L'ARMÉE SUR LA TOUCHE
BURKINA : SOCIÉTÉ CIVILE ET OPPOSITION EXAMINENT UNE "CHARTE" DE LA TRANSITION
Ouagadougou, 8 nov 2014 (AFP) - L'opposition, la société civile et les chefs religieux et traditionnels burkinabè examinaient samedi, sans l'armée actuellement au pouvoir, un plan pour la mise en place rapide d'un régime intérimaire civil, huit jours après la chute du président Blaise Compaoré.
Une soixantaine de délégués ont reçu samedi matin un "avant-projet de charte de la transition", élaboré jeudi et vendredi par une commission ad-hoc, avant de se retirer pour l'examiner chacun de leur côté, ont constaté des journalistes de l'AFP.
Tous doivent se retrouver dans l'après-midi pour apporter leurs observations, l'amender éventuellement et le valider. L'armée, invitée à se joindre à la Commission vendredi, lui avait transmis ses propositions, mais n'avait finalement pas envoyé de représentants.
Aucun militaire n'était présent samedi matin lors de la remise du document, ont constaté des journalistes de l'AFP. "Nous n'avons envoyé personne, mais nous suivons les travaux de près", a simplement commenté une source au sein des autorités militaires.
Les membres de la Commission ad-hoc - opposition-société civile-chefs religieux et traditionnels - doivent rencontrer l'actuel homme fort du pays, le lieutenant-colonel Isaac Zida, pour le convaincre d'envoyer des délégués à la conférence de validation de la "charte" dans l'après-midi, a indiqué à l'AFP, sous le couvert de l'anonymat, un membre de la Commission, issu de la société civile.
Le lieutenant-colonel Zida, numéro deux de la garde présidentielle, a été désigné par l'armée pour diriger le Burkina après la démission et la fuite le 31 octobre du président Compaoré.
Celui-ci a été chassé du pouvoir qu'il occupait depuis 27 ans par une insurrection populaire, après avoir tenté de modifier la Constitution pour pouvoir briguer un nouveau mandat en 2015.
L'ensemble des acteurs de la crise doit se retrouver lundi à Ouagadougou avec les médiateurs - ONU, Union africaine, Communauté économique des Etats de l'Afrique de l'Ouest - pour mettre en commun leur travaux et essayer de dégager un consensus.
L'armée s'est engagée à rendre rapidement le pouvoir à une autorité dirigée par un civil. Mais elle ne s'estime pas tenue par le délai de deux semaines que veut lui imposer l'Union africaine sous peine de sanctions.
Les acteurs de la transition, armée comprise, ont convenu mercredi dernier que la transition serait dirigée par un civil, durerait un an maximum jusqu'à des élections présidentielle et législatives organisées d'ici novembre 2015. Vendredi la Cédéao a appelé la communauté internationale à ne pas sanctionner le Burkina "compte tenu des efforts en cours".