LA TENTATION DE TANOR
VEILLÉE D’ARMES AU PS

Que reste -t-il du Parti socialiste de Senghor et Lamine Guèye ? Pas grand-chose en vérité. Ah ces maigres 11% engrangés en 2012 par le Premier Secrétaire Ousmane Tanor Dieng - 30% moins que le pauvre Diouf face à Wade au premier tour de la Présidentielle 2000 !
D’accord les temps ont changé, mais Tanor fait beaucoup moins bien que ses illustres prédécesseurs. Trois Présidentielles d’affilée perdues, il faut le faire.
Certes il tient toujours la barre d’une main ferme, mais le plus difficile est pour demain. Les Locales 2014 et la Présidentielle 2017 pointent à l’horizon et le temps est venu d’édifier les camarades déboussolés.
A questions politiquement cruciales, réponses immédiates. Les premières portent sur l’avenir du Ps et son chef, la Coalition de Sa Rondeur Macky IV, la Constitution Mbow et le délicat passage de témoin.
Le primus inter pares va-t-il s’incruster comme un mollusque teigneux ou grand seigneur céder la place ? L‘intéressé lui - même ne semble pas trop savoir. Un coup c’est : "Je ne serai pas candidat à la Présidentielle 2017". Un coup c’est :
"Je n’ai jamais dit que je quittais la direction du parti et que je ne serai plus candidat à une Présidentielle. Je parlais plutôt d’un mandat unique si j’étais élu… Pour le reste, le moment venu, le parti sera consulté". Tout est dit et rien n’est dit… Mais il est permis de penser que le Premier Secrétaire entend s’incruster. Car l’homme est "garçon" comme disent nos cousins ivoiriens.
Il a survécu à la défaite de 2000, au fameux Congrès de Savana où ses obligés prenaient le dessus sur les "défénestreurs" couleur Robert Sagna, Mamadou Diop et autres Souty Touré, les vieux de la vieille ; à la féroce entreprise de démantèlement du Ps par Wade douze ans durant, aux défaites pitoyables de 2007 et 2012, à la funeste explosion de Benno Siggil Sénégal et jusque-là aux tourments de Benno Bokk Yaakaar.
Au sujet du compagnonnage avec Sa Rondeur Macky IV, la religion du Premier Secrétaire est faite : rester dans la Sainte Alliance, le plus longtemps possible. Pour les prochaines Locales, le schéma se pose un peu là :
le Ps ne va sur la liste de la Coalition présidentielle que si les conditions s’y prêtent et fait cavalier seul là "où il est fort". Tanor coupe la poire en deux, mais en "Français débrouillé", pour qualifier pareille posture, on dit simplement : "S’en dépend…" (prononcez en tirant et nasillez Baol). Et vogue la galère !
Le Premier Secrétaire est aussi attendu sur la Constitution Mbow. Normalement, en solide pilier des Assises nationales, il devrait signer des deux mains. Mais il y a cette malencontreuse disposition limitant à 70 ans l’âge du candidat à la Présidentielle. Et qui, si retenue, l’empêcherait de se présenter au-delà de 2017. Le grain de sable…
Finissons avec la question principale, la succession du Premier Secrétaire. Nolens volens, il devra bien un jour passer le témoin. Mais allez savoir le modus operandi. Faut-il laisser le parti choisir démocratiquement le successeur ? Procéder à des primaires au cas où Khalifa Sall et autres Aissata Tall Sall se battraient pour l’héritage ? Tanor voudra-t-il désigner son successeur, en y mettant les formes bien sûr ?
On verra bien, mais si le Premier Secrétaire a retenu la leçon de Senghor et Diouf en la matière, il pourrait céder à la Tentation, la dévolution monarchique. Senghor l’a réussi avec Diouf, Diouf avec lui, hélas sans avoir eu le temps de l’installer à la tête de l’Etat.
Tanor décevrait s’il n’essayait pas. La "dévolution monarchique" relève du possible, car les socialistes ont ça dans les gènes et les Congrès réussissent à Tanor. Et puis les potentiels successeurs que cite la presse -Khalifa Ababacar Sall, Serigne Mbaye Thiam, Aïssatou Tall Sall, Aminata Mbengue Ndiaye- sont tous ses fidèles. Bien sûr, nous ne disons pas que Tanor les tient. Fin de calvaire.