LE MINISTRE FRANÇAIS DE L'INTERIEUR VEUT "TRAVAILLER AVEC LES PAYS DE PROVENANCE"
IMMIGRATION, TERRORISME
Niamey, 14 mai 2015 (AFP) - Le ministre français de l'Intérieur Bernard Cazeneuve a jugé essentiel de "travailler avec les pays de provenance" pour lutter contre l'immigration irrégulière et le terrorisme, interrogé par l'AFP en marge d'une réunion régionale sur ces thématiques jeudi à Niamey.
Q: Vous arrivez à Niamey à l'occasion du G5 du Sahel, un sommet régional où les ministres de l'Intérieur du Tchad, du Burkina Faso, de Mauritanie, du Mali et du Niger, le pays hôte, sont présents. Comment la France peut-elle travailler avec ces Etats face aux défis sécuritaires et migratoires?
R: "Les problèmes auxquels nous sommes confrontés, à la fois en matière de lutte contre le terrorisme, contre les organisations internationales du crime et en matière de politique migratoire, ne sont pas des défis que nous pouvons régler seuls. Nous avons besoin d'un cadre européen - c'est le sens des propositions qui ont été adressées aux différents pays de l'Union par (le président de la Commission européenne) Jean-Claude Juncker. Mais nous avons besoin également de travailler avec les pays de provenance. Les cinq pays de la bande sahélo-saharienne sont confrontés à des enjeux considérables, notamment liés au contrôle de leurs propres frontières, puisque la majorité des flux migratoires clandestins qui passent par la Libye avant d'arriver en Europe transitent par ces pays. Sur leurs territoires sont présents des groupes terroristes, comme Boko Haram ou Aqmi, dont les activités criminelles sont connues. Ces pays sont également le théâtre de nombreux trafics, d'êtres humains bien sûr, mais aussi de cigarettes, de stupéfiants... Aussi la coopération régionale est-elle essentielle."
Q: En matière de flux migratoires, quels leviers peut-on actionner?
R: "Les groupes mafieux utilisent l'absence d'Etat en Libye pour se livrer en toute impunité à leurs trafics. Il est essentiel d'améliorer la coopération entre les services de renseignement. De notre côté, nous pouvons contribuer à la formation des forces de sécurité des pays concernés, notamment du Niger, pour améliorer le contrôle aux frontières. Le groupe multilatéral que nous proposons avec les Espagnols va dans le même sens: il a pour objectif d'échanger des renseignements, afin de mieux appréhender l'activité de groupes se livrant au trafic des êtres humains."
Q: Que pensez-vous de l'idée de quotas de réfugiés à répartir entre les pays de l'UE telle qu'envisagée par la Commission européenne?
R: "J'ai toujours considéré qu'il était normal que l'Europe ait une politique de l'asile, et que les demandeurs d'asile, dès lors qu'ils arrivent sur le sol européen, puissent être mieux répartis au sein de l'Union européenne, en tenant compte des efforts déjà fournis par les pays. Mais ce ne sont pas des quotas. Cela n'a jamais correspondu aux propositions françaises. La démarche de la France est d'aller vers la mise en place, au niveau européen, d'une politique migratoire s'appuyant sur davantage de contrôles aux frontières extérieures, davantage de sauvetages en mer et une répartition plus équitable des migrants relevant de l'asile qui tienne compte des efforts déjà fournis."