LE PDS DENONCE L’IMMIXTION FLAGRANTE DU CHEF DE L’ETAT DANS UNE AFFAIRE JUDICIAIRE
Le comité directeur du parti démocratique sénégalais, à la suite de nouveaux engagements pris par le président Macky Sall avec PDG de DP Word, dont la filiale sénégalaise est attribuée à Karim Wade, dénonce l’immixtion du chef de l’Etat dans un dossier judiciaire dont la procédure est en cours.
Dans la longue liste des biens immobiliers, sociétés diverses et autres attribués à Karim Wade, emprisonné mi-avril pour enrichissement illicite présumé, figure en bonne place la DP Word Dakar, filiale de la société DP Word basé à Dubaï, le numéro 3 mondial d’exploitation aéroportuaire.
La semaine dernière La Lettre du Continent et Jeune Afrique ont révélé que DP Word Dakar est placé sous administration provisoire aux fins « d’accomplir les obligations légales des organes de gestion dessaisis dans le cadre de la traque des biens mal acquis.
Mais contre toute attente, à la faveur d’un séjour parisien pour les besoins de la remise du Prix Félix Houphouët Boigny pour la paix au président français, le président Macky Sall, a reçu en marge de cette cérémonie, le Sultan Ahmed Bin Sulayman, Pdg de Dubaï Port World. Les deux parties se sont engagées à intensifier leurs investissements pour le décollage de l’industrie maritime sénégalaise et ont échangé sur de nouveaux projets au Sénégal. Le chef de l’Etat a assuré son interlocuteur que la procédure judiciaire en cours n’entame en rien les relations entre la société émiratie et le Sénégal.
Dans la foulé, la ministre de la Justice, Aminata Touré a annoncé que DP Word a accepté de payer son droit d'entrée à hauteur de 24 milliards de francs CFA, alors même que la filiale sénégalaise de cette société est directement visée dans le cadre de la traque des biens dit mal acquis.
Une situation à laquelle le Parti démocratique sénégalais, dont plusieurs membres sont emprisonnés notamment Karim Wade s’insurge. Le Comité directeur a exprimé sa position dans un communiqué transmis à la rédaction de SenePlus.
Pour les héritiers de Me Abdoulaye Wade, l’actuel chef de l’Etat a passé «outre ( ses prérogatives) et cela en violation flagrante de cette décision (mise sous administration provisoire) de justice» pour avoir «pris et accepté des engagements concernant la société Dubaï Port World Dakar sans en référer ni au juge, ni à l’administrateur judiciaire désigné », a indiqué le coordonnateur Oumar Sarr dans le communiqué.
«Ce fait, au demeurant particulièrement grave, porte atteinte à la séparation des pouvoirs et constitue une intolérable immixtion du président de la république dans le fonctionnement de la justice», a-t-il dénoncé
En outre, selon le coordonnateur du PDS, les nouveaux engagements pris par le chef de l’Etat vis-à-vis de DP Word est «également la reconnaissance formelle que le frère Karim Wade est injustement accusé et que le président Macky Sall (qui) a personnellement instrumentalisé les institutions judiciaires». Par conséquent, le fils de l'ancien chef de l'Etat devrait être libéré par le nouveau régime, estime le PDS.
Une instrumentalisation dont le but ultime est « de tenter de liquider notre parti (le PDS) et toute forme d’opposition et instituer un régime autoritaire à la place de notre système démocratique», ajoute Oumar également dans le viseur de la Cour de répression et de l’enrichissement illicite (CREI).
Considérant que les juges de la CREI sont ainsi «désavoués» par le chef de l’Exécutif, le comité directeur du PDS leur demande, «de prendre leur responsabilité et d’en tirer toutes les conséquences pour sauver l’honneur de la république et rétablir dans leurs droits les responsables injustement accusés».
Profitant de cette actualité, le PDS a une nouvelle fois exigé la «libération sans conditions» de ses membre en les présentant comme des « prisonniers et otages politiques ». Par ailleurs, l’ancien parti au pouvoir accuse le président Sall de vouloir «liquider toute opposition et installer un régime autoritaire ».
Me Assane Dioma Ndiaye de la Ligue Sénégalaise des droits de l’homme n’avait pas maqué lui aussi de s’indigner ces nouveaux engagements pris par l’Etat du Sénégal. De l’avis de l’avocat dès lors que DP Word Dakar est considéré comme une société offshore, donc « criminelle et douteuse», il est paradoxale qu’on traite avec elle encore qu’il y a une procédure en cours la concernant.