LE RECOURS TRÈS SPÉCIAL DE KARIM WADE
SES AVOCATS PORTENT PLAINTE À LA COUR D'APPEL
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Un recours similaire qu’ils avaient introduit auprès de la Cour de Justice de la Cedeao avait été rejeté pour incompétence. Mais cela ne semble pas avoir découragé les avocats de Karim Wade, qui attaquent maintenant la Crei devant la Chambre d’accusation de la Cour d’Appel de Dakar. Avec les mêmes chances de réussite.
L’inculpation de Karim Wade a tendance parfois à tourner à la comédie. Ses avocats, sans doute mus par la volonté de montrer à leur client qu’ils ne restent pas les bras croisés, ou de chercher à retourner l’opinion publique en leur faveur, ne manquent pas de poser des actes parfois contradictoires. La dernière en date est le recours qu’ils viennent d’introduire contre la seconde inculpation de leur client par la Crei, dans l’affaire des biens mal acquis.
Le recours a été introduit auprès de la Chambre d’accusation de la Cour d’Appel de Dakar, pour obtenir l’annulation de toute la procédure contre leur client, au motif que l’instance qui l’a inculpé, à savoir, la Crei, est illégale. Une procédure similaire avait été enclenchée il y a quelques temps, par les mêmes conseils, auprès de la Cour de Justice de la Cedeao. Cette dernière s’était déclarée incompétente en la matière. Et il y a de fortes chances que la même chose arrive également avec cette nouvelle procédure.
Des juristes font remarquer que les avocats de Karim Wade ont toujours dénoncé le caractère exceptionnel de la Cour de répression de l’enrichissement illicite (Crei), qui poursuit leur client. Ils ont eu à se plaindre du fait que c’est une juridiction spéciale, qui n’est pas intégrée dans l’ordre judicaire du Sénégal. C’est cette absence de degré juridictionnel de la Crei qui avait poussé ses avocats à la poursuivre auprès de la Cour de la Cedeao. Revenir donc aujourd’hui, pour enclencher une procédure similaire auprès des juridictions sénégalaises est une absurdité. La Chambre d’accusation de la Cour d’Appel ne pourra que se déclarer incompétente, et ces conseils devraient le savoir. Il semblerait même que les magistrats de la Chambre d’accusation de la Cour d’Appel de Dakar, qui ont reçu la plainte, en rient sous cape. Pour certains d’entre eux, ces conseils ne s’agitent que pour montrer à leur client qu’ils ne restent pas inactifs.
La loi qui a créé la Crei ne prévoit que deux types de recours contre ses décisions. La première est un recours formé devant la Crei en formation de jugement, tandis que la seconde est un recours en cassation devant la Cour suprême.