LE RETOUR D’UNE FAMILLE GUINÉENNE INSTALLE L’INQUIÉTUDE À REBEUSS
PSYCHOSE ÉBOLA
La psychose Ébola n’en finit plus de semer la panique. Et aujourd’hui, c’est dans le quartier de Rebeuss, en plein cœur de Dakar, que l’inquiétude s’est installée avec le retour d’une famille Guinéenne qui était bloquée en Guinée depuis plus de 6 mois. Personne ne sait comment ces six personnes ont passé la frontière, mais la peur est grande à Rebeuss et la réaction du ministère de la Santé n’est point rassurante.
L’épidémie à virus Ébola qui sévit actuellement dans le monde continue de semer la frayeur dans certains pays jusque-là épargnés par la maladie. Au Sénégal, précisément à Dakar, dans le populeux quartier de Rebeuss, en plein cœur de la capitale, c’est le retour d’une famille guinéenne qui installe inquiétude et frayeur.
En effet, dans la nuit du jeudi au vendredi, une mère et ses 5 enfants dont 4 filles, âgées entre 3 et 14 ans ont débarqué à Rebeuss, ni vu, ni connu à une heure du matin. Cette famille d’origine guinéenne avait quitté le Sénégal pour la Guinée laissant derrière elle le papa. Cela faisait plus de 6 mois que la mère et ses enfants étaient partis en Guinée, là même où l’épidémie à virus Ébola a débuté.
Et c’est avant-hier seulement que la famille, qui était retenue en Guinée, est revenue au Sénégal. Et c’est dans une maison à location sise à Rebeuss, au 84 avenue du Sénégal, qu’ils sont logés, partageant ainsi une petite chambre avec le chef de famille. Par où ils sont passés pour rejoindre le Sénégal ? Personne ne sait. Les concernés refusent de piper mot.
Cependant, logés dans cette maison trop exiguë, car contenant plusieurs locataires pour deux toilettes seulement, les occupants de cette maison, ainsi que les voisins affichent inquiétude depuis le retour de cette famille. Car doutant de l’état de santé de cette famille guinéenne qui revient du "front Ébola".
Soucieuse, une des voisines a appelé le numéro vert du ministère de la Santé pour signaler la présence de cette famille. Mais, au lieu de la rassurer, la dame qu’elle a eue au bout du fil n’a fait qu’augmenter son inquiétude en la bombardant de questions : Est-ce que parmi ces gens il y a quelqu’un qui est malade ? Est-ce qu’il y a parmi eux quelqu’un qui présente l’un des symptômes de la maladie ?"
Telles sont, entres autres questions posées par l’opératrice au bout du fil du numéro vert. Ainsi, a-t-elle déclaré que les services sanitaires ne peuvent agir que si seulement l’un des membres de cette famille a de la fièvre ou présente des symptômes de la maladie à virus Ébola.
Mais, en ce moment, il n’y a rien à faire. Car ils ne peuvent pas savoir s’ils sont malades ou pas. Parce que la période d’incubation dure 21 jours. Comme moyen de prévention, les services du département de la Santé leur demande de garder leur distance avec ces revenants de Guinée, d’éviter le contact direct avec cette famille, de se laver les mains, d’éviter d’utiliser les mêmes toilettes, bref de les mettre eux-mêmes en quarantaine.
Mais n’est-ce pas le rôle de l’Etat, plus particulièrement du ministère de la Santé et de l'Action sociale de préserver la population. Cela, ne serait-ce qu’en déplaçant des équipes spécialisés sur place pour rassurer ou alors pour mettre cette famille sous surveillance ?
Les autorités sanitaires prêtes à prendre les dispositions idoines
Les retours au Sénégal de personnes ayant séjourné dans des pays durement touchés par Ébola, comme la Guinée, sont souvent sources d’inquiétude de la part de leurs voisins. Joint par téléphone pour avoir des explications sur la gestion de ces personnes, à la suite d'une panique à cause d'un retour d'une famille guinéenne à Rebeuss dans la nuit d’avant-hier, le Directeur de la prévention a rappelé que le contrôle des voies d’entrée du pays n’est pas de leur ressort.
Cependant, Mamadou Ndiaye est revenu sur le rôle de la Direction de la prévention, en cas de suspicion des populations à l’endroit de personnes revenant des pays où sévit la maladie Ébola. "Revenir de la Guinée ne signifie pas souffrir d’Ébola", a d’emblée tenu à signaler le Directeur de la prévention.
Et pour rassurer certains de nos compatriotes, notamment ceux de Rebeuss, qui s’affolent du retour de leurs voisins, Mamadou Ndiaye indiquer : "Dans les ports et les aéroports des structures opérationnelles ont été mises sur pied pour aider à surveiller ceux qui reviennent des pays où Ébola sévit". Et il nous apprend que c’est toute une étape à suivre avant d’en venir à la conclusion qu’une personne souffre ou non de la maladie.
Se voulant rassurant, le Directeur de la prévention au ministère de la Santé fait savoir que la première chose à faire en cas de signal d’habitant revenu de la Guinée ou d’un autre pays affecté par Ébola, c’est de dépêcher un responsable médical du district médical à l’adresse indiquée. C’est d’ailleurs ce que confirme le Docteur Mouhamed Ly, médecin chef du district de Dakar Sud, appelé à suivre le cas de la famille guinéenne de Rebeuss, qui se trouve dans sa zone de compétence et qui suscite une très vive inquiète dans ce quartier.
"Si la personne vient d’une zone d’épidémie, il y a moins de trois semaines et qu’elle est malade ou qu'il y a une suspicion de fièvre virus hémorragique à virus Ébola, on doit se dépêcher d’y aller. Mais si la personne ne présente rien du tout, on pose quand même une série de questions. Notamment est-ce que dans sa famille, parmi ceux qui ont quitté le pays touché par Ébola, dans la zone où ils étaient est-ce qu’il y a eu des cas d’Ébola ou est-ce qu’il y a eu des décès ? Par contre, s’il n’y a pas eu de contact avec une personne qui a la maladie, il n’y a pas de problème", a précisé le médecin.
Toutefois, indique-t-il, "s’il y a eu un cas de contact, on doit prendre la température matin et soir pendant trois semaines, jusqu’à ce que le délai de la période d’incubation passe, c’est-à-dire les 21 jours".
Il est à noter que, pour une lutte efficiente, le Directeur de la prévention appelle les populations à leur faciliter le travail en leur livrant les bonnes adresses ou en mettant à leur disposition des contacts téléphoniques. Cela, afin de procéder dans les plus brefs délais à la prise en charge.