VIDEO Le petit Hisahito, futur empereur du Japon qui sauvera la dynastie
TOKYO, 10 juil 2013 (AFP) - Que ce soit un garçon ou une fille, le royal bébé qu'attend l'Angleterre règnera un jour. Mais au Japon, il fallait impérativement un héritier pour perpétuer la plus vieille dynastie du monde. Haut comme trois pommes, Hisahito a fait sa rentrée scolaire le 7 avril dernier: uniforme bleu, soquettes blanches, cravate et casquette.
Pour l'instant, très loin des tabloïds, il fait sagement ses devoirs avant de remplir son devoir: monter un jour sur le trône du Chrysanthème. Fils du prince Akishino et unique petit-fils de l'empereur Akihito, ce bout-de-chou aura sept ans en septembre et est à ce jour le seul petit garçon de la famille.
Après son oncle, le prince héritier Naruhito, père d'une petite fille (Aiko), et son propre papa, c'est donc lui qui un jour symbolisera la plus ancienne et sans doute la plus discrète monarchie régnante du monde. Qui plus est c'est sur ses petites épaules que repose déjà en grande partie le destin de la dynastie.
Sa naissance le 6 septembre 2006 avait d'ailleurs été autant un événement qu'un soulagement. Car dans la famille impériale, qui compte actuellement 22 membres, il y avait certes jusqu'à la naissance de Hisahito huit princesses, mais les règles de succession les excluent de l'accession au trône.
Qui plus est, en vertu de ces mêmes dispositions, lorsque ces demoiselles se marieront, elles perdront automatiquement leur statut impérial.
Conséquence, si les modalités successorales ne sont pas modifiées, ce petit garçon, qui commence seulement à user ses fonds de culottes sur les bancs de l'école primaire de l'Université Ochanomizu de Tokyo, sera le seul capable d'empêcher, en lui donnant à son tour un héritier mâle, l'extinction de la dynastie dont les origines se perdent dans la nuit des temps.
Après une cérémonie d'accueil à l'école le petit prince a simplement lâché un discret merci assorti d'une courbette juvénile. Les photos ont été dûment contrôlées et distribuées par la toute puissante Agence de la Maison impériale.
Pour le moment, la vie du futur empereur se passe loin de toute agitation médiatique, tout comme d'ailleurs celle de toute la famille impériale dont les faits et gestes sans faste ni ostentation sont millimétrés et mis en chorégraphie par l'omniprésente Agence de la Maison impériale, une armée de centaines de fonctionnaires sous les ordres du grand intendant et qui dépend du cabinet du Premier ministre depuis la fin de la dernière guerre.
L'agence contrôlant étroitement l'image et la parole - ici pas de photo volée, pas de paparazzi, pas de scandales -, on en est réduit à quelques apparitions rigoureusement codifiées (anniversaire de l'empereur, jour de l'an...) et, avec un peu de chance, une poignée de commentaires d'anciens fonctionnaires, tel Shinji Yamashita, qui s'est reconverti dans le journalisme royal.
"Je ne pense pas que le prince emporte dans son cartable une console de jeux", dit l'ancien fonctionnaire selon qui Hisahito mènerait une vie normale, si tant est que cela soit possible pour un futur empereur du Soleil-Levant dont l'arrière-grand-père, Hirohito, était encore considéré avant guerre comme un demi-dieu. Beaucoup de ses sujets n'entendirent sa voix pour la première fois que le jour de la capitulation du Japon en août 1945.
Hisahito, lui, sera donc un empereur sans pouvoir et sans colonies, mais empereur sur son archipel tout de même. Pour le moment l'Agence impériale se charge de "romancer" et mettre en image la vie du petit Hisahito qui, assure-t-elle, est comme tous les petits Japonais et est ainsi déjà passé par certains rituels ponctuant la vie des garçonnets, à 3 et 5 ans, en attendant le cap des 7 puis des 20 ans (majorité).
On sait, toujours via l'Agence, que le petit prince fait du karaté, du vélo, s'intéresse aux insectes, qu'en juin 2012, il a "arraché des pommes de terres" avant de les éplucher pour d'autres enfants, qu'en prévision de sa première rentrée scolaire, il s'est mis aux kanji (les difficiles mais indispensables idéogrammes d'origine chinoise), et qu'"à la maison il s'amuse à faire pousser des plants de riz dans une bassine".
Mais il faut déjà que le métier rentre: ainsi le jour de ses cinq ans le petit bonhomme a-t-il dû rituellement enfiler un pantalon de kimono particulier et monter sur un plateau surélevé de jeu de "go". Ensuite un assistant lui a délicatement coiffé les cheveux avant d'en couper quelques mèches.
Ainsi en va-t-il dans le monde très secret des "impériaux" japonais, cachés et protégés de la modernité derrière d'épaisses murailles, d'énormes blocs de pierres noires au coeur de Tokyo, d'où émergent quelques toits en pagode perdus dans les feuillages.
"La famille impériale n'est pas supposée rechercher des changements. Ses membres se conforment à l'état du pays et doivent refléter les valeurs du peuple japonais", résume Shinji Yamashita.