VIDEOLE CODESRIA DIAGNOSTIQUE LES UNIVERSITÉS PUBLIQUES AFRICAINES
SOMMET DE DAKAR SUR L'ENSEIGNEMENT SUPÉRIEUR
En prélude au sommet de Dakar sur l'Enseignement supérieur en Afrique prévu à partir de ce matin et ce, jusqu'au au 12 mars, le Conseil pour le développement de la Recherche en Sciences sociales en Afrique (Codesria) a enregistré un débat de 90 mn sur les antennes de la RTS hier dans ses locaux. Au cours de cette table ronde, un regard critique a été jeté sur les systèmes des enseignements supérieurs du continent par des universitaires invités à l'occasion.
Dakar, capitale de l'Enseignement supérieur de l'Afrique : C'est du 10 au 12 mars 2015. Le thème retenu pour cette rencontre panafricaine est "La revitalisation de l'enseignement supérieur pour le développement de l'Afrique''. Parmi les points qui ont été passés en revue par les débatteurs, figure en premier lieu la question de l'investissement des ressources dans les universités publiques.
"Certes des ressources ont été investies dans l'enseignement supérieur mais on les a mal investies'', a fustigé le Pr Aminata Sall Diallo de la Faculté de Médecine de l'Ucad, en faisant allusion aux dépenses sociales dans les universités publiques sénégalaises. "Ce qui est positif avec ce sommet, c'est qu'on note un certain consensus de tous les acteurs sur la nécessité d'investir des ressources publiques dans l'Enseignement supérieur", s'est voulu optimiste le Dr. Ebrima Sall, secrétaire exécutif du Codesria.
Volet incontournable dans l'enseignement supérieur, la recherche, préconisent les invités, doit être orientée non pas vers les secteurs prédéfinis par les institutions financières internationales comme la Banque mondiale et le Fonds monétaire international (FMI) mais dans les secteurs comme l'agriculture, l'accès à l'énergie.
Plus loin, il faudra, pense Madame Aminata Diaw Cissé, chargée du Programme de formation, bourses et subventions à Codesria, redéfinir les programmes doctoraux d'enseignement de l'Afrique de sorte qu'il y ait une adéquation entre la formation dans les universités et les besoins de développement de "nos sociétés''.
Pour ce faire, "Il est nécessaire de revoir le statut de nos chercheurs, mettre sur pied une ligne budgétaire spécialement dédiée à la recherche et doter nos chercheurs des équipements adéquats afin de leur permettre de travailler en plein temps'', a suggéré M. Diallo non sans inviter les chercheurs africains à ne pas se préoccuper uniquement de leur propre promotion.
Jusqu'à une période très récente, la mission assignée aux universités, rappelle le Dr. Ibrahima Sall, a été la production et la transmission du savoir. Mais de nos jours, fait-il remarquer, la question de l'insertion professionnelle est venue s'y greffer. C'est pourquoi, "on est tenu d'aller vers une professionnalisation de l'Enseignement supérieur'', a indiqué le Pr Goolam Mohamed Bai, ancien Recteur de l'Université de Maurice.
Selon lui, on ne valorise pas en Afrique l'enseignement professionnel, lequel est "indispensable "au développement. Et M. Golam de constater qu'"en Afrique, seuls ceux qui échouent dans les collèges vont dans l'enseignement professionnel'', regrette-t-il. "L'université n'est pas faite pour tout le monde'', a argué un autre participant lors des questions.
S'agissant du ranking (classement) des universités africaines, tous les professeurs ont contesté la position des universités du continent tout en dénonçant ce qu'ils appellent "les critères subjectifs" d'évaluation des instituts. "Sur les 5OO premières universités du monde, 5 seulement sont africaines dont 4 sud africaines. Les critères d'évaluation désavantagent l'Afrique'', a dénoncé le Pr Aminata Sall Diallo.
La rencontre de Dakar qui s'ouvre aujourd'hui, espèrent les participants à ce débat, sera un cadre privilégié d'échange d'expériences, de partage de projets communs, d'identification des sources alternatives de financement de la recherche en Afrique. A travers une déclaration dite "de Dakar'' pas mal de recommandations sont attendues de ce sommet qui permettront de panser les maux dont souffrent les systèmes d'enseignement supérieurs africains.