LE MINISTÈRE DES FINANCES ÉCRIT À LA VILLE DE DAKAR
GARANTIES DE L’EMPRUNT OBLIGATAIRE DE 20 MILLIARDS
Le ministère des Finances veut toujours y voir clair à propos de l’emprunt obligataire de 20 milliards que la mairie de Dakar devait lever sur le marché financier. C’est ainsi qu’il a écrit officiellement hier à la Ville de Dakar afin qu’elle lui fournisse des informations complémentaires relatives aux garanties que la mairie allait prendre pour le remboursement.
La suspension de la procédure enclenchée par la Ville de Dakar en vue de bénéficier d’un emprunt obligataire de 20 milliards de francs Cfa à un taux de 6,60% est toujours de mise. Il nous revient en effet que les services du ministère de l’Economie et des finances n’ont pas encore obtenu les informations complémentaires devant provenir de la Ville de Dakar.
Nos sources indiquent qu’hier jusqu’à 18 heures, ils n’avaient pas vu des mandataires de la Ville de Dakar se pointer chez eux en vue de se conformer à ce qui était attendu d’eux. Et l’on continue de s’interroger sur les raisons de l’«absence» de la Ville de Dakar à la rencontre qui devait se tenir hier.
Conséquence : le ministère de l’Economie, des finances et du plan ne veut pas laisser les choses en l’état. Il a, informe-t-on, envoyé, aujourd’hui (Ndlr : hier), un courrier officiel à la Ville de Dakar.
Il faut dire que les services de Amadou Ba avaient suspendu la procédure engagée par la mairie de Dakar pour y voir de plus près, estimaient-ils. C’est dans ce cadre qu’ils avaient tenu une première réunion, vendredi dernier, avec des partenaires financiers du Sénégal comme l’Ue, l’Usaid, la Banque mondiale, l’Afd, la Bad, la Boad, etc. une réunion à l’issue de laquelle, le ministère des Finances avait demandé un complément d’informations.
Objectif : évaluer le niveau d’endettement de la Ville de Dakar et sa capacité de remboursement. «Les gens avaient trouvé que la Ville de Dakar s’était trop endettée. Déjà, elle avait souscrit auprès de la Boad un emprunt de plus de 9,700 milliards de francs Cfa destinés à la voirie publique», souligne un de nos interlocuteurs.
Et ce dernier de poursuivre, en soutenant : «Un autre emprunt de 6,600 milliards de francs Cfa avait été contracté (par la Mairie de Dakar) pour l’électrification urbaine.» La même source de poursuivre en annonçant que la Ville de Dakar avait reçu de certaines banques de la place, des avances de trésorerie d’un montant tournant autour de 8 milliards de francs Cfa.
A travers leur démarche, les techniciens du ministère de l’Economie et des finances, informe-t-on, veulent savoir combien la mairie de Dakar doit et quelle est sa capacité de rembourser les dettes qu’elle a contractées. Parce qu’en cas de défaillance de la Ville de Dakar, souligne-t-on, c’est l’Etat du Sénégal qui va se subroger à la mairie de la capitale pour effectuer le remboursement.
Autrement dit, ce nouvel emprunt obligataire de la Ville de Dakar risque d’engager les crédits de l’Etat. «En cas d’informations erronées fournies aux partenaires financiers, cela peut engager la crédibilité de l’Etat du Sénégal sur les marchés financiers», avertit-on.
«Je ne veux pas entrer dans le débat»
«Je ne veux pas entrer dans le débat. C’est comme une procédure judiciaire. L’Etat a fait un mémoire pour expliquer les raisons pour lesquelles il prend cette position. Nous avons aussi répondu hier nuit. Nous avons élaboré un mémoire en défense que nous avons transmis au Crepmf», avait déclaré M. Sall dans Le Quotidien N°3616, en marge de l’annonce du report du lancement du 1er emprunt obligataire par Appel public à l’épargne (Ape).
Et notre source de souffler : «Si on examine les postes de recettes de la Ville de Dakar, on ne voit pas par quel moyen la mairie (de la capitale) pourrait rembourser ces emprunts-là.» Autre constat fait par notre source : «Il y a que pour certaines dettes, la mairie (de Dakar) a négocié leur rééchelonnement jusqu’en 2017, alors que ces remboursements devaient commencer à tomber à partir de 2015.»
Cela dénote des difficultés à faire face aux engagements financiers souscrits par la Ville de Dakar, renseigne-t-on. Or, la voirie publique et l’électrification urbaine «ne sont pas des projets générateurs de revenus». Ce qui fait, note-t-on, que la mairie de Dakar sera obligée de rembourser sur son budget.
«Quand on prend ses charges et autres dépenses de fonctionnement, la mairie est dans l’impossibilité de payer ses remboursements», ajoute-t-on. Un point de vue que conforte l’Acte 3 de la décentralisation dont l’entrée en vigueur a entraîné la baisse des capacités financières de la Ville.
Verdict du Crepmf : le 5 mars
Le ministère de l’Economie et des finances avait saisi le Conseil régional de l’épargne publique et des marchés financiers (Crepmf), un organe de l’Uemoa, pour la suspension de la procédure. Et le Cremf avait estimé que les arguments avancés par les services de Amadou Ba ne manquaient pas d’intérêt. Ce qui avait poussé ledit organe à procéder à la suspension de la procédure engagée par la Ville de Dakar.
Le Cremf va, d’ailleurs, rendre son avis définitif sur la requête de l’Etat du Sénégal le 5 mars prochain