LE POUVOIR PRÊT À BARRER LA ROUTE À REWMI
CONSTITUTION DE GROUPE PARLEMENTAIRE
Le Rewmi devra attendre la prochaine session ordinaire pour voir s’il obtiendra un groupe parlementaire ou pas. La majorité parlementaire est prêt à l’en empêcher.
Rocambolesque ! C’est le qualificatif qu’on pourrait coller à l’ouverture de la séance ordinaire de l’Assemblée nationale, hier. Une séance marquée par la tentative avortée des députés de Rewmi de constituer un groupe parlementaire sous le nom de Forces pour la liberté et la démocratie. En formulant la demande, les partisans de Idrissa Seck ne se doutaient pas qu’une des leurs, en l’occurrence Mariama Diallo, allait tourner casaque. Car, le député de Vélingara s’est désolidarisé de ses collègues de Rewmi à la dernière minute. Ce qui a conduit Doudou Issa Niasse, président par intérim de l’Assemblée nationale (avant l’élection d’un nouveau président), à déclarer «irrecevable» cette demande faute de quorum. ''Aucun groupe ne peut comprendre moins de dix membres. Or, la liste que vous avez présentée compte 9 députés'', dit Issa Niasse qui convoque le règlement intérieur.
Ce qui parait curieux, aux yeux du député Thierno Bocoum, qui bondit de son siège pour lancer : «Monsieur le Président, notre collègue Marième Diallo a bien signé la lettre ; elle est là avec nous''. De quoi installer la polémique dans la salle. L’intéressée, elle, reste muette. Confus, les députés demandent à Marième Diallo de se prononcer clairement. Après un moment d’hésitation, cette dernière se lève et déclare : ''Je reste dans Benno Bokk Yaakaar''. Ses collègues de Rewmi n’en reviennent pas.
Comme s’ils avaient reçu un coup de massue sur la tête, Thierno Bocoum, Samba Bathily, Oumar Sarr, Ndèye Maguette Dièye, murmurent. En face, la majorité exulte. Le député Farba Ngom se déplace pour féliciter Marième Diallo. Ce qui fait douter Oumar Sarr qui, face à la presse, confirme que Marième Diallo a bel et bien signé l’adhésion du groupe. ''Elle m’a trouvé dans mon bureau à 7h du matin, on discuté entre collègues du même parti jusqu’à l’heure où nous sommes entrée dans l’hémicycle, (ensuite) elle s’est rétractée. A-t-elle subi des pressions ? A-t-elle été menacée ? A-t-elle gardé toute sa lucidité ?'', s’interroge le député de Rewmi. Avant de révéler : ''Ils (les gens de la majorité) ont usé de toute leur force pour torpiller le projet. Ils ont donné des mallettes d’argent, fait des promesses de poste, de voyage auprès de certains non-inscrits, de notre propre groupe. Certains ont résisté, d’autres ont flanché''. Est-ce le cas de Marième Diallo ? En tout cas, les chances de voir naître le groupe parlementaire Les forces pour la liberté et la démocratie ne sont pas perdues. Les députés de Rewmi peuvent compter sur les non-inscrits, Seynabou Wade et Khadim Thioune qui ont décidé de rejoindre ce groupe à l’issue de longues tractations dans les couloirs de l’assemblée. La demande de constitution de groupe parlementaire sera examinée lors de la prochaine session. Il faut dire que l’adhésion du fils du marabout Béthio Thioune était attendue. Car, comme l’avait révélé EQuête, le leader de Mp Faxass avait été reçu par Idrissa Seck, il y a quelques semaines pour discuter de la question
Cissé Lo pour une modification du règlement intérieur
Du côté de la majorité parlementaire, on ne veut rien offrir à l’opposition parlementaire. Moustapha Cissé Lo compte mener la vie dure aux députés de Rewmi. ''Nous sommes en train de travailler sur des modifications du règlement de l’Assemblée nationale. Nous avons une majorité et nous allons travailler sur ça'', promet le 2e vice-président de l’Assemblé.
Avant, indique-t-il, ''le groupe parlementaire était constitué du 10e de l’Assemblée nationale, je lance un appel à mes collègues pour qu’on revienne sur cette disposition. Et quiconque voudra former un groupe parlementaire ait au moins 15 députés'',
au lieu de 10 exigés. Pour lui, ''un groupe parlementaire est une charge supplémentaire'' par conséquent ''on ne peut pas donner de l’argent comme ça''. Cette proposition est quand même surprenante venant de Cissé Lo qui avait été victime d’une manipulation du règlement intérieur de l’Assemblée nationale. Le président de la Commission de la CEDEAO avait, on se le rappelle, été exclu de l’Assemblée nationale en même que Mbaye Ndiaye pour délit..d’amitié à Macky Sall, alors président de cette même institution.
Conséquences juridiques ?
Le fait que Mariama Diallo ait apposé sa signature sur les actes de constitution de deux groupes parlementaires différents donne à penser à Oumar Sarr, membre de Rewmi : ''La loi dit qu’il est interdit d’être membre de deux groupes parlementaires, elle l’a fait. Je ne souhaite pas des poursuites judiciaires parce que je me demande si Marième vaut la peine d’être toujours notre compagne. Moi, je veux être avec des gens valeureux qui respectent leur parole, des gens dotés d’une dignité à toute épreuve. Elle a posé un acte qui l’exclut totalement de cette sphère morale''.