Le Giaba veut des sanctions contre les délinquants
BLANCHIMENT D’ARGENT AU SENEGAL
Malgré les instruments de lutte contre le blanchiment d’argent, la criminalité financière a la peau dure. Pour juguler le phénomène, le directeur du Groupe intergouvernemental d’action contre le blanchiment d’argent en Afrique de l’Ouest (Giaba) demande aux Etats d’accentuer la guerre contre les délinquants financiers.
Même s’il n’est pas dans la liste rouge des pays où la prévalence du blanchiment d’argent a atteint des proportions inquiétantes, le Sénégal n’est pas pour autant sorti de l’auberge. Sur le plan des sanctions, il y a encore des choses à faire pour juguler le phénomène. Lors de la présentation du rapport du Groupe intergouvernemental d’action contre le blanchiment d’argent en Afrique de l’Ouest (Giaba), hier, Abdullahi Shehu directeur de ladite institution n’a pas fait dans la langue de bois. Selon lui, les institutions de lutte contre la criminalité financière ont beau être performantes, mais s’il n’y a pas de sanctions contre les délinquants financiers, le blanchiment aura certainement de beaux jours devant lui. «Nous avons promis d’appuyer le Sénégal sur sa demande, mais l’une des choses que nous demandons au gouvernement du Sénégal, c’est qu’il accentue le niveau des poursuites des délinquants», dit-il. Estimant que ce qui importe le plus pour le Giaba, ce n’est pas le niveau de sanctions, mais plutôt la culture de la sanction.
L’affaire Luc Nicolai s’invite dans le rapport
A la lecture du rapport du Giaba consacré au Sénégal, on peut en déduire que le principal défi reste la lutte contre la drogue. D’après le rapport, les crimes sous-jacents, particulièrement le trafic de drogue, restent des défis majeurs au Sénégal pendant l’année couverte par le rapport. En août 2012, par exemple les forces de répression ont démantelé un vaste réseau de trafiquants de faux billets et arrêté deux Libano-syriens. Significativement, un Sénégalais membre du réseau fut un proche associé d’une Personne Politiquement Exposée (PPE) dans le pays. En plus, des perquisitions et des saisies par la Police nationale ont mené à la saisie de faux billets de banque de 500 euros et de 100 $ à blanchir. Les agents de répression arrêtèrent aussi un célèbre promoteur d’événements, un gérant d’hôtel et un nombre indéfini d’agents de douanes pour leur supposée implication dans l’extorsion de fonds et le trafic de cocaïne à la station balnéaire de Saly. Une perquisition par deux agents des douanes sénégalais a mené à la découverte de 39 pastilles de cocaïne dans les zones perquisitionnées. Tous les individus concernés ont été arrêtés, interrogés pendant que les enquêtes sont en cours.
58 déclarations suspectes en 6 mois
Toujours dans le rapport publié hier, il est fait état des prouesses faites par l’Office central de Répression du Trafic Illicite de Stupéfiants (Ocrtis) qui, après avoir saisi 3 kg de cocaïne sur un chanteur guinéen, a démantelé un vaste réseau de trafic international de stupéfiants qui utilise Dakar comme point de transit. Dans la poursuite de ses activités, l’Ocrtis a fait une autre saisie de pas moins de 2 kg de cannabis après une fouille au corps sur un suspect alors qu’il vivait dans une chambre louée qui lui servait de dépôt. Cette fouille mena les agents de police à découvrir sur lui un sac en plastique contenant l’herbe.
Une autre institution de lutte contre la criminalité qui n’a pas chômé, c’est la Centif. En effet, de janvier à juin 2012, elle a reçu 58 Déclarations d’opérations Suspectes (Dos), envoyé 4 rapports au ministère de la Justice et classé 13 cas. Les crimes graves à l’origine des (Dos) comportaient des délits de fraude, faux et usage de faux en écriture privée, corruption, trafic de stupéfiants, la fraude aggravée de redevances (419).