LA TRADUCTION SIMULTANÉE EN SIX LANGUES NATIONALES ENTRE AU PARLEMENT
Dakar, 3 déc 2014 (AFP) - L'Assemblée nationale sénégalaise s'est équipée pour traduire les débats en son sein simultanément en six langues nationales, une première dans ce pays ayant le français comme langue officielle, a-t-on appris mercredi auprès de cette institution.
Le "système d'interprétation simultanée" des débats au Parlement, officiellement inauguré mardi, "permettra à la majorité des députés de s'exprimer dans leur langue maternelle, de suivre et de participer aux débats en séances plénières", indique dans un communiqué le Parlement.
"Dans un premier temps", précise-t-il, six langues nationales - le peul, le sérère, le wolof, le diola, le mandingue et le soninké - "seront utilisées en interprétariat direct" en plus du français.
Il est souvent arrivé lors de débats publics que les députés s'expriment en wolof, parlé par la majorité, ou dans d'autres langues. Mais leurs propos ne sont pas systématiquement traduits.
"Ce système d'interprétation simultanée, en gestation depuis plusieurs législatures, a été réalisé grâce à un cofinancement Union européenne (UE)-Etat du Sénégal", selon l'Assemblée.
Lors de la cérémonie d'inauguration, le président de l'Assemblée nationale, Moustapha Niasse, a souligné que même si le français est la langue officielle du Sénégal, ce pays d'un peu plus de 14 millions d'habitants est "multilingue" et que tous les députés "ne sont pas nécessairement des locuteurs de la langue officielle".
Désormais, "tout député pourra, dans l'hémicycle, intervenir dans sa langue maternelle ou dans la langue nationale qu'il maîtrise le mieux et se faire comprendre de tous. De même, (...) tout député sera en mesure d'écouter et de comprendre ses collègues, à travers sa propre langue ou la langue française", a affirmé M. Niasse.
D'après lui, le Sénégal "a pris en charge le tiers du budget du projet tandis que les deux tiers l'ont été par l'UE". La chef de la délégation de l'UE au Sénégal, Dominique Dellicour, a fait état d'une contribution européenne de 300 millions de FCFA (plus de 457.000 euros).
L'Organisation internationale de la Francophonie (OIF) estime que le français est parlé par 29% de la population dans cette ex-colonie française, dans son rapport sur la situation de la langue française dans le monde en 2014 publié en novembre.
Selon ce document, "de manière générale, les observateurs s'accordent à penser que le wolof est en situation d'expansion, à la fois au détriment des autres langues nationales et du français".