LE PÉCHÉ DU FORMAT
Le Président Macky Sall avait-il besoin de cette conférence de presse, puisqu’il a eu le temps, au cours de ces tournées économiques, de s’adresser aux populations et les propos sont à chaque fois relayés par la presse ?
C’est à se demander si le format de conférence de presse, proposé par la cellule de communication de la présidence de la République, à l’occasion de la dernière tournée économique à Kaffrine, était pertinent. Si c’était pour épargner au président de la République de passer beaucoup de temps à répondre aux nombreuses questions des journalistes, il faut dire qu’à l’arrivée nous avons eu l’effet contraire. Trois groupes de presse (Rts -service public-, Gfm et D-Média) ont été conviés à ce troisième face à face avec Macky Sall, en raison de trois journalistes par entité. Ce qui fait un total de neuf journalistes autorisés à poser des questions au chef de l’Etat. Les interpellations des confrères concernent les thèmes : Economie, Politique, Actualité, Social et autres. Et pour chaque rubrique (thème), le journaliste a droit à trois questions.
Au finish, Macky Sall a eu à répondre à plus de 130 questions, en dehors de la «seconde» conférence de presse en langue wolof. Moralité, le face à face avec la presse a duré plus de trois tours d’horloge. En matière de communication efficace cela était contre-productif, puisque le public a fini par décrocher. Sauf peut-être les personnes qui sont du camp présidentiel pouvaient s’infliger cette «torture» communicationnelle, en passant autant de temps à écouter le président la République. En plus, il y a comme qui dirait, une sorte d’overdose d’informations. Ce qui ne permet pas au destinataire d’en retenir grand-chose, puisque les informations qui arrivent en chassent d’autres.
Le Président Macky Sall avait-il besoin de cette conférence de presse, puisqu’il a eu le temps, au cours de ces tournées économiques, de s’adresser aux populations et les propos sont à chaque fois relayés par la presse ?
L’un des points positifs de ce format, est que le Président Macky Sall a déroulé sa feuille de route sur le PSE. Et tout donne l’impression qu’il a préparé ce face à face en s’imprégnant des questions que les journalistes allaient soulever. Si bien qu’il n’y avait pas véritablement de questions documentées qui pouvaient le déstabiliser. Au contraire, Macky Sall était tellement à l’aise, qu’il en avait profité pour «régler ses comptes» avec une certaine frange de l’opinion qui fustige la transhumance politique. Justement, c’est à ce niveau, nous semble-t-il, que le Chef de l’Etat a un peu péché dans sa communication, car tout laisse croire qu’il a sous-estimé la réaction de ses compatriotes qui restent attachés à certaines valeurs.
Si dans le fond, Macky Sall n’a rien dit de nouveau ou presque, notamment sur le PSE, l’autosuffisance alimentaire, il a cependant ouvert une nouvelle polémique inutile sur la transhumance. Et qui constitue une sorte de biais dans sa communication qu’il semblait maîtriser jusque-là. Visiblement obnubilé par un second mandat, le président de la République a maladroitement pris un exemple sur les journalistes qui changent d’organes de presse. Malheureusement pour lui, il s’agit là d’une mobilité professionnelle qui n’a absolument rien à voir avec le nomadisme de certains hommes politiques.