"Le projet est estimé à plus de 16 milliards, nous vendrons le kwh à 84.45 francs Cfa à la Senelec et nous créerons au total 200 emplois"
BABACAR FALL DE WIND SOLAR SENEGAL SUR LA CONSTRUCTION DE LEUR CENTRALE SOLAIRE A TAMBA

Wind Solar Italia (Wsi), c’est le nom de l’entreprise italienne qui érige actuellement une centrale photovoltaïque de 6 Mw à Kothiary, dans la région de Tamba. Ils ont été guidés jusqu’au Sénégal par Babacar Fall, interprète de conférence, trilingue, maniant à la perfection l’anglais, le français et l’italien. Ces investisseurs ont pour objectif de livrer, avant la fin de cette année, les premiers Mw pour réduire le déficit énergétique de notre pays. M. Fall, administrateur d’une structure qu’il a lui-même créée ici au Sénégal, qui se donne, entre autres missions, de guider les investisseurs vers son pays, revient dans cette interview, sur les contours de ce projet.
M. Fall parlez-nous de ce projet de création d’une centrale photovoltaïque à Kothiary ...
Ce projet est né en novembre 2011. J’avais rencontré le président du holding Wind Solar Italia (Wsi) M.Aldo Fasan, lors d’une Foire sur les énergies renouvelables à Milan. Nous avons eu des échanges, et il a compris à partir de mes explications que la question énergétique était un grand problème au Sénégal. Et cela avait même coïncidé avec la période des émeutes à Dakar. Je lui ai fait comprendre qu’aujourd’hui, au Sénégal, l’enjeu majeur, c’est la recherche de solutions au déficit énergétique. Il a ainsi souligné qu’il pouvait appuyer le Sénégal pour arriver à trouver des solutions. Tout est parti de là. Et puisque je collabore avec certaines collectivités locales, j’ai contacté le président de la région de Tambacounda M. Mamadou Saliou Bâ. Je lui ai fait part de cette opportunité d’implanter dans sa région une Centrale photovoltaïque. Il a manifesté un grand intérêt. Nous avons commencé à collaborer, et à voir les paramètres pour sa mise en œuvre. Quelques semaines après, j’ai fait le voyage avec le Président Aldo Fasan et son directeur technique. Nous sommes venus au Sénégal et nous nous sommes rendus à Tamba pour présenter le projet. Le premier acte officiel a été la signature d’un protocole d’accord entre la région de Tamba et notre société la Wsi, pour la réalisation de projets de développement à Tamba dont cette centrale de 6 Mw.
Et pourquoi avez-vous choisi Kothiary?
Quand nous sommes retournés en Italie, sur ordre du Président Fasan, je suis revenu au Sénégal pour préparer les modalités de création d’une société de droit sénégalais. Et nous avons créé, depuis janvier 2012, la Wind Solar Sénégal (Wss) qui est une société de droit sénégalais contrôlé par le groupe italien Wind Solar Energy Italia spécialisé dans le développement et le financement de projets de centrales électriques de sources renouvelables. Le président de la région de Tamba nous a mis en rapport avec le maire de la région de Kothiary, M. Abdoulaye Kanté, car il a estimé que ce projet pouvait être implanté à Kothiary. J’ai fait alors un autre voyage sur Kothiary pour communiquer sur le projet devant l’ensemble du conseil municipal qui a délibéré pour mettre à notre disposition 25 hectares de terres dans ladite commune pour l’implantation du projet. Mais avant, je ne connaissais pas Kothiary. J’avais seulement eu à collaborer avec la région de Tamba. Car, dans le cadre de mes activités professionnelles au Sénégal, c’est moi qui avais réalisé le site institutionnel de la région de Tamba et c’est comme ça que j’ai connu le Président de région. Et pour une centrale solaire je crois que Tamba est le choix le plus judicieux. Tout le monde sait qu’il y a du soleil et il y fait très chaud.
A combien est évalué le projet ?
Le coût du projet est estimé à 25 millions d’euros c’est-à-dire un peu plus de 16 milliards de francs Cfa. Il sera financé par notre groupe la Wsi en collaboration avec nos partenaires financiers. Il n’y a aucune participation de l’Etat du Sénégal ou de la région de Tamba dans le financement du projet. Quand nous avons fini de constituer la Wss nous nous sommes rapprochés du ministère de l’Energie et des Mines. On nous a expliqué qu’il y a un comité chargé d’étudier les projets pour délivrer des agréments pour les projets Ipp (Independent Power Producer), pour ce qui concerne les énergies renouvelables. Nous avons constitué notre dossier, donné nos références, prouvé nos capacités techniques et financières. Le comité s’est réuni, et le 28 octobre 2012, il nous a notifié l’acceptation de notre projet comme Ipp. Ils nous ont invités à nous rapprocher de la direction de la Senelec pour entamer les négociations pour la signature d’un Contrat d’Achat d’Energie (Cae). Le 31 octobre 2012, le ministre de l’Energie et des Mines M. Aly Ngouille Ndiaye nous a notifié l’acceptation de notre projet comme Ipp. Et c’est l’occasion pour moi de remercier vivement. C’est quelqu’un qui n’a cessé de nous appuyer, de nous encourager et de nous montrer la voie à suivre pour respecter toutes les procédures afin d’aboutir au protocole d’accord que nous avons signé avec la Senelec le 02 avril 2013. Il s’est déplacé en personne jusqu’à Kothiary pour voir ce que nous avons entrepris comme démarches. Il a pu constater que nous avions déjà identifié un terrain régularisé au nom de la Wss. Il nous a demandé de faire vite pour livrer les premiers Mw avant la fin de l’année 2013.
