LE KHALIFE GENERAL DES MOURIDES LACHE LE DIRECTEUR DE L'HOPITAL
MATLABOUL FAWZAYNI
Depuis hier, Seydina Ababacar Diouf n’est plus le directeur de l’hôpital Matlaboul Fawzayni de Touba. Le Pca qui avait listé les manquements de sa gestion et envoyé une correspondance à l’autorité de tutelle et au khalife de Touba a précipité son départ. Evincé de son poste après une mesure prise en Conseil des ministres du 14 mars 2013, Seydina Ababacar Diouf refusait de quitter la direction de l’hôpital prétextant le soutien du khalife général des mourides.
Il a tenu 7 mois. Les pressions et les grèves n’ont pas réussi à l’ébranler. Finalement, Seydina Ababacar Diouf a quitté depuis hier la direction de l’hôpital Matlaboul Fawzayni de Touba avant d’être remplacé par Amadou Guèye Diouf, ex-directeur de l’hôpital de Ourosogui. Relevé de ses fonctions de ce centre hospitalier national, il avait refusé de se soumettre à l’autorité arguant qu’il était maintenu par le khalife général des mourides. La passation de service s’est effectuée, hier, devant le gouverneur de Diourbel, Mouhamadou Moustapha Ndao.
Espéré depuis longtemps, son départ a été précipité par une lettre du président du Conseil d’administration de l’hôpital. Dans une correspondance envoyée à Serigne Sidy Makhtar Mbacké et à Eva Marie Coll Seck, Amadou Fall avait montré que l’ex-directeur s’est octroyé une indemnité de 2 millions et a dénoncé la mauvaise gestion des ressources humaines et le non renouvellement du matériel médical. Finalement, le khalife l’a lâché.
En poste à Touba depuis 2 ans, Seydina Ababacar Diouf n’a pas pu contenir son émotion au moment de dresser son bilan à la tête de cette structure. Il avait les larmes aux yeux. «J’ai fait passer la dette de l’hôpital de 640 millions à environ 100 millions», dit-il. il a expliqué, en outre, qu’il a mis l’accent sur l’amélioration des conditions de vie et de travail du personnel «avec la régularisation de 50 agents qui étaient tous des vacataires». Cette amélioration des conditions des travailleurs a «beaucoup impacté sur le taux de mortalité au niveau de la pédiatrie qui se situe à 20%» au moment où il quitte ses fonctions, selon ses dires. Il a admis, néanmoins, qu’il reste beaucoup à faire au niveau de cet établissement de santé.
Amadou Guèye Diouf, son successeur, aura la lourde responsabilité de ramener la sérénité à Matlaboul Fawzayni. «Ma mission est de rétablir la sérénité au niveau de l’hôpital, la bonne prise en charge des patients et l’amélioration des conditions de travail et d’existence au sein de l’hôpital», dit-il.
Doudou Ndiaye, responsable de l’intersyndicale Sames/Sutsas, salue cette décision «juste et appréciable de l’Etat» en avouant que cet épilogue «constitue un dénouement heureux à la profonde crise qui a secoué l’hôpital». «Notre lutte n’était pas orientée sur le départ d’une personne mais plutôt pour la défense des intérêts de la structure et des travailleurs. Si nous avions hâte que Seydina Ababacar Diouf quitte l’hôpital, c’est parce qu’il militait à l’encontre de tout cela», précise-t-il.
Cet acte marque l’épilogue d’un long bras de fer entre le directeur sortant et les syndicalistes. Entre Ababacar Diouf et les autorités du ministère de la Santé et de l’Action sociale, les relations étaient devenues tellement exécrables que la tutelle ne l’associait plus aux réunions qu’elle organisait.