Le Fest'art fait renaitre Sorano

La Septième édition du Festival International Théâtre pour la Paix ( Fest'art) a débuté le mercredi 5 juin au théâtre Daniel Sorano. Pour cette édition trois pays : Benin , Burkina Faso , Guinée-Conakry se joignent au Sénégal. Au total cinq spectacles avec pour manifestation le Kotéba de Souleymane Koly parrain de l'événement. Les férus de théâtre reprennent le chemin de Sorano lieu des spectacles.
Sur la scène du théâtre Daniel Sorano en ce jeudi 5 juin, jour d’ouverture du Fest’Art, sur scène quelque 18 comédiens avec à leur tête le personnage du Fou habillé d’un cache poussière. Il confirme l’adage qui dit : « la vérité sort de la bouche de ceux qui ont l’esprit un peu toc –toc » . Ce Fou n’est pas un demeuré, plutôt un sage-fou. Face à lui tout de gris vêtue, la foule qui ne veut pas de la réinsertion sociale d’un ancien prisonnier condamné pour le meurtre de son frère. Les oreilles restent sourdes en ce qu’il a payé sa dette à l’égard de la société. L’exclusion qui accompagne la vindicte populaire est foudroyante.
L’histoire débouche sur une méprise. La scène du meurtre telle que relatée par le l’ancien taulard se serait déroulée dans un brouillard opaque qui a fait prendre l’un et l’autre pour un voleur. Ce qui devait arriver, arriva. La troupe Katatar de Pikine qui donnait là un extrait de sa pièce Le Fou revenait fraichement de l’Italie en apportant dans ses bagages le trophée du festival de théâtre de Bologne. Deux mois et dix jours d’une répétition intensive au complexe Léopold Sédar Senghor de Pikine ont permis aux comédiens de prendre leur marque. Mais il reste à parfaire les voix , à leur donner une intensité et une clarté qui épargnent au spectateur l’effort de tendre l’oreille.
L’aventure du Fest’Art qui en est à sa septième édition a débuté en 2001 sur l’initiative de Macodou Mbengue qui, au sortir de sa formation à l’Ecole des beaux art section art dramatique, en 1995, a voulu avec ses autres jeunes promotionnaires mettre en place une compagnie privée dénommée «
Les gueules tapées » et qui voulaient échapper au « marteau » d’un « théâtre historique » incarné à leur yeux par Sorano et à « l’ enclume » d’un théâtre populaire, un peu trop bavard et qui brillait par son amateurisme. D’autant que la formation des comédiens avait été suspendue dans les années 80 pour ne reprendre qu’en 1990. Ces jeunes de la troupe « Les gueules Tapées » qui désiraient pratiquer un théâtre qui correspondait davantage à leur tempérament se sont mis à travailler sur le quotidien des Sénégalais. Macodou Mbengue explique : « Tous les jours, nous épluchions les journaux pour traquer les faits et comportements des Sénégalais pour ensuite en faire une chronique humoristique de la vie.
Ainsi, tous les deux mois pendant trois années successives nous servions nos chroniques humoristiques au public ». Il est à souligner que cette troupe a bénéficié du soutien de la Belgique avec le metteur en scène Philippe Lurent, un coopérant détaché à l’école des Beaux Arts et du Psic qui octroyait un financement. C’était un peu l’époque des vaches grasses avec des tournées en Afrique. Mais une fois la source tarie, le besoin de se prouver et de s’affirmer s’éloignait. Avec l’âge vint l’envie de gagner sa vie avec une grande sécurité.
La troupe commença à s’étioler. Une bonne partie des comédiens prirent le chemin de l’Europe monnayer leur talent. Entre temps Dakar voyait naitre d’autres compagnies ; « Les 7 kouss », le « Zenit art » le "Waax taadj », etc,. De ce passé, il ne reste plus que trois comédiens à « Gueule Tapée ». Les 7 Kouss se sont disloqués, Zenith art ne fait plus parler de lui. Ce que regrette Macodou Mbengue qui dit : « on aurait pu croire que l’effervescence théâtrale constatée entre 1996-1998 allait se poursuivre mais rien n’a été. Je pense que l’affaiblissement était du à l’absence d’ouverture vers ce qui se faisait hors du Sénégal. C’est du reste ce constat qui nous a poussé à créer en 2001 ce festival de théâtre pour la paix ».
L’ambition de la première édition était d’exister dans un pays où aucune manifestation théâtrale de dimension internationale n’est notable. Dès lors, le défi qui s’imposait était de faire exister dans l’esprit des populations, des autorités et des partenaires, l’impact qu’un tel événement pouvait avoir sur la conscience populaire et le dynamisme qu’il pouvait insuffler au secteur.
Étant animé de notre fougue et notre passion afin de donner un second souffle au théâtre sénégalais, peut-on lire dans le dossier de presse, un festival qui, au cours de son évolution a connu des fortunes diverses. Une première édition difficile à mettre en place suivi de l’embellie des années 2003 et 2007 qui ont permis d’accueillir sept à dix troupes africaines , 2009 fut une année sombre, une seule compagnie africaine présente à Dakar .
En cette 2013, le sourire de Macodou et de ses associés reviennent avec la guinée pour pays invité d’honneur et Souleymane Koly comme parrain.