Le Khalife aurait annulé le décret présidentiel et maintenu le directeur à son poste
CRISE A L’HOPITAL DE TOUBA
TOUBA - Le directeur de l’hôpital Matlaboul Fawzaini reste à son poste. Tel est le vœu du Khalife général des mourides. La décision a été rendue publique ce mercredi par le Conseil d’administration qui avait dépêché une délégation pour connaître la position du khalife. Ainsi Serigne Sidi Mactar Mbacké ne reconnaît pas la mesure individuelle issue du Conseil des ministres du 14 mars 2012 appelant le Dr Seydina Aboubacar Diouf à d’autres fonctions.
Selon la délégation partie voir le Khalife, ce dernier a demandé que le «nommé Diouf soit maintenu à son poste». Un chambellan saute sur l’occasion et dit : «Khalifa Aboubacar !» Le khalife de répondre : «Oui !» Et le tour est joué.
Pourtant le directeur sortant et l’entrant se nomment tous les deux Diouf, mais il fallait vite apporter la précision et sceller le sort des syndicalistes qui avaient décrété un mot d’ordre illimité pour le départ du Dr Seydina Ababacar Diouf.
L’intersyndicale, regroupant les sections de l’hôpital de Touba du Syndicat autonome des médecins du Sénégal (Sames) et du Syndicat unique des travailleurs de la santé et de l’action social (Sustas), qui s’est réunie pendant plusieurs tours d’horloge a été convaincu par des bonnes volontés conduites par le médecin chef régional à surseoir à son mot d’ordre et laisser discrètement les autorités étatiques s’occuper de ce dossier sensible.
Selon une source concordante, les syndicalistes sont allés très loin en besogne et ils gagneraient à laisser le dossier très sensible du fait du statut de la ville de Touba entre le ministère de la Santé et les autorités religieuses.
Joint par téléphone, le Dr Ousmane Guèye, porte-parole de l’intersyndicale Sustas-Sames, de prendre acte non sans dire que «le problème de l’hôpital va au delà du directeur. Et si dans un futur proche les problèmes évoqués ne sont pas résolus, on fonce tout droit vers le chaos.
Ceux qui peuvent rester le feront, ceux qui ne peuvent pas rester iront voir ailleurs et se limiteront à apporter leur ‘Hadiyas’ pendant le Magal». Le mot sera suspendu jusqu’au 22 mai, date butoir pour régler les différents points de revendications, faute de quoi une lutte sans merci sera déclenchée.
Car ils ne comptent plus se laisser marginaliser et voir leurs droits piétinés. «Qu’il parte ou qu’il reste, c’est son problème. Mais nos revendications restent entières et nous nous battrons pour obtenir gain de cause», a prévenu le porte-parole de l’intersyndicale.
N’ayant pas de commentaire particulier à faire sur la décision du Khalife, certains syndicalistes n’en pensent pas moins que Serigne Sidi Mactar Mbacké ne dispose pas de la bonne information sur la situation qui prévaut dans cet hôpital de niveau trois et qu’un jour, la vérité éclatera sur la gestion gabegique des ressources.
Pour rappel, ce n’est pas la première fois qu’un décret présidentiel est «cassé» par le Khalife général des mourides. Dans les années 80, plusieurs fonctionnaires de l’Etat, sous la protection de religieux, avaient obtenu du Khalife de l’époque leur maintien jusqu'à la retraite. Cette pratique a disparu pendant les 17 années que Serigne Saliou avait occupé le trône du mouridisme.