"LE SÉNÉGAL EST LA CIBLE RÉELLE DES ISLAMISTES RADICAUX"
ANTOINE SFEIR, ÉCRIVAIN, POLITOLOGUE
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Familier des plateaux de télés internationales, Antoine Sfeir, écrivain, politologue et journaliste français d'origine libanaise, chrétien maronite, est un expert reconnu du moyen orient et des questions religieuses. il donne les clés pour comprendre la géopolitique de cette région troublée. invité fin mars par la section sénégalaise de l’union des Français de l’étranger (ufe), Sfeir a animé deux conférences à dakar. dans cet entretien, il essaie de décortiquer sur quoi peut déboucher le voisinage entre les mouvements jihadistes aux visées irrédentistes et les Etats faibles d’Afrique subsaharienne, minés par la mal gouvernance et la corruption.
Au Sénégal, on a l’habitude de considérer l’islam confrérique comme un rempart contre l’extrémisme, est-ce vrai ?
Oui, mais ce qu’il faut savoir, c’est que pour les extrémistes, le Sénégal est un bastion à prendre. Pourquoi ? Parce que l’islam sénégalais est un islam confrérique dirigé par les marabouts et qui a toujours été un islam paisible, pas un islam fermé, mais un islam de partage. Ce qui fait que c’est une vitrine, un modèle qu’il faut prendre. Et si vraiment l’islam extrémiste arrive à s’implanter au Sénégal, tout le reste de l’Afrique de l’Ouest va certainement devenir une forteresse radicale.
C’est ce qui a failli arriver au Mali ?
Le Mali a été une porte d’entrée. Le Qatar finançait énormément les groupes radicaux qui se sont installés au Mali. Je ne parle pas des Touaregs, qui est un autre problème d’ordre ethnique ; je parle des islamistes radicaux, dont la cible réelle était le Sénégal, qui est présenté comme un modèle d’islam tolérant et ouvert. Tout comme en Europe, la cible est la France à cause de la laïcité. Si la laïcité tombe, tous les autres pays deviennent poreux automatiquement.
C’est pourquoi pour les extrémistes, les deux bastions à prendre, sont à la fois le Sénégal et la France. Quand Aqmi s’est installé au Mali, les pays occidentaux ont pris peur. Ils ont eu peur parce qu’ils se sont trompés en Lybie. Ils se sont aperçus que les armes qu’on a livré en Lybie se sont retrouvées au Mali. Le Mali était déjà en déstructuration étatique quand on a voulu envoyer la France qui, au début, a refusé d’y aller. Ce n’est qu’après le feu vert algérien, qui est la "puissance" dans cette région, que la France y est allée.
C’est ensuite que les autres pays africains ont rejoint les forces françaises. Mais ce n’était pas seulement une guerre contre lAqmi, c’était surtout une lutte pour reconstruire l’Etat malien. Parce que, comme vous le savez, le Mali faisait partie d’un grand ensemble colonial ; si ses frontières sont remises en question, c’est un déni de ce qu’a été l’héritage colonial. C’est ce que l’Occident, notamment la France, ne pouvait accepter.
C’est pourquoi il y a eu cette offensive contre Aqmi. Et c’est pourquoi aussi au Mali, à la différence de la Libye, les Français aident à la reconstruction de l’Etat après leur intervention, pour recréer l’Etat colonial qu’ils ont laissé sur place.
Pour autant, la menace terroriste au Sud du Sahara est-elle enrayée avec la défaite d’Aqmi ?
Oh non ! Pas encore. On a gagné la guerre avec les armes, il faut la gagner maintenant avec le cerveau. Et pour cela, il faut faire du peuple malien un peuple lettré, instruit. Donc, la première chose à faire dans un Etat menacé par les extrémistes, comme c’est le cas au Mali, c’est développer l’éducation. Il faut organiser des élections libres et ouvrir des écoles.
Quand vous formez un ingénieur, un médecin, un avocat, il réfléchit de son propre chef, il ne prend pas pour parole d’Evangile tout ce qu’on lui raconte. Ils ont un rapport critique vis-à-vis de la croyance et essaient de se faire leur propre idée. C’est pourquoi on a besoin d’éducation pour combattre l’extrémisme religieux.
En quoi l’islam confrérique tellement pratiqué par exemple au Sénégal, s’oppose-t-il à l’extrémisme religieux ?
Dans l’islam confrérique, comme son nom l’indique, il y a une confraternité. La confrérie, c’est comme la tarikha soufi. C’est très proche du mysticisme soufi et du soufisme sociétal que l’on voit apparaître en France, en Algérie et en Egypte avec les Frères musulmans. Ça veut dire qu’aujourd’hui les confréries contestent les prises de position radicales, elles proposent une lecture beaucoup plus ouverte du Coran, que ne peuvent le faire les Islamistes et les Salafistes.
C’est en ce sens que l’islam confrérique, pratiqué au Sénégal ou ailleurs, est un rempart contre l’extrémisme.
Vous dites que, pour les extrémistes, s’emparer du Sénégal serait un coup d’éclat magnifique ?
Bien entendu ! C’est pourquoi ils continuent à se battre. C’est pour cela aussi que si cet islam sénégalais tolérant cède le pas à un islam radical, il est certain que cela constituera une autoroute pour l’extrémisme en Afrique de l’Ouest.
Le Sénégal a-t-il des raisons de craindre que ce qui s’est passé au Mali arrive sur son sol ?
Il faut rester vigilant. Si le Sénégal connaît un niveau de corruption très élevé et une mauvaise distribution des richesses, automatiquement cela donnera du grain à moudre, des arguments, à l’islam radical. C’est comme cela que les Frères musulmans ont pu s’installer en Egypte. Et