Et justement, êtes-vous capables de tenir ces délais ?
Nous sommes en mesure de le faire. M Aldo Fasan qui a été reçu le 3 avril 2013 par le président de la République M. Macky Sall a pris l’engagement de tout faire pour délivrer les 2 premiers Mw avant la fin décembre. Tout est maintenant question de procédures administratives. Nous avons déposé la semaine dernière une demande d’autorisation pour le défrichement du terrain auprès du Président de la région de Tamba. Une fois l’autorisation obtenue, nous allons tout de suite entamer le défrichement. Mais au préalable, il faut dire qu’avec un projet de ce genre il faut s’entourer de toutes les garanties. Nous allons faire une étude d’impact environnemental et social. Il faut impliquer les populations, leur expliquer l’impact de ce projet dans leur localité.
A combien vendrez-vous le kwh à la Senelec ?
Comme précisé dans le protocole signé avec la Senelec le 02 avril 2013, nous vendrons le kwh heure à 84,45 f Cfa. Et la Senelec achètera toute l’énergie produite par cette centrale. Le contrat d’achat d’énergie aura une durée de vie de 25 ans et sera signé dans un délai de 3 mois. Les deux parties auront des obligations. La Senelec mettra tout en œuvre pour faciliter l’accès et l’utilisation du site par la Wss et l’obtention d’informations nécessaires pour la mise en œuvre de ce projet notamment les données de réseau, la ligne de transmission de l’énergie, etc.
Donc vous vendrez le kwh à un prix beaucoup moins cher que celui que connaît actuellement la Senelec ?
J’ignore le prix de revient de la Senelec, mais je sais que nous sommes beaucoup plus compétitifs en termes de prix. La Wss a également des obligations dans ce contrat. Nous devrons prouver nos capacités financières et techniques, nos références, donner des garanties et assurer que la mise en œuvre du projet ne causera aucun danger dans la région. Assurer de la bonne tenue et le respect des systèmes de production d’énergie. Et la Senelec fournira à Wss une garantie souveraine de l’Etat du Sénégal garantissant les termes du contrat d’achat d’énergie. Maintenant, il y a un contrat d’achat d’énergie que nous devons soumettre à la Senelec. Nous l’avons déjà préparé. Nous devons nous mettre autour d’une table pour le valider ensemble. Et après, ce sera vraiment le grand départ.
Et ce projet va-t-il générer des emplois significatifs ?
Il va créer 100 emplois fixes, et 100 emplois saisonniers. Donc, au total ce sera 200 emplois. A chaque fois que nous nous rendons à Kothiary, nous discutons avec les populations et le maire sur l’impact socioéconomique que ce projet aura sur leur localité. Actuellement, c’est une grande amitié qui s’est tissée entre Kothiary et notre groupe. Le maire Abdoulaye Kanté se bat nuit et jour aux côtés du Président de la région de Tamba M. Saliou Bâ Secrétaire général de la région pour la réalisation du projet.
Alors le ministre des Sénégalais de l’extérieur vous a-t-il appuyés dans ce projet ?
Je ne connais pas le ministre des Sénégalais de l’extérieur. Nous ne l’avons jamais entendu parler de ce projet, bien que ce soit un expatrié qui en est le maître d’œuvre. Je n’irai pas jusqu’à dire qu’il nous ignore royalement, mais ils n’ont jamais parlé de ce projet. Peut-être qu’un jour, ils viendront vers nous parce que nous pouvons faire beaucoup de choses ensemble. Mais, le ministre de l’Energie Aly Ngouille Ndiaye, lui, nous a beaucoup aidés et soutenus. Je remercie aussi le Directeur général de la Senelec, M. Pape Dieng, qui a instruit ses services et le Comité de négociation de la Senelec à ne ménager aucun effort pour nous accompagner. Nous collaborons depuis plus d’un an avec une entreprise sénégalaise dénommée Pendor Engineering dont le gérant s’appelle El hadj Abdoul Aziz Niang que je remercie beaucoup. C’est un ingénieur en génie électrique, qui est le bras technique de la Wss.
Il nous reste une étape à franchir : la validation du Cae. Et j’ose croire que ce sera chose faite. Le président de la République aussi nous a aidés et soutenus. Il a donné des instructions pour que nous soit facilitée l’implantation afin que la centrale soit inaugurée avant la fin de l’année.
Et avez-vous d’autres projets du genre pour le Sénégal ?
Nous avons beaucoup de projets pour le Sénégal. Nous espérons que la collaboration de l’Etat ne nous fera pas défaut, et les autorités concernées par les différents projets que nous aurons à proposer les accueilleront avec beaucoup d’intérêts. Nous avons d’ailleurs un projet imminent pour la région de Ziguinchor par exemple.
En ce qui me concerne, je suis du Walo et j’ai l’ambition d’amener des projets de développement dans ma région d’origine. Mais nous voulons, d’abord, terminer ce projet pour ne pas décevoir les populations de Kothiari, le ministre de l’Energie et le président de la République qui nous ont fait confiance, mais aussi gagner de l’argent parce que nous sommes avant tout une entreprise privée. Je sais qu’avec l’appui des autorités, nous pourrons développer beaucoup de projets qui vont créer beaucoup d’emplois. Surtout que la question de l’emploi est centrale dans la politique du chef de l’Etat. Et il faut créer des entreprises pour générer des emplois.