LE BIO-FERTILISANT AUGMENTE LA PRODUCTION ET RESTAURE LES SOLS
MAMADOU DIENG, DIRECTEUR GENERAL DE BIOTECH
Le bio fertilisant Bf2 qui vient d’être mis au point grâce à un partenariat entre Biotech, Isra, Biopass (ucad) et le partenaire français Biopost Cofuna a produit des effets attendus. Cette invention a été primée lors du forum Afrique 2013 pour la catégorie développement durable. Au cours de cet entretien, Mamadou Dieng, directeur de Biotech, soutient que ce procédé qui augmente la production est unique pour restaurer les sols.
Pouvez-vous expliquer le mécanisme de fabrication de ce bio fertilisant ?
Le bio fertilisant Bf2 est fabriqué à travers un mélange de déchets organiques d’origine animale ou végétale (sélectionnés pour leur valeur agronomique (Npk = Azote-Phosphore- Potassium avec les différents oligoéléments) dans lesquels on ajoute du ferment bactérien. Après, le tout est pasteurisé ; ce qui évite tout risque de développement de germes pathogènes. Le mélange pasteurisé est ensuite composté avec des retournements, puis mis en andain jusqu’à maturation. Celle-ci dure 4 à 6 semaines. Après maturation, le tout est pris en charge par une chaîne de fabrication automatique (broyage, tamisage, filtrage, refroidissement, ajout de pesticide naturel, granulation, ensachage et pesage dans un sac de 50 Kg). Ce procédé est le fruit d’un partenariat public-privé entre Biotech, Isra, Biopass (Ucad) et le partenaire Français Biopost Cofuna.
Est-ce qu’il a les mêmes effets sur la croissance des cultures que les engrais chimiques ?
Oui ! Et même plus, car non seulement le bio fertilisant augmente la croissance et la productivité des cultures de plus 20 % au minimum, mais il restaure l’humus dans le sol pour sa fertilisation. Le bio-fertilisant organique est la solution unique pour restaurer la biodiversité et une alternative pour une fertilisation raisonnée.
Est-ce qu’il y a une protection de cette invention ?
Son enregistrement est en cours au niveau des services concernés.
Est-ce qu’il peut contribuer à la rentabilisation des sols pauvres abandonnés, comme dans les régions centres du Sénégal ?
Tout à fait ! Le rôle principal du bio fertilisant est de restaurer et structurer les propriétés physiques et chimiques du sol en lui apportant les nutriments nécessaires pour le développement des plantes par l’action des micro-organismes. Tel n’est pas le cas pour les engrais et pesticides chimiques qui acidifient et appauvrissent les sols, et dont leur utilisation abusive a un impact négatif sur ces derniers, la nappe phréatique et la santé des populations. Ce qui est d’ailleurs très graves, c’est que les engrais chimiques (du tout-venant) utilisés par nos agriculteurs n’ont aucune homologation internationale ou ne sont plus utilisés dans les pays développés. Le bio fertilisant est donc une alternative très sérieuse et pertinente pour la fertilisation raisonnée.
Quel est son taux de pénétration chez les producteurs ?
Nous avons fait le tour du Sénégal, et dans leur majorité, les agriculteurs connaissent les méfaits de l’engrais chimique et les avantages des engrais organiques qui sont de plus en plus demandés. Mais le problème, c’est la non disponibilité du bio fertilisant. C’est à cela que s’attèle Biotech Sénégal pour apporter une solution innovante, adaptée et respectueuse de l’environnement qui sera mis à la disposition des agriculteurs. Et cette performance a valu à Biotech de figurer parmi les 100 lauréats primés sur 800 dossiers présentés lors du Forum Afrique 2013 organisé par l’Afd à l’Elysée. Ce diplôme a été remis au directeur général de Biotech, Mamadou Dieng, le 7 mars 2014, par l’ambassadeur de France au Sénégal, en présence du directeur de l’Afd, son staff et autres récipiendaires. Ce qui prouve la pertinence de notre produit et de sa reconnaissance sur le plan international. Cette biotechnologie maîtrisée est déjà très éprouvée et connue par les agriculteurs. Actuellement, nous avons en instance une demande exprimée de plus de 40.000 tonnes. Nous pensons que le développement de l’agriculture au Sénégal nécessite une concertation avec les vrais acteurs sur le terrain et non à travers des conférences multiples et coûteuses avec des agriculteurs et agronomes aux cols blancs qui, depuis des années, n’ont apporté aucun impact significatif dans le secteur agricole. Les agriculteurs et le sol sont de plus en plus pauvres. Les bailleurs de fonds ont donné d’importantes sommes à l’Etat, et il n’arrive pas à les absorber. Il est donc temps que ces fonds soient distribués au secteur privé qui est la seule entité à même de développer l’agriculture au Sénégal. La nomination du nouveau ministre de l’Agriculture, Abdoulaye Seck, nous rassure, car il est en train de remettre les choses au point. Nous allons installer l’usine de production à Diamniadio. De plus, nous avons déjà reçu l’agrément de l’Apix et celui de la direction de l’Agriculture comme fournisseur d’engrais pour les campagnes agricoles. Notre objectif est d’anticiper sur le Plan Sénégal émergent, lutter contre la pauvreté, assurer un développement durable et contribuer ainsi à la redynamisation de l’agriculture au Sénégal. L’Etat doit accompagner les sociétés privées qui s’activent dans le domaine agricole, car elles sont les vrais vecteurs du développement agricole.