LE GRAND MÉNAGE SE POURSUIT
BURKINA: LE GOUVERNEMENT DISSOUT LE DIRECTOIRE DE LA CHAMBRE DE COMMERCE, TENU PAR LE CLAN COMPAORÉ
Ouagadougou, 17 déc 2014 (AFP) - Le directoire de la chambre de commerce du Burkina Faso, instance reliant les mondes économique et politique considérée comme l'un des outils du clan de l'ex-président Blaise Compaoré, a été dissous, a annoncé mercredi le gouvernement burkinabè.
La dissolution du directoire "fait suite à la remise en cause de la composition du bureau" dirigeant, "de l'assemblée consulaire" ainsi que de leur "gouvernance", a déclaré le gouvernement dans un communiqué publié à l'issue d'un Conseil des ministres.
Des dizaines de membres de la Chambre de commerce avaient manifesté la semaine dernière devant son siège pour exiger la dissolution de son directoire, dont Alizèta Ouédraogo, la belle-mère de François Compaoré, le frère cadet de l'ex-chef de l'Etat, était à la tête.
Une "délégation spéciale" de cinq membres sera mise en place en attendant la tenue de nouvelles élections consulaires prévues dans les six mois à venir, a expliqué le gouvernement.
Alizèta Ouédraogo, surnommée la "belle-mère nationale", est passée, en 27 ans de règne de Blaise Compaoré, du statut de secrétaire de direction et petite commerçante à celui de femme la plus riche et la plus puissante du Burkina.
Elle s'était notamment vue céder une importante société immobilière pour "1 franc symbolique" dans les années 90, dont le Premier ministre, le lieutenant-colonel Isaac Zida, a annoncé la nationalisation samedi.
Elle s'était ensuite lancée dans les secteurs des travaux publics et des services, arrachant régulièrement de juteux marchés pour ses sociétés. Mme Ouédraogo était arrivée à la tête de la chambre de commerce en 2011 après le décès de son prédécesseur.
Elle avait été élue à la majorité absolue en 2013 sans qu'aucun autre candidat n'accepte de concourir contre elle. La chambre de commerce du Burkina Faso dresse un lien entre le monde économique et le pouvoir. Elle était vue depuis l'arrivée d'Alizèta Ouédraogo comme un important outil du népotisme du clan Compaoré.
Blaise Compaoré, après 27 ans de règne, a été chassé du pouvoir le 31 octobre par la rue, qui critiquait vivement l'accaparement des richesses nationales par ses proches. Les autorités de transition ont annoncé des sanctions contre l'ancienne élite.
Le président de la transition Michel Kafando a dénoncé, dès son investiture, les "richesses inexpliquées", les "privilèges indus" et les "avantages oligarchiques" du régime déchu affirmant qu'il règlera bientôt des comptes.