LA VICTOIRE D'UN LOBBY
Pour les professionnels du silence et de la discrétion que sont les diplomates, c'est une “grande victoire” qui vient relever de quelques pouces un niveau de vie qui n'avait déjà rien à voir avec le vécu ringard de certaines couches de la population. Il faut le dire avec force, ces histoires de représentation par lesquelles le ministère cherche à justifier la mesure sont à la limite burlesques.
Si tant est que l'on souhaite fournir des explications acceptables à l'opinion, rien n'empêche d'aller en détails sur l'utilité concrète de cette fonction dite de représentation que l'on monnaye désormais contre espèces sonnantes et trébuchantes. A quoi sert-elle concrètement ? Que rapporte-t-elle au Sénégal ? D'autre part, il aurait été opportun, par souci de transparence et d'honnêteté, d'informer sur les éléments particuliers de la prise en charge dont bénéficient déjà les personnels diplomatiques de premier rang et leurs familles... Mais c'est trop espérer de ce côté là.
Cette “victoire” du lobby diplomatique sénégalais en exercice était, nous dit-on, une revendication vieille d'un demi-siècle. A côté, des complaintes de dizaines de milliers de travailleurs anéantis par les crises sont en souffrance depuis Mathusalem, sans réelle perspective d'aboutissement. A chacun sa guerre. Celle-ci est dans la lignée de la gabegie dont tout pouvoir est capable au profit de sa ploutocratie.
Cette mesure, incompréhensible et malheureuse, est le reflet d'une panne psychologique qui inhibe la lucidité requise dans la prise de certaines décisions. A certains égards, cette “générosité” du chef de l'Etat nous ramène à des heures sombres du régime de Me Wade alors que le pays est aujourd'hui en grande difficulté dans tous les secteurs de la production. L'Etat est intraitable avec les étudiants et les enseignants sur les réformes de l'enseignement supérieur, mais il est dans l'incapacité de payer des bourses à date échue...
Ce gros cadeau offert à des conjoints de diplomates est encore, une fois, le fruit d'un corporatisme batailleur qui, dans sa volonté d'arracher des acquis, a rencontré un pouvoir politique faiblard qui, par ailleurs, a désormais pour habitude de céder aux menaces des lobbies de la République. Dans ce pays meurtri par la pauvreté, chaque clan, finalement, se soucie de son bien-être particulier au détriment des principes de justice et d'équité qui doivent guider un Etat dans le traitement de ses composantes.
On nous dira que nous n'avons rien compris ! Ce ne serait pas surprenant car avec les “experts”, c'est toujours ainsi, les autres ne comprennent jamais rien ! Surtout quand il s'agit de justifier l'injustifiable.