LE PRÉSIDENT VA RECEVOIR LES SYNDICATS DES ENSEIGNANTS
LA GRÈVE AU CŒUR DES DÉBATS
La grève des enseignants et ses conséquences ont largement occupé les débats hier à la remise des cahiers des doléances des mouvements syndicaux au palais de la République. Le gouvernement et le Grand cadre des syndicats d’enseignement (Gcse) ont signé jeudi dernier un protocole d’accord visant à suspendre le mot d’ordre de grève. Mais il semblerait que Mamadou Lamine Dianté, coordonnateur dudit syndicat, est revenu sur sa décision de suspension de la grève, quelques heures après la signature des accords. Il a pris pour motif la ponction sur les salaires des enseignants.
Les enseignants pourront-ils récupérer l’intégralité des montants ponctionnés sur leurs salaires ? Une question à laquelle le président de la République n’a pas souhaité répondre. Macky Sall, qui recevait hier les cahiers des doléances des responsables syndicaux à l’occasion de la célébration de la fête du travail, a été interpellé par Mademba Sock qui voulait qu’on rende aux enseignants leur argent.
Le chef de l’Etat a tout bonnement répondu : «Avant de faire preuve de clémence, il faut d’abord que les cours reprennent.»
Il a également annoncé : «Je vais recevoir le syndicat des enseignants, nous verrons à cette occasion des modalités à convenir.» Déplorant les grèves qui plombent tous les efforts du gouvernement, M. Sall a invité à
un sursaut patriotique. «Il est vrai que le droit de grève est consacré par la Constitution, mais notre pays gagnerait à revoir cet état de fait. Parce que chaque heure perdue est un manque considérable à gagner pour notre pays.
La grève est difficilement conciliable avec l’efficacité et l’atteinte des objectifs de développement», a-t-il indiqué. Aussi, le président en a appelé à la compréhension et au sens de responsabilité de toutes les parties prenantes. «J’invite à un esprit de dépassement pour le bienêtre de tous» a-t-il déclaré.
La reprise des cours, priorité du gouvernement
Même s’il reconnaît que tout ne peut pas être fait d’un seul coup, il juge que l’essentiel est «que les cours reprennent». Le ministre de la Fonction publique, Mansour Sy, a également abondé dans le même sens.
M. Sy a joué un rôle important dans les négociations entre le gouvernement et les responsables syndicaux enseignants, selon le Président Macky Sall.
Se prononçant sur cette ponction sur les salaires, le ministre a justifié : «Ce n’est pas une sanction, mais une conséquence de ces grèves.» M. Sy qui trouve cela normal balaie par ailleurs d’un revers de main les propos de Mamadou Lamine Dianté, coordonnateur du Grand cadre.
«Ce qui nous intéresse par-dessus tout, c’est d’éviter une année blanche et nous avons signé un accord sur du papier portant la mention du Grand cadre», a-t-il souligné.
L’ancien Président Wade avait rendu la formule célèbre. D’autres personnalités publiques n’ont pas besoin de clamer «wakh wakheet», pour que leurs revirements de positions soient assimilés à cela.
Le dernier cas a eu lieu hier. Après avoir annoncé le jeudi, face aux médias, que le Grand cadre des syndicats d’enseignants (Gcse) suspendait son mot d’ordre de grève, le coordonnateur de cette structure, M. Mamadou Lamine Dianté, est revenu sur sa décision le lendemain.
Il a déclaré sur les ondes de la Radio futurs médias (Rfm) que, malgré la signature d’un protocole d’accord, son mouvement allait poursuivre la grève.
M. Dianté a voulu justifier sa nouvelle position par ce qu’il a appelé «la désapprobation de la base», concernant l’accord. Il y a également, et surtout, les ponctions opérées par les pouvoirs publics sur les salaires des enseignants grévistes.
L’Agence sénégalaise de presse (Aps) indique que sous la direction du Gcse, des syndicats d’enseignants déroulent depuis février une série de «plans d’actions» comprenant des grèves, des débrayages et des «marches», pour emmener l’Etat à appliquer le protocole d’accord signé avec le gouvernement le 14 février 2014.
Ils dénoncent «les lenteurs administratives» sur la titularisation des professeurs et maîtres contractuels, réclament le paiement de leur indemnité de logement et exigent le respect, par le gouvernement, d’autres revendications contenues dans le protocole d’accord.