LE GYNECOLOGUE CHEIKH ATAB BADJI APPORTE 100 REPONSES A 100 QUESTIONS QUE SE POSENT LES FEMMES EN AGE DE PROCREER
SON LIVRE SUR LA SANTE DE LA REPRODUCTION TRADUIT EN DVD COMMENTE EN LANGUES NATIONALES

La mortalité maternelle constitue un véritable problème de santé publique au Sénégal. Persuadé que l’ignorance est en partie déterminante dans la survenue de ces complications liées à la maternité, le gynécologue Cheikh Atab Badji a mis à la disposition des acteurs de la santé un livre et une production audiovisuelle (Dvd) traduits en langage gestuel et dans sept langues locales. L’auteur du livre s’est proposé d’apporter, à titre de contribution dans la lutte contre ce mal de la maternité, les réponses à quelque 100 questions que se posent les femmes lors de leur première grossesse. Ce gynécologue accoucheur, formé en santé publique et en promotion de la santé de la reproduction, estime qu’en explorant les opportunités des nouvelles technologies de l’information et de la communication, le projet touchera une cible beaucoup plus large, avec l’utilisation d’un langage accessible à tous.
Certains médicaments et maladies ainsi que certains produits d’hygiène intime peuvent affecter la sécrétion de fluide de la paroi vaginale. La nervosité et le stress peuvent aussi être à l’origine de déséquilibres hormonaux. Le corps, d’après des spécialistes de la santé, a ainsi tendance à produire moins de liquide. Pourtant, beaucoup de femmes, lorsque ce genre de problèmes survient, consultent rarement un gynécologue.
Pour cause, les problèmes intimes restent encore tabous dans nos sociétés, et nombreuses sont les femmes qui ne veulent ou n’osent pas en discuter en public. Pourtant, presque chaque femme aura, un jour dans sa vie, à faire face à de légers problèmes sexuels. Hélas, la plupart d’entre elles ne savent pas même pas comment faire face à des problèmes aussi banals que la sécheresse vaginale.
C’est le cas de Adama Diallo, une jeune Guinéenne mère à 17 ans qui allaite son premier bébé de six mois et qui a encore contracté une autre grossesse. Elle souffre de cette sécheresse intime qui provoque des douleurs pendant le rapport sexuel. Ce qui fait que, le plus souvent, elle n’a pas envie de faire l’amour. Parce que, tout simplement, il lui est « difficile d’être stimulée et de prendre du plaisir ». Car, « l’envie a disparu complètement après un certain temps à cause de la douleur occasionnée par une sécheresse vaginale », a-t-elle fait savoir avant de confier que, dans son cas, cela a posé des problèmes dans sa vie de couple.
Pour remédier à cette souffrance, certaines jeunes filles rencontrées proposent l’utilisation des lubrifiants vaginaux. Des produits « peu coûteux, faciles à obtenir et qui peuvent épargner un certain nombre de problèmes aux femmes », explique Aïda Guèye, une mère de trois enfants dont une fille.
Lubrifiants ou pas, que l’on ait eu ou pas des rapports sexuels, il est important de se rapprocher des services de santé ou d’aller voir un médecin pour vérifier le bon fonctionnement des organes génitaux et poser toutes les questions qui tracassent à ce sujet. Le médecin gynécologue est le spécialiste de ce domaine car il intervient à chaque grand moment de la sexualité d'une femme. C’est lui qui assure un suivi des femmes afin de leur prescrire une contraception adaptée et/ou de détecter une anomalie. Surtout que certains problèmes vaginaux peuvent surgir sans que l'on ne s'en aperçoive. Les examens effectués régulièrement chez le gynécologue permettent de détecter très tôt d'éventuels dysfonctionnements, une infection ou tout autre problème.
Tout ce que vous avez toujours voulu savoir sur votre sexe sans oser le demander
Pourtant, beaucoup de jeunes filles et de jeunes mères, par timidité ou par pudeur, hésitent encore à prendre rendez-vous chez le gynécologue. La jeune Mame Daba Guèye en est une parfaite illustration. Pour elle, il n’est pas question d’aller voir un gynécologue qui va lui « tâter les seins » et lui « toucher le vagin ». Et pourtant, d’après les spécialistes, un premier contact avec le médecin permet de dédramatiser la situation et il suffit juste d'établir un rapport de confiance avec le médecin afin d'accepter de dévoiler son intimité. Souvent, les filles préfèrent consulter une femme, face à laquelle elles se sentent moins embarrassées.
Quoiqu’il en soit, homme ou femme, le gynécologue, d’après Cheikh Atab Badji, saura vous mettre à l'aise et répondre à toutes vos questions. Pour cela, il a publié un ouvrage qui apporte cent (100) réponses à cent (100) questions que les femmes se posent le plus souvent, et qu’elles aimeraient poser à leur gynécologue sans en avoir toujours l’occasion ou le courage. Egalement destiné aux hommes, cet ouvrage leur permet de ne plus être exclus de l’intimité des femmes et de jouer pleinement leur partition dans cette grande aventure qu’est le couple.
