Le procureur pas convaincu des réponses du fils Wade sur ses biens
EN EXCLUSIVITÉ SenePlus A PUBLIÉ DÈS HIER SOIR LE MEMO DE 42 PAGES DE KARIM WADE
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DAKAR, 16 avr 2013 (AFP) - Le procureur d'une cour spéciale sénégalaise a déclaré mardi avoir ordonné l'arrestation de Karim Wade pour enrichissement illicite présumé, car il n'a pas été "convaincu de la pertinence" de ses réponses sur l'origine de sa fortune.
Alioune Ndao, procureur de la Cour de répression de l'enrichissement illicite (CREI), a précisé devant la presse qu'il avait consulté "pendant deux heures" le dossier présenté lundi par les avocats de Karim Wade sur l'origine de ses biens évalués par la Cour à plus d'un milliard d'euros. Ce dossier "de 42 pages, le reste étant des documents annexes", contenait "des réponses tant sur la forme que sur le fond", selon lui.
"En deux heures, nous nous sommes fait une religion et nous n'avons pas été convaincus par la pertinence de ses réponses", a-t-il dit. C'est après avoir pris connaissance du dossier que le procureur a ordonné l'arrestation de Karim Wade, fils de l'ancien président Abdoulaye Wade (2000-2012) dont il fut conseiller et ministre. Il a été placé en garde à vue lundi soir dans une gendarmerie de Dakar. Les avocats du fils Wade s'étaient étonnés que le procureur ait pu étudier en très peu de temps "3.000 documents", affirmant que l'arrestation avait été "programmée à l'avance".
La CREI est une cour spéciale qui était en sommeil depuis des années et a été réactivée par le régime du président Macky Sall, après son élection en mars 2012. Karim Wade, 44 ans, avait été mis en demeure le 15 mars, après une audition par la CREI, de justifier dans un délai d'un mois des avoirs évalués à 694 milliards FCFA (1,058 milliard d'euros).
Cette somme proviendrait de sociétés dont l'ancien ministre serait le "propriétaire" ainsi que de "propriétés immobilières" et de comptes bancaires, selon les avocats de M. Wade.
Le Parti démocratique sénégalais (PDS) d'Abdoulaye Wade dénonce "une chasse aux sorcières" depuis le début de l'enquête en juillet 2012 sur de présumés bien mal acquis, non seulement par Karim, mais aussi par d'autres barons du régime d'Abdoulaye Wade, battu l'an dernier par Macky Sall après douze ans au pouvoir.