LE FMI REMET UNE COUCHE
PRESSIONS SUR LES SUBVENTIONS ET LES INVESTISSEMENTS DANS L'ENERGIE
Les missions du Fmi au Sénégal se suivent et se ressemblent. Au terme d’une mission conduite par Hervé Joly du 4 au 17 Septembre dernier à Dakar, dans le cadre de la sixième revue de l'ISPE (Instrument de soutien à la politique économique), c’est encore le secteur énergétique qui en a pris un coup.
Quoique plus lentement que prévu, la mise en œuvre du programme ISPE (Instrument de soutien à la politique économique) s'est poursuivie et tous les critères d'évaluation quantitatifs et objectifs indicatifs du programme ont été atteints à la mi-2013, y compris l'objectif de déficit budgétaire, en dépit d'importantes pertes de recettes. Les discussions entre les autorités sénégalaises et la mission du Fonds monétaire international (Fmi) qui vient de séjourner à Dakar du 4 au 17 septembre 2013 au titre de la sixième revue du programme, ont cependant porté sur les perspectives budgétaires pour 2013 et 2014 et sur l'accélération du rythme des réformes.
A la lumière des conclusions tirées par la mission, il sera difficile pour le gouvernement sénégalais d’atteindre l’objectif de réduction du déficit budgétaire à 4,6 % du PIB en 2014. Le contexte est ainsi moins rose que lors de la 5ème revue de l’Ispe, en avril dernier, lorsque la mission constatait pour la première fois depuis plusieurs années, que la cible de déficit budgétaire annuelle a été respectée malgré d’importantes moins-values enregistrées alors sur les recettes (déficit de 5,9% du PIB). De même, la mission constatait des progrès réalisés dans la mise en œuvre des réformes structurelles, avec en particulier l’entrée en vigueur du nouveau code général des impôts le 1er janvier 2013.
Depuis, les perspectives budgétaires pour 2013 et 2014 semblent être plombées par les moins-values fiscales notamment tandis que la mission trouve « très lent » le rythme des réformes au niveau de l’Etat, jugée « cruciale » pour la viabilité des finances publiques, mais surtout dans le secteur de l’Energie, jugée « essentielle » au développement du secteur privé et à l’amélioration du climat des affaires.
Le Fmi pousse, pousse encore
Comme lors de la cinquième revue, la mission du Fmi a réitéré sa « préoccupation » par rapport à la situation du secteur énergétique qui continue d'afficher des déficits importants, limitant la capacité du gouvernement à financer les dépenses prioritaires et qui, selon la déclaration du Fonds, constitue un « lourd fardeau » pour les finances publiques (plus de 2 % du PIB par an) et un frein important à la compétitivité et la croissance de l’économie.
Au mois de juin dernier, le Fonds avait mis le doigt sur le caractère « primordial » d’accélérer le processus des réformes du secteur énergétique, surtout celles de la Senelec, et mettre en place des projets d’investissements qui vont permettre de réduire durablement les coûts de production, les subventions sur l’électricité et le déficit budgétaire. Il ne s’agit ni plus ni moins que des centrales à charbon notamment, en cours. Mais le Fmi avait surtout indexé notamment les subventions aux prix énergétiques (électricité et produits pétroliers) qui auraient coûté aux contribuables sénégalais plus de 160 milliards de FCfa en 2012 et resteraient élevées en 2013, bien qu’en baisse.
Rappelons que sous les coups de boutoir du Fmi, le gouvernement avait fini par décider la réduction de ces subventions qui tournent aujourd’hui autour de 80 milliards de FCfa. Mais le Fmi trépigne d’impatience quant à la suppression totale de ces subventions, les jugeant « peu justifiable » dans la mesure où seule une faible part de ces subventions profiterait aux plus démunis, suggérant une protection sociale « mieux ciblée » tout en « encourageant » un ajustement tarifaire (hausse des tarifs) que les autorités se refusent encore à appliquer dans la conjoncture politique et sociale actuelle.
Le « marquage à la culotte » dans la dynamique d’éliminer toutes les protections s’étend au sous-secteur des hydrocarbures. Le Fonds a engagé l’Etat à envisager « sérieusement » l'élimination du soutien budgétaire aux activités de raffinage, arguant que le maintien des subventions à l'unique compagnie nationale de raffinage (Société africaine de raffinage) et en faveur du gaz butane « contribue à accroître l'enveloppe des dépenses ».
En même temps, tout en reconnaissant le possible besoin de revoir le niveau et la structure d'imposition des produits pétroliers « dès que la situation financière s'améliorera », les services du FMI avaient aussi exhorté les autorités à rétablir la « répercussion intégrale » des fluctuations des cours internationaux du pétrole sur les prix intérieurs des produits pétroliers.