Le cinéma sénégalais encore en deuil
Décès du comédien Nar Sène
Fadel Lo |
Publication 17/05/2013
Le cinéma sénégalais est encore endeuillé. Le comédien Modou Nar Sène nous a quitté le samedi 4 mai dernier. L’un des acteurs les plus doués de sa génération vient de jouer sa dernière scène. Cet éternel jeune homme est décédé à l’Hôpital Général de Grand Yoff. Il était âgé de soixante dix ans.
Artiste aux multiples facettes, Nar Sène était à la fois acteur, scénariste et poète.
Son interprétation réussie du taciturne Issa dans « Le bracelet de bronze », le chef d’œuvre du cinéaste Tidiane Aw, avait marqué tous les cinéphiles des années 70 et 80. Aux côtés de la divine Isseu Niang, il avait pratiquement porté ce film grâce à sa parfaite maitrise du jeu. Par la suite, Nar s’était rendu en France ou il avait côtoyé de grands acteurs comme Alain Delon ou Jean Paul Belmondo. Il était revenu au bercail, dans un total anonymat où il a vu son vœu d’être entouré dans son Baol natal exaucé par ses proches.
Cet ancien instituteur avait déserté les salles de classes pour le grand écran. Diplômé de la prestigieuse école normale William Ponty de Sébikhotane, il a toujours su garder ce charme naturel qui caractérise les grands acteurs. Nar Sène s’est révélé très tôt au public.
Il a joué dans des films comme « la Noire de … » de Sembène Ousmane, « Baks yamba » de Momar Thiam en 1974, « Le bracelet de bronze » de Tidiane Aw en 1973, « L’option » de Thierno Faty Sow en 1974 etc. Il a aussi participé au film de Mansour Sora Wade, « le prix du pardon » en qualité de coscénariste.
Il était aussi poète et écrivain. Nar Sène a publié un essai titré « Djibril Diop Mambéty : la caméra au bout du nez », édité en 2001 à l’Harmattan.
Nar, qui rendait un vibrant hommage à son collègue et inspirateur James Campbell dans le film de Pape Sélane, a rejoint son maître. Dans ce film documentaire, il fustigeait le manque de considération de nos autorités à l’égard des artistes et des comédiens. Avec sa disparition, le septième art sénégalais et africain vient de perdre un monument. Que la terre de Touba où il a été inhumé lui soit légère.
