''L'ASSISTANCE HUMANITAIRE D'URGENCE SERA DESORMAIS BUDGETISEE''
MANKEUR NDIAYE
Les Sénégalais rapatriés de la Centrafrique ne sont pas revenus qu’avec le sentiment d’avoir échappé au pire. A leur arrivée, il leur restait assez de force pour accuser leur consul honoraire d’avoir détourné l’aide financière qui leur avait été accordée. Mais profitant d’une conférence de presse organisée hier dans ses locaux, le ministre des Affaires étrangères a démenti de manière catégorique ces accusations.
Suite aux accusations de détournement de l’assistance financière, portée contre le consul honoraire de la Centrafrique, le ministre des Affaires étrangères a pris les devants pour le laver de tout soupçon. En conférence de presse hier dans ses locaux, Mankeur Ndiaye a démenti «de manière catégorique toutes les accusations portées contre le consul honoraire, qui s’est sacrifié et mis à la disposition des compatriotes sa maison avec ses propres moyens». Il a jugé «désolant que des gens, qui ont pris des risques pour aller porter assistance à des compatriotes, puissent être accusés de cette manière».
Le chef de la diplomatie sénégalaise a souligné au passage qu’un consul honoraire ne reçoit pas de salaire de la part de l’Etat. Il travaille bénévolement pour venir en aide aux compatriotes. Selon le ministre, l’aide financière de 30 millions était prioritairement destinée aux compatriotes victimes de dommages matériels, aux blessés qui avaient des difficultés à se soigner et à ceux qui avaient du mal à se prendre en charge.
Plus de 700 millions pour l’opération de rapatriement
Un comité de crise de 12 membres s’est chargé de faire la répartition de l’argent «dans la transparence», a expliqué M. Ndiaye. Au final, 21 expatriés éligibles ont reçu chacun 300 mille francs en prenant en compte la perte au change, a informé le ministre. «Le reste de l’argent est resté avec le comité de crise pour continuer ce travail d’identification des compatriotes, qui ont subi des préjudices. La mission est rentrée sans un franc Cfa», a-t-il précisé. Ce qui l’a amené à dire que «tout ce qui a été dit dans la presse est très malheureux. Ce sont des gens qui ont pris des risques pour se rendre dans un pays en guerre». D’après Mankeur Ndiaye, le coût de cette opération de rapatriement s’élève à plus de 700 millions de francs Cfa. En plus de l’assistance financière, il a fallu plus de 600 millions pour la location de l’avion et plus de 57 millions de francs distribués aux 618 rapatriés à raison de 100 mille francs par personne, a détaillé le ministre des Affaires étrangères.
Les autres Sénégalais qui sont restés à Bangui ne seront pas délaissés pour autant, a-t-il ajouté. L’Etat sénégalais continue de prêter une attention particulière aux compatriotes restés à Bangui, a assuré M. Ndiaye. Aussi, ceux qui sont rentrés ne seront-ils pas livrés à eux-mêmes. Une enveloppe de 75 millions de Cfa sera dégagée du Fonds d’appui à l’investissement des Sénégalais de l’extérieur (Faise) pour aider à la réinsertion et au développement de leurs projets.
Un recensement est en train d’être mené pour faciliter l’insertion des enfants rapatriés dans les écoles du pays. Et en attendant que le calme revienne dans ce pays, les biens des Sénégalais en Centrafrique sont surveillés, a promis Mankeur Ndiaye.
Pour parer aux situations d’urgence : L’assistance humanitaire bientôt budgétisée
La crise en Centrafrique a surpris plus d’un. Quand elle éclatait en début décembre, on ne pensait pas qu’elle atteindrait un tel niveau. Pour venir en aide à ses fils, le Sénégal a dû dégager plus de 700 millions de francs Cfa. Cette somme n’avait pas été budgétisée puisque la situation n’était pas prévisible. De cette situation, le chef de l’Etat en a tiré une leçon : prévoir l’imprévisible. En conférence de presse hier, le ministre des Affaires étrangères a annoncé la décision du président de la République de faire budgétiser l’Assistance humanitaire d’urgence. D’après Mankeur Ndiaye, Macky Sall a donné des instructions pour que toutes les dispositions soient prises en précision de ces cas où l’accès aux zones de crise n’est jamais facile et engendre un surplus de frais.