VIDEO"LE CERCLE DES NOYÉS"
Le film-documentaire du cinéaste belge Pierre-Yves Vandeweerd sera au menu de la deuxième journée du festival "Gorée Cinéma", le samedi 6 juin prochain

(SenePlus.Com, Dakar) - "Parce que la vie d’esclave n’est pas facile. Parce que la vie d’esclave n’est pas facile…" Boubacar Ould Messaoud répète cette phrase d’une voix étreinte par une douleur intense et en fusillant son interlocuteur d’un regard rempli de colère. Sa ritournelle sonne comme le clap de fin d’un spectacle de mauvais goût qui dure depuis 50 ans : le déni de l’esclavage en Mauritanie. Pays qui s’adonne encore à cette pratique d’un autre temps tout en faisant croire au monde qu’il a brisé les chaînes de la honte depuis belle lurette.
Cette phrase, simple mais terrible et de haute portée, constitue le moteur de Boubacar Ould Messaoud, fondateur de l’association "SOS esclaves", une organisation anti-esclavagiste, pour la défense et la promotion des droits humains. Cette phrase le propulse depuis 30 ans dans sa croisade contre l’esclavage en Mauritanie. "Si je fais quelque chose de bon dans ma vie, c’est participer à la libération des esclaves, clame-t-il dans le documentaire produit par son association pour lever le voile sur le mal qui écorne l’image de son pays. Je le fais pour moi, pour ma mère, pour mes cousins, pour des gens comme moi. Et parfois ça m’amène… Ça m’amène très loin."
Cet extrait (voir vidéo) est un passeport pour Le Cercle des Noyés, le film-documentaire du cinéaste belge Pierre-Yves Vandeweerd. Lequel sera projeté le samedi 6 juin sur la plage de Gorée dans le cadre de la deuxième journée du festival "Gorée Cinéma". "Ce récit retrace la douloureuse histoire de l’emprisonnement, entre 1986 et 1991, des membres du FLAM- Front de Libération Africain de Mauritanie-, un groupe qui luttait contre la ségrégation raciale, dans l’ancien fort français d’Oualata, aux fins fonds du désert, près de la frontière avec le Mali. Il donne à découvrir le délicat travail de mémoire livré par l’un de ces anciens détenus qui se souvient de son histoire et de celle de ses compagnons."
En prélude à la projection du film-documentaire, se tiendra "Diiso Cinéma" (Penser le cinéma). Ce "sera l’occasion de faire la lumière sur les origines du combat contre l'esclavagisme, la ségrégation et l’oppression, que doit mener- en première ligne- le peuple mauritanien". "À travers cette discussion et grâce aux invités (cinéastes, écrivains, experts et journalistes, etc.)", les organisateurs du festival espèrent "à la fois se faire l’écho du travail de mémoire accompli par le film de Pierre-Yves Vandeweerd tout en ouvrant le débat vers une généalogie des conflits qui ravagent toute une région de l’Afrique subsaharienne".