Cette fiche technique de 178 pages intitulée « La gynécologie obstétrique au grand public », éditée par l’Harmattan et parue le 1er mars 2013, est accompagnée d’un Dvd qui explique en 67 minutes « le cycle menstruel, la stérilité, les causes et conséquences d’une fibrome, la grossesse, entre autres sujets relatifs à la santé de la reproduction ». Elle est destinée à apporter des réponses à l’ignorance de certaines femmes. Une ignorance qui est en train « de faire beaucoup de ravages auprès des femmes et qui constitue une pathologie » selon l’auteur.
En effet, d’après le gynécologue Cheikh Atab Badji, « toutes les pathologies ont un soubassement dans l’ignorance ». Pour cela, dira l’auteur de cet ouvrage dédié à la journaliste Mame Awa Yally, décédée en décembre 2008, « la meilleure façon de lutter contre la mortalité maternelle, c’est de s’en prendre à ce déficit de communication en combattant le faux savoir qui favorise le développement de cette ignorance ». D’après l’auteur, l’ignorance à laquelle il fait allusion n’épargne pas les femmes lettrées qui pourraient « servir de relais important, de vecteur de communication au sein de leur entourage ».
Revenant sur son projet d’écriture, le gynécologue a confié que, suite à une consultation, feue Mame Awa Yally lui avait suggéré de rendre publiques les informations qu’il était en train de lui fournir sur l’ignorance des femmes et les attitudes à adopter pendant leur grossesse.
« C’est une personne qui m’a beaucoup apporté et inspiré dans la conception du livre parce que moi, pour éviter d’être mécanique pendant les consultations, je lance une discussion d’ordre général avec mes patients. Mame Awa me faisait comprendre que je devais partager ces conseils et autres recommandations avec toutes les femmes. J’y ai réfléchi avant de lui en parler. Elle a eu à jouer un rôle très important en me faisant des remarques et des suggestions lorsque je lui disais où est-ce que j’en étais avec ce livre qui m’a pris quelque trois années d’écriture », a-t-il révélé.
Membre de l’Association internationale Mère-Enfant, l’auteur du livre « La gynécologie obstétrique au grand public » avait envisagé de le traduire en langues nationales, aussi bien au Sénégal que dans la sous-région ouest-africaine et dans les langues les plus influentes. Une façon, pour lui, d’expliquer l’attitude des femmes vis-à-vis de ces pathologies liées au sexe. Chose promise, chose due. Aujourd’hui, Cheikh Atab Badji vient de produire ce livre en DVD.
A moins de deux ans de l’atteinte des objectifs du millénaires pour le développement, notamment les Omd 4 et 5 liés à la mortalité maternelle et infantile, les autorités sanitaires du pays peuvent bien se réjouir de la mise à disposition de ce Digital vidéo disc (Dvd) dont le contenu est tiré du livre précité, « 100 questions de femme » ou « La gynécologie obstétrique au grand public ». Un Dvd où toutes les questions liées à la sexualité des femmes sont expliquées en Wolof, Manjack, Pulaar, Sérère, Diola et Soninké et qui constitue « une contribution citoyenne » dans la réduction de la mortalité maternelle au Sénégal.
Quand l’ignorance conduit à la mort…
Pour Dr Cheikh Atab Badji, cette fiche technique de 178 pages va permettre aux femmes en âge de procréer, surtout celles enceintes, « de trouver réponse à toutes les questions qu’elles se posent durant cette période cruciale de leur vie ». Des questions que, par pudeur ou par peur de briser des tabous, elles n’osent pas poser. Selon le gynécologue obstétricien, en effet, l’ignorance peut rendre l’accouchement d’une femme extrêmement difficile, et peut même souvent conduire à la mort. Parce que tout simplement, dira-t-il, « la femme n’a pas pris le soin de s’informer en amont sur les raisons des transformations dont son corps fait l’objet ou des apparitions de certains signes annonciateurs d’un accouchement difficile ».
C’est pourquoi, dans ce pays où plus de 60 % des individus ne savent ni lire ni écrire, le Dvd est produit, traduit dans plusieurs langues nationales et mis à la disposition des autorités sanitaires, notamment la Direction de la Santé de la Reproduction afin que cette dernière s’approprie ce travail et adopte le produit, aux fins de le vulgariser à travers le pays. « On peut s’appuyer sur ce produit pour réduire la mortalité maternelle au Sénégal, d’autant plus que, d’ailleurs, les causes de cette mortalité sont pratiquement toutes évitables », plaide l’auteur.
Surtout que les statistiques du ministère sénégalais de la Santé et de la Prévention font état de 401 décès maternels pour 100 000 naissances vivantes. Dans ce même registre, 61 cas de décès de nourrissons sont enregistrés pour 1000 naissances vivantes. Selon les explications de l’Organisation mondiale de la santé (Oms), cette mortalité est souvent liée aux hémorragies, aux infections, aux avortements, aux accouchements difficiles, etc.
Gynécologue accoucheur formé en santé publique et en promotion de la santé de la reproduction, Cheikh Atab Badji compte ainsi participer à l’éradication de la mortalité maternelle en Afrique, et en particulier au Sénégal.