LE LIBERIA ÉLIT SES SÉNATEURS EN PRENANT GARDE À ÉBOLA
Monrovia, 20 déc 2014 (AFP) - Les Libériens ont voté samedi pour renouveler une partie du Sénat, en prenant garde à l'épidémie d'Ebola qui frappe le pays le plus touché en Afrique de l'Ouest, région où le chef de l'ONU effectue une tournée.
Le Liberia fait partie des pays visités durant la tournée entamée jeudi par le secrétaire général des Nations unies. Ban Ki-moon était jeudi à Accra, où est basée la Mission de l'ONU pour la lutte contre Ebola (UNMEER), vendredi au Liberia et en Sierra Leone, samedi en Guinée et au Mali.
Au Liberia, les bureaux de vote, ouverts depuis 07H30 (locales et GMT), ont commencé à fermer en fin de journée, à Monrovia et dans l'intérieur du pays, à l'issue d'un scrutin sans incident majeur, pour renouveler 15 des 30 sièges de sénateurs, selon un journaliste de l'AFP et des témoins.
Alors que le scrutin a été reporté plusieurs fois en raison d'Ebola, le Liberia a dit avoir pris des dispositions draconiennes pour gérer ces regroupements de population en pleine épidémie.
"Tous les électeurs seront testés et ceux qui auront plus de 38 degrés de température vont quitter les rangs" pour voter à part, a déclaré avant le vote le vice-ministre de la Santé, Tolbert Nyensuah.
"Après s'être lavé les mains pour entrer à l'intérieur des bureaux de vote, chaque électeur devra se tenir à au moins un mètre des autres", a précisé à l'AFP un porte-parole de la Commission électorale nationale (NEC), Joey Kennedy.
Le Liberia compte plus de la moitié des morts d'Ebola. La maladie qui s'est déclarée dans le sud de la Guinée en décembre 2013 a fait plus de 7.373 morts, presque tous dans ce pays, en Sierra Leone et en Guinée, selon le dernier bilan de l'Organisation mondiale de la Santé (OMS) publié samedi.
- Violences en Guinée -
Dans Monrovia, les rues étaient désertes, les marchés, les restaurants, les bars et les centres de loisirs fermés. "J'ai peur que ça se termine dans la violence", a affirmé à l'AFP un commerçant, en allusion aux incidents ayant opposé des militants pendant les derniers jours de campagne.
Le scrutin a démarré avec retard dans plusieurs bureaux de vote de la capitale libérienne, dont celui de Kendeja (banlieue nord), où a voté l'opposant et star nationale du football George Weah, candidat à un poste de sénateur.
"Je suis plus que confiant en ma victoire. La raison est que je n'ai jamais été battu (dans le comté de) Montserado" dont Monrovia fait partie, a déclaré George Weah après avoir voté.
Robert Sirleaf, son concurrent pour le même siège et fils de la présidente Ellen Johnson Sirleaf, se dit également "optimiste" pour sa victoire. Les premiers résultats provisoires sont attendus dès dimanche.
Dans le même temps, Ban Ki-moon est arrivé samedi matin à Conakry, en Guinée, premier pays touché par le virus, où la crainte d'Ebola a provoqué vendredi une explosion de violence dans la ville de Kissidougou, située dans le sud.
Des centaines de jeunes, craignant une contamination de leur quartier, y ont empêché très violemment l'installation d'un centre de traitement d'Ebola de Médecins sans frontières (MSF).
"Ils ont d'abord saccagé les installations, notamment des tentes de MSF, mis le feu aux bâches et cassé des chaises pour enfin chasser le personnel sanitaire et officiel qui avait pris place sur les lieux", a expliqué le commissaire de police de cette localité, Alfred Houlémou.
Ban Ki-moon s'est rendu samedi après-midi à Bamako, où il a notamment rencontré le président malien Ibrahim Boubacar Keïta. Depuis octobre, le Mali a enregistré sept décès sur son territoire à cause du virus, mais ne compte plus de malades.
"La menace est encore là" tant que la région ne sera pas débarrassée de l'épidémie, ont cependant insisté cette semaine les Nations unies. En Sierra Leone, la capitale Freetown était déserte samedi.
La présidence a annoncé mercredi l'interdiction de tout commerce, à l'exception des pharmacies et des stations-service, pendant le week-end.
Cette fermeture des boutiques et des marchés s'inscrit dans le cadre des restrictions en vigueur jusqu'au Nouvel An pour sensibiliser la population à Ebola dans l'ouest du pays, dont fait partie Freetown, région la plus touchée du pays.