LE PARTI DE COMPAORÉ DÉNONCE SA MISE EN ACCUSATION

Ouagadougou, 18 juil 2015 (AFP) - Le parti de Blaise Compaoré a dénoncé samedi la mise en accusation de l'ex-président burkinabè et de son gouvernement, y voyant une manoeuvre du pouvoir pour "empêcher" le parti de participer aux élections présidentielle et législatives du 11 octobre.
Les députés du parlement intérimaire au Burkina Faso ont voté jeudi à une large majorité la mise en accusation de M. Compaoré devant la Haute Cour de justice pour "haute trahison" et "attentat à la Constitution".
Les députés ont également inculpé l'ex-Premier ministre de M. Compaoré, Luc Adolphe Tiao, et tout son gouvernement pour "coups et blessures volontaires, assassinats et complicités de coups et blessures et d'assassinats".
"Nous voyons dans ces mises en accusation une réaction des autorités de la transition pour empêcher les candidatures de certains de nos camarades aux prochaines élections", a déclaré à l'AFP Mathieu Somé, un responsable juridique du Congrès pour la démocratie et le progrès (CDP).
Aucune "enquête ne prouve qu'ils (les ministres) étaient sur le terrain et ont porté des coups sur des manifestants", a-t-il accusé. Pour lui, cette mise en accusation a été faite dans la "précipitation".
La justice ouest-africaine a invalidé le nouveau code électoral qui interdisait toute participation aux scrutins d'octobre à ceux qui avaient soutenu la révision constitutionnelle voulue par M. Compaoré pour rester au pouvoir, et qui a finalement provoqué un soulèvement fatal à son régime.
De son côté, l'ancienne opposition à Blaise Compaoré se réjouit de cette mise en accusation. "Nous ne pouvions pas échapper à cela... On a même trop traîné avant de mettre les gens en accusation pour les fautes qu'ils ont commises", a affirmé Ablassé Ouédraogo, président du parti Le Faso Autrement, candidat à la présidentielle du 11 octobre.
Selon le Dr Emile Paré, secrétaire exécutif à la formation politique et civique du Mouvement du peuple pour le progrès, il s'agit d'un "rétablissement de la vérité historique" au vu des "violations flagrantes des droits de l'Homme qui ont été opérées" lors de l'insurrection populaire qui a emporté le pouvoir de M. Compaoré.
Le Burkina Faso est dirigé depuis novembre par des autorités intérimaires, mises en place après la chute du président Blaise Compaoré, chassé du pouvoir le 31 octobre 2014 par la rue après 27 ans de règne et actuellement réfugié en Côte d'Ivoire.