LE CNCR PREDIT L’INSTALLATION D’UNE PERIODE DE SOUDURE PLUS TOT QUE D’HABITUDE
MALGRE L’ATTENTE DE BONNES RECOLTES DANS LE MONDE RURAL
Le monde rural a plus de chance d’être confronté à une période de soudure qui va s’annoncer plutôt que d’habitude qu’à une famine. C’est la conviction du Cadre de concertation et de coopération des ruraux (Cncr) qui a fait face à la presse, hier.
Le monde rural ne connaîtra certainement pas de famine comme le pensaient certains. Cependant, il se pourrait que la période de soudure s’y installe «plus tôt que d’habitude». C’est en tous les cas ce que Boubacar Cissé a affirmé, hier, lors d’un point de presse tenu par le Conseil national de concertation et de coopération des ruraux (Cncr) dans leurs locaux pour annoncer le lancement des journées départementales de célébration de l’Année internationale de l’agriculture familiale (Aiaf).
Le responsable du Cncr estime en effet que «le risque de famine est un concept qui est un peu lourd à digérer par certains », mais il reconnaît qu’il y aura «un déséquilibre par rapport aux récoltes». Et cette période de soudure qui va peut être s’installer de façon hâtive sera surtout sentie à certains endroits où il y a eu «un déficit hydrique». Et si les récoltes ne sont pas bonnes, avertit le chargé de communication du Cncr, péniblement, la couverture alimentaire issue des récoltes va être plus courte que d’habitude dans ces localités.
Ayant bon espoir que les récoltes de cette année seront «relativement bonnes», M. Cissé indique que les perturbations pluviométriques et hydriques notées à certains endroits impacteront toutefois sur les résultats attendus. Mais une ou deux autres pluies pourraient permettre, selon lui, de «boucler correctement le cycle végétatif». Et de faire valoir qu’à côté des cris de «Sos» lancés par les populations de Mont-Rolland, à d’autres endroits, les populations ont montré leur satisfecit par rapport à l’évolution des cultures.D’ailleurs, informe M. Cissé, «on commence à percevoir certaines graines d’arachide et des gerbes de maïs sur les marchés».
Le retour des Chinois positif, mais…
Baba Ngom, secrétaire général du Cncr, qui s’est prononcé sur un éventuel retour des Chinois dans la commercialisation de l’arachide approuve l’idée. Il pointe cependant un doigt accusateur à l’endroit des industriels qui, dit-il, préfèrent «prendre un peu de l’arachide sénégalaise et aller acheter de l’huile végétale pour en faire une manutention et mettre dans le marché». D’où un échec de la privatisation qui n’a pas donné les «résultats escomptés ». C’est pour cela que M. Ngom pense que si maintenant les Chinois entrent dans le jeu et permettent aux paysans de commercialiser au prix fixé par l’Etat, alors «dans une réaction de producteur, on salue le retour des Chinois». Mais il préconise un encadrement et une bonne organisation par l’Etat afin d’éviter qu’on vende tout, jusqu’à ne même pas garder des semences. Pour lui, chacun devrait pouvoir tirer profit dans cette affaire.
Par ailleurs, le Cncr a annoncé la tenue des journées de mobilisation paysanne le 22 octobre dans les 45 départements du pays. D’ailleurs, le Cncr projette de mobiliser dans chaque département du Sénégal entre 200 et 300 productrices et producteurs ruraux des sous-secteurs de l’agriculture, de l’élevage, de la pêche et de la sylviculture.