LE DILEMME DE MACKY !
MARCHÉS PUBLICS, CHOISIR ENTRE LES LOURDES PROCÉDURES DE BONNE GOUVERNANCE ET L'EFFICACITÉ À COURT-TERME DU GRÉ À GRÉ
Faut-il supprimer l’Agence pour la régulation des marchés publics (ARMP) et sa Direction centrale des marchés publics (Dcmp) ? La question mérite d’être posée. Et pour cause, c’est le président de la République, lui-même, qui a décidé de « valider » les marchés de gré à gré.
Face au patronat lors d’un conseil présidentiel sur les questions économiques et sociales hier, jeudi 1er août 2013, Macky Sall a déclaré qu’il n’entendait pas se « laisser enfermer dans des procédures longues et obsolètes» qui plomberaient son action et son ambition pour le Sénégal.
Les titres de «bons ou mauvais élèves» décernés par les institutions financières pour les Etats qui respectent les règles de transparence et de bonne gouvernance, le Chef de l’Etat, n’en n’a cure.
On se demande alors pourquoi la création d’un ministère dédiée à la bonne gouvernance sur fond de tintamarre sur la « gestion vertueuse » et autre transparence, quand c’est le président de la République lui-même qui opte pour des procédés opaques.
Des procédés qui, comme on le sait, intègrent le clientélisme et autres dérives politiciennes.
Déjà, la Société nationale d’électricité a été prise en flagrant délit avant que son directeur général ne reconnaisse les faits entre la Senelec et Africa Energy, pour la construction d’une centrale à charbon à M'boro.
Dans cette affaire, le gouvernement Macky Sall semble faire fi des règles de procédures en imposant un choix unilatéral à la Dcmp et à l’Autorité de régulation des marchés publics (Armp), qui n’a pas manqué de dénoncer la démarche et les motifs invoqués pour justifier cette entente directe.
Le Délégué général à la Protection sociale et à la Solidarité nationale (Dgpsn), Mansour Faye, par ailleurs beau-frère du président de la République est aussi qualifié de « champion » du gré à gré au Sénégal.
Il a été dit que si les marches de gré à gré étaient à 13% au premier trimestre de 2013, ils ont atteint un taux de 14% au second trimestre. Soi un total de 177,584 milliards de FCFA.
A la lecture du rapport de la Direction centrale des marchés publics(Dcmp), pour le second trimestre, c’est Mansour Faye, qui remporte la palme.
Le rapport cite également le ministre de la Restructuration et de l’Aménagement des zones d’inondation, Khadim Guèye, qui figure au rang des premiers de la classe pour avoir signé un marché gré à gré de 34, 953 millions FCFA, rien que pour le contrôle et la vérification technique des travaux de construction de 2 000 logements dans la banlieue de Dakar.
Mais avec cette sortie de Macky Sall, les choses pourraient aller crescendo dans un pays où tout est priorité.