LE BERCEAU DES KOUNTIYOU BERCÉ PAR L’ABANDON
Ndankh presque rayée de la carte du Sénégal
Les journées culturelles de Ndankh, une localité située à 7 km de Ngaye Mékhé, dans le département de Tivaouane, ont été vécues intensément. Dans ce paisible vénérable sanctuaire de l’islam, fondé en 1800 par le père de la confrérie Khadriya au Sénégal, Cheikh Bounama Kounta, la précarité fait partie de la vie quotidienne des habitants. Stoïque, le berceau des Kountiyou attend toujours son statut de cité spirituelle digne de son rang, au même titre que les autres foyers religieux du pays.
C’est dans un tourbillon de poussière que le visiteur peine à franchir le seuil du berceau des Kountiyou. Ndankh, un grand nom. Mais hélas ! Une petite note. Dans cette bourgade, tout est inerte ! L’ambiance reste terne, presque glaciale dans ce village oublié de la carte nationale. La retraite spirituelle de Cheikh Bounama Kounta reste figée dans le passé, affichant une mine triste, inquiète.
Vieille de 215 ans, le village refuse de sortir de l’ombre. Situé à 7 km de la commune de Ngaye Mékhé, dans le département de Tivaouane, la citée religieuse de Ndankh est comme qui dirait délaissée de tous, sa vocation de cité religieuse n’existant que de nom.
Créée en 1800 par le père fondateur des Kountiyou, Cheikh Bounama Kounta, la localité manque de plusieurs commodités, presque de tout. Les 2 800 personnes qui ont vu le jour dans cette bourgade de la commune de Méouane conjuguent quotidiennement le même calvaire au présent. Leur enfer a pour nom : «Non accès à l’eau potable, manque d’infrastructures, une équation à mille inconnues, ou encore l’électricité, qui reste une denrée des plus rares.»
Pis, une piste non bitumée, distante de 7 km de la Nationale, mène péniblement au village. Lequel tronçon est devenu, selon les riverains, «source de maladies pulmonaires avec la poussière qui s’en dégage». Bref le berceau des Kountiyou berce dans la précarité.
«Nous avons toujours observé le silence par égard à notre étoffe. Néanmoins, cette fois nous sommes sortis de l’ombre pour réclamer nos droits comme tous les autres citoyens. C’est la première fois que le village se fait entendre. C’est un droit. Ndankh fait partie du Sénégal, donc, c’est un village qui est en droit de demander des conditions de vie décentes», clame Serigne Cheikh Sidy Makhtar Kounta, petit frère du Khalife général de Ndankh.
Le petit-fils du fondateur de la Khadriya sénégalaise de poursuivre pour faire remarquer que la citée religieuse de Ndankh rencontre d’énormes difficultés, dont la principale est bien entendu, l’état de la route qui relie la Nationale au village. Une route dont la réfection a toujours constitué une doléance pour le village.
De même, les infrastructures socio-éducatives dignes de ce nom font terriblement défaut. En effet, Ndankh dispose d’une case de santé «plus malade que les patients», selon les dires des autochtones, car n’étant guère en mesure d’assurer une couverture sanitaire correcte aux populations.
Quid de l’éducation ? Ici se remarque l’absence d’un collège, de daaras modernes. «Nous voulons que l’Etat érige nos daaras traditionnels en institutions modernes pour accueillir les milliers d’enfants de la localité», souhaite le religieux.
Et le marabout d’ajouter, «nous voulons qu’on nous donne le statut que nous méritons. C’est Ndankh-Kounta qui a donné naissance à beaucoup d’autres villages religieux, surtout après le rappel à Dieu de Cheikh Bounama Kounta. Il s’agit notamment de Ndiassane, fondé en 1883 par le fils aîné de ce dernier, Cheikh Bouh Kounta, puis Nder-Kounta, SanthieBouna, Gouye-Yatte, entre autres», renseigne Serigne Cheikh Sidy Makhtar Kounta, en marge des journées culturelles organisées par les élèves et étudiants ressortissants de Ndankh.
Lesquelles journées ont été marquées par une consultation médicale gratuite des populations, une opération de set sétal, un forum, ainsi que la récompense des meilleurs élèves de la cité religieuse. Des journées mises à profit par la jeunesse de Ndankh pour demander la clôture de l’école primaire, mais aussi la réalisation d’un lycée de proximité. D’autant que, selon le président de l’amicale des élèves et étudiants de Ndankh, Pape Alioune Kounta, après l’obtention du Cfee, les élèves parcourent 7 Km, à pied, pour aller étudier dans la commune de Ngaye Mékhé.
Un état de fait qui constitue une source de difficultés pour ses camarades, et handicape leur réussite. Les femmes, pour la plupart des cultivatrices, ont demandé, elles, plus de moyens pour leur permettre de s’adonner convenablement aux cultures de contre-saison.
Ainsi, le khalife comme l’imam et les populations de Ndankh, interpellent le chef de l’Etat par rapport à toutes ces préoccupations. Il s’agit plus, pour eux, de mesures urgentes, mais aussi et surtout, du statut de cité religieuse qui revient de droit, selon eux, à leur localité.