LE GOUVERNEMENT SUR DU SABLE MOUVANT
MOROSITÉ ÉCONOMIQUE, AFFAIRE DE LA DROGUE DANS LA POLICE
A défaut d’un remaniement, c’est à un énorme coup de balai auquel il faut s’attendre les prochains jours. Le retour du chef de l’Etat de son long périple qui le mènera au Burkina Faso, au Congo et au Maroc va être décisif sur le cap qu’il entend donner pour le reste de son quinquennat.
L’été s’annonce chaud pour le gouvernement. Très chaud même. Avec la succession des événements ces derniers jours, le chef de l’Etat a pris l’ampleur de la mesure de la situation. Et il ne serait pas étonnant que des changements interviennent dans l’attelage gouvernemental avec en prime le départ du Premier ministre Abdoul Mbaye. Même si Macky Sall donne l’impression qu’il est satisfait du travail de son gouvernement, en privé ce n’est pas le même état d’esprit qui se lit dans son discours.
«Il est conscient que l’équipe ne marche pas. Il est conscient que l’équipe-là ne peut pas mener à bon port les réformes envisagées et la croissance attendue. Maintenant, le Président a son propre agenda. Je ne serai pas étonné qu’il se passe quelque chose dans les prochaines semaines», glisse un confident du chef de l’Etat qui l’a rencontré tout récemment.
A quand exactement, il faut attendre ce vaste chamboulement tant annoncé, mais jamais matérialisé ? Notre interlocuteur préfère ne pas être prisonnier du fétichisme des dates. Toutefois, il glisse prudemment : «A la fin du mois sans doute, parce que l’attentisme ne peut pas continuer. Il faut préparer la rentrée des classes, il y a la campagne agricole qui est là, il faut anticiper sur les inondations à venir. Le problème fondamental, c’est qu’il n’y a pas encore une adhésion à la politique actuelle. Et c’est ça le plus à craindre actuellement». Et d’ajouter, comme pour donner du crédit à ceux qui disent que le Sénégal fait du surplace depuis le départ de Wade : «comme il sera le seul à faire face aux Sénégalais le moment venu, il est obligé de secouer le cocotier. Il a fait un an et quatre mois, et on a l’impression que rien n’a bougé».
Et dans cette ambiance de morosité économique, l’affaire de la drogue est venue vicier davantage la situation. Très pris au sérieux par le chef de l’Etat qui était dans un nuage avec le voyage très médiatisé de Barack Obama, ce sandale l’a quelque peu ramené sur terre. Et pour quelqu’un qui veut donner des signaux de bonne gouvernance, cette affaire constitue un véritable boulet qu’il risque de trainer. Et à la place des mesures conservatoires qu’il aurait dû prendre, ce que lui reproche d’ailleurs un conseiller, Macky Sall a joué la montre. «Il ne tranche pas vite et être chef c’est trancher même là où ça fait le plus mal», commente la même source.