LE POUVOIR AUX FILLES
PLAIDOYER POUR LE LEADERSHIP FÉMININ
Le plaidoyer pour le leadership des jeunes filles était au cœur du lancement du rapport Plan International sur «les barrières et opportunités» du leadership féminin en Afrique de l’Ouest. Des échanges fructueux ont été menés par des militantes de la cause genre à l’instar de l’ancien Premier ministre Aminata Touré.
Le rapport sur «leadership féminin en Afrique de l’Ouest» a été lancé ce jeudi, par le bureau Afrique de l’Ouest de Plan International. Les barrières et opportunités liées à la question ont été évoquées dans ce document avec comme approche spécifique, la mise en action des filles au cœur du dispositif.
En effet, le document donne pour «une fois le point de vue des filles et pas comme toujours celui des femmes», renseigne Faty Kane, coordinatrice de la campagne mondiale «Parce que Je Suis une fille», au bureau Plan Afrique de l’Ouest.
Le document produit est une synthèse de quatre recherches menées dans 13 pays de la sous-région. Il met en lumière le fait que les filles ont des besoins spécifiques différents de ceux des garçons et des femmes. Ce qui est qualifié de «double handicap» par Khady Touré, entrepreneure sociale et membre du panel du jour. Pour le surmonter, elle prône la triptyque « connaissance de soi, confiance en soi et estime de soi».
Parmi les barrières rencontrées par les filles figurent en pôle position le manque d’éducation, le mariage forcé et le manque de modèles féminins.
Les filles des pays mentionnés «pensent pouvoir relever le défi du leadership féminin». C’est en s’appuyant sur ce positivisme réaliste qu’Aminata Touré, ancien Premier ministre du Sénégal a développé son intervention. Auteur de la préface dudit rapport, Mimi Touré signale que «la famille est le premier espace où ce leadership se construit».
Évoquant son expérience personnelle, elle se souvient avoir toujours eu le soutien de son père. «Il faut que les filles comprennent très tôt que la vie n’est pas un gâteau qui se donne. L’axe de sensibilisation à exploiter est celui de père-fille plus que celui d'époux-épouse. Nous devons mettre à contribution les autorités religieuses tout comme les médias qui présentent une sexualisation excessive des filles.»
La clé pour remporter ce combat est «l’éducation», déclare Aminata Touré. Elle martèle : «Il faudra songer à mettre sur pied une coalition des femmes leaders pour l’éducation des filles surtout en Afrique de l’Ouest. S’il faut représenter le damné de la terre ce serait une fille vivante en Afrique de l’Ouest, dans un milieu rural. La sensibilisation doit être intensifiée entre 13 et 16ans.»
Pour la petite histoire, le nom de la campagne «parce que je suis une fille» découle de l’expérience vécu par la directrice de Plan Allemagne en visite au Nepal en 2004. Elle avait croisé une fille dans un village en pleine période scolaire et lui avait posé la question de savoir pourquoi elle n’était pas à l’école ? Spontanément la demoiselle avait rétorquée «par ce que je suis une fille».
Dix ans après les faits, le fatalisme laisse place à la prise de conscience qui doit conduire au changement de comportement en vue d’une meilleure représentation des filles et femmes dans les sphères sociales, politiques et économiques.
À noté qu’après le Sénégal, le rapport sera présenté au Nigeria puis porter au niveau de la CDEAO pour des actions concrètes.