LE PRIX DE LA SUEUR
Les "petites équipes" existent, mais il n'y a pas de petit match. C'est le contexte qui donne poids à l'adversité. Il ne faut pas penser que les Namibiens seront faciles face aux Lions
Le thermomètre affiche une tiédeur inhabituelle. On cherche la ferveur qui accompagne d'habitude les sorties des "Lions", les échos restent vagues. Qui déteste la pression et les attentes sur fond d'intolérance, n'en demanderait pas mieux. La Namibie n'est pas le Ghana, le Cameroun ou la Côte d'Ivoire et il n'y a donc point de quoi monter sur les arbres, attacher les haut-parleurs et porter la polémique au vent.
Cette sérénité ambiante ne doit cependant pas verser dans la béatitude du tout acquis. Quatorze ans après le 5-0 infligé aux "Brave Warriors", pour une qualification des "Lions" au Mondial-2002, les grilles de lecture ont bougé.
Il y a quatorze ans, les "Lions" étaient au sommet de leurs aptitudes. Avec le talent et la force de la jeunesse, ils bousculaient des frontières inimaginables et s'étonnaient eux-mêmes d'écrire l'histoire. Ce passé, on se surprend toujours à le relier au présent, le pied appuyé sur le frein, nostalgique d'un temps révolu qu'on cherche dans un présent non encore accompli.
Dans les "Lions" qui descendent demain au Sam Nujoma Stadium, les Namibiens chercheront des survivances. Elles seront vagues. L'équipe nationale est loin de la merveille dont le nom a fait le tour du monde. Elle a vécu de ses restes, poussant le public à vivre d'illusions. Mais d'une Coupe d'Afrique à une autre, les profondeurs de la décadence se sont ouvertes sous ses pieds. Il reste au Sénégal un nom qui compte parmi les grands d'Afrique, mais le talent de son équipe nationale est une quête dont la continuité se poursuit encore avec Aliou Cissé.
Le sélectionneur national a raison d'afficher l'optimisme du conquérant. Aller à Windhoek pour chercher les 3 points de la victoire est une possibilité. Mieux, c'est une nécessité. Dans ces qualifications pour la Can-2017, les "Lions" ont besoin d'afficher des certitudes. Elles ne sont pas seulement dans les victoires, comme à Dakar contre le Burundi (3-1). Elles se lisent également dans la maîtrise que l'équipe peut avoir de son football et du déroulement d'un match. Dans ses périodes fortes, elle doit être décisive, dans ses périodes de faiblesses, elle doit convaincre de sa solidité. Elle ne doit point laisser poindre le moindre doute.
L'équipe nationale se trouve dans une poule où elle peut grandir sans éprouver des frayeurs handicapantes. Elle peut s'inculquer la rigueur que prêche son sélectionneur dans la tranquille recherche des équilibres qui lui donnent une personnalité.
Ce n'est pas une nouvelle équipe nationale qui se construit. Dans toutes ses lignes, elle repose sur des éléments dont le vécu commence à être respectable. Elle s'ouvre cependant à la jeunesse et se cherche des valeurs. Le plus belles sont dans le jeu, dans l'efficacité et dans la solidité collective. On en est encore loin.
Deux matches amicaux et un match officiel ne suffisent pas à construire une vérité. Ils renseignent cependant sur les urgences de l'heure. Dans chacun des trois matches qu'ils ont disputés contre le Ghana, Le Havre et le Burundi, les "Lions" ont toujours encaissé un but. Ils n'ont pas toujours été convaincants non plus, et ont dû se faire violence pour vaincre.
Qu'à cela ne tienne. Demain à Windhoek, on mesurerait à sa juste valeur le prix de la sueur. On saurait se montrer indulgent et savourer le bonheur de compter 6 pt. C'est déjà écrit ici : les "petites équipes" existent, mais il n'y a pas de petit match. C'est le contexte qui donne poids à l'adversité. Il ne faut pas penser que les Namibiens seront faciles.