''L'APR SAPE LES SOCLES DE NOTRE JEUNE NATION EMERGENTE
MBACKE SECK, SECRETAIRE CHARGE DU MOUVEMENT ASSOCIATIF A REWMI
Le Secrétaire national chargé du mouvement associatif à Rewmi n’est pas tendre avec le parti au pouvoir qui célébrait ce dimanche, son cinquième anniversaire. Mbacké Seck souligne ainsi le paradoxe entre la gestion vertueuse prônée par le pouvoir et la distribution automatique de billets lors de la cérémonie. De même, il doute de la sincérité du président de réduire son mandat de sept à cinq ans. Il compare l’Alliance pour la République (APR) «au virus du Sida qui sape les socles du pays». Entretien.
Quelle appréciation faites-vous de l’anniversaire fastueux de l’APR au moment où Macky Sall prône l’austérité et la bonne gouvernance ?
Pour beaucoup de personnes et pour moi, le 1er décembre marque la journée mondiale de lutte contre le Sida. Qu’elle coïncide avec l’anniversaire du parti au pouvoir, est un heureux hasard pour sensibiliser davantage la plus haute autorité et les milliers de militants sur l’impact de la pandémie ainsi que sur la situation des personnes infectées ou des familles affectées. C’est normal et revigorant qu’une personne, une nation, ou une association de droit privé comme l'APR puisse fêter avec joie son anniversaire. En cinq (5) ans d’existence, conquérir et assumer le pouvoir total, nécessite lucidité et sobriété pour ne pas être enivré par ce même pouvoir. Le faste, la distribution de billets, certainement qui sont mal acquis, grâce au dédommagement parlementaire, les laudations, la présence de transhumants probables, sont contraires à la gestion sobre et vertueuse. Que l’anniversaire du parti soit une opportunité pour que le chef de l’Etat appelle à l'unité nationale, à la pacification de l’espace universitaire, au renforcement du filet de sécurité social, avec les bourses familiales et la Couverture médicale universelle, sans segmentation oui, oui à cet anniversaire. Mais, pour que la gestion du pays ne soit pas infectée par la mal gouvernance et les populations davantage affectées dans son quotidien par un virus appelé Apr qui, comme le sida sape profondément les socles de notre jeune nation émergente.
Le débauchage tous azimuts de quelques responsables de Rewmi ne risque t-il pas d’affecter votre parti ?
Le parti au pouvoir est et restera toujours attractif. Rewmi comme beaucoup d’autres partis, seront affectés par les offres du président de l’ APR qui dispose en sa qualité de président de la République, de fonds politiques, de pouvoir de nomination et surtout cette facilité à envoyer des gens en prison. Tout ceci constitue une force extractive qui peut miner notre parti, Rewmi. Mais, son excellence Macky Sall, ancien PM de Wade, sait mieux que quiconque qu’autour d’Idrissa Seck, existent des hommes, des femmes et des jeunes qui ont l’intime conviction qu’Allah n’aime pas l’injustice et que l’intérêt supérieur de la nation est notre tableau de bord et nous sert de boussole. Autant, nous avons des hommes de valeur qui ont quitté Rewmi, autant nous accueillons en nombre, des Sénégalais compétents qui veulent rester debout au seul service du Sénégal avec Idrissa Seck. Ce qui est blâmable, c’est cette stratégie déclarée de casser des partis adversaires au seul intérêt d’un groupe. Ce qui est une porte ouverte au totalitarisme avec toutes ces conséquences.
Etes-vous d’accord pour le report des locales ?
Le report des locales comme de toutes consultations électorales ne peut être approuvé. Mais, nous devons être vigilants car la fourberie et le non respect de la parole donnée, sont récurrents entre l’APR et les autres partis de la période pré-électorale, à la gestion du pouvoir. Le renvoi annoncé des locales n’a pas empêché Mansour Faye de défier le ministre de la Communication et de l’Economie numérique, par ailleurs maire de Saint-Louis, ni Aliou Sall de dérouler à Guediawaye contre un allié, le maire Cheikh Sarr et surtout au ministre Me El Hadj Omar Youm, d’affirmer que l’APR est prête pour mars 2014. Dans la même veine, les propos du président du parti lors de la célébration de l’anniversaire me laissent dubitatif. Il faut que le renvoi soit effectif et qu’on n’essaie pas d’endormir les adversaires potentiels avec des pseudo-engagements. Compte tenu du doute qui plane sur le pseudo-engagement, sur la durée du mandat de sept ans, eu égard aux déclarations du député de l’Apr et par ailleurs vice-président à l’Assemblée nationale