sénégal et le Tchad autour du dossier de l’ancien Président Hissène Habré. Mais officieusement, l’opinion internationale commence à faire les liens entre les deux évènements», souligne Mignane Diouf.
«Cette décision du gouvernement sénégalais est abjecte et indigne d’un pays qui se dit respectueux de l’Etat de droit et de la charte africaine des droits de l’homme. Et connaissant les capacités de nuisance du régime Tchadien, nous sommes bien inquiets pour notre compatriote africain Makaila Nguebla», s’indigne M. Diouf.
A en croire Ibrahima Lissa Faye, également membre de la coalition, la sortie du ministre de la Promotion de la Bonne gouvernance a surpris plus d’un, car en tant que journaliste d’investigation, Abdou Latif Coulibaly était connu pour sa liberté d’expression.
Une marche de protestation et un sit-in symbolique sont prévus devant le consulat du Tchad au Sénégal. Une pétition internationale sera également lancée dans les mouvements sociaux et à travers le net pour plaider le retour de Makaila Nguebla au Sénégal dans les meilleurs délais.