LE KOSOVO VA DISPUTER SON PREMIER MATCH AMICAL RECONNU PAR LA FIFA
Le Kosovo dispute mercredi contre le Haïti le premier match amical de son histoire reconnu par la Fifa, un événement marquant une victoire d'étape dans la lutte diplomatique que mène cette nation pour parachever son indépendance de la Serbie proclamée en 2008.
Les préparatifs sur le stade Adem Jashari à Kosovska Mitrovica, d'une capacité de 29.000 places, le seul au Kosovo à répondre tant bien que mal aux critères de la Fifa, battent leur plein.
Le gouvernement kosovar a déboursé 740.000 euros pour financer les travaux dans l'enceinte et la Fédération kosovare de football (FFK) a, de son côté, octroyé 25.000 euros pour l'achat d'une vingtaine de ballons conformes aux normes de la Fifa ainsi que deux jeux de maillots pour les joueurs qui jusqu'à présent n'en disposaient pas.
Toutefois, le Kosovo ne sera pas autorisé à déployer son drapeau national et son hymne ne sera pas entonné sur le stade, une concession qui a ouvert la porte à la décision de la Fifa d'autoriser la tenue de la rencontre et à laquelle la Serbie ne s'est pas opposée.
"C'est la décision de la Fifa. Elle est en accord avec les recommandations de notre gouvernement, le dossier est clos", a brièvement déclaré à la presse serbe Tomislav Karadzic, président de la Fédération serbe de football.
Le Kosovo est sans siège aux Nations unies en raison de l'opposition farouche de la Serbie et de la Russie, son principal allié qui ne reconnaissent pas son indépendance et ne peut, en conséquence, devenir membre de la Fifa.
"Ce match va briser la glace, c'est la fin de l'isolement, la voie est ouverte et il n'y aura plus de retour en arrière", a déclaré à L'AFP Fadil Vokrri, président de la FFK.
"Le prochain objectif est d'obtenir l'adhésion à la Fifa", a ajouté M. Vokrri, ancienne vedette du football ex-yougoslave et authentique légende du football kosovar.
- "Nous avons déjà gagné" -
La tenue de la rencontre permet de sortir d'une impasse qui s'est traduite par des années d'isolement du sport kosovar en général et du football en particulier et qui illustre le malaise que provoque une situation d'indépendance contestée, bien qu'elle ait été reconnue par une centaine de pays, dont les États-Unis et 23 des 28 membres de l'Union européenne.
Le Kosovo a proclamé son indépendance le 17 février 2008, près de neuf ans après des bombardements de l'Otan sur la Serbie, qui ont chassé de ce territoire majoritairement peuplé d'Albanais les forces serbes responsables de la répression contre la guérilla indépendantiste et la population civile (1998-99).
Faute de ne pas être membre de l'ONU, le Kosovo ne dispose toujours pas de son propre indicatif téléphonique et utilise paradoxalement celui de la Serbie pour la téléphonie fixe et ceux de la Slovénie et de Monaco pour la téléphonie mobile.
Six ans après l'indépendance, voyager à l'étranger s'avère un véritable parcours du combattant, cinq pays seulement autorisant les Kosovars à s'y rendre sans visas.
"Le 5 mars va devenir une date aussi importante que le 17 février (ndlr, la proclamation de l'indépendance) c'est un très grand pas dans la reconnaissance de l'indépendance du Kosovo, quelque soit l'issue du match nous avons déjà gagné", a déclaré enthousiaste Veton Kelmendi, un étudiant de 24 ans.
"Je suis impatient d'aller à Mitrovica, peu importe le prix des billets. Je suis prêt à payer dix fois plus pour être dans l'enceinte car ce sera un jour historique que nous allons raconter à nos petits-enfants", s'est exalté Beqir Hoti, un commerçant de Pristina âgé de 47 ans.
La dernière rencontre internationale disputée sur la stade de Mitrovica remonte à 1979 lorsque la Yougoslavie y avait accueillie la Roumanie et gagné 2 à 1. Formée à l'époque de six républiques et deux provinces indépendantes, dont une était le Kosovo, la Yougoslavie a été démantelée dans une série de guerres sanglantes au début des années 1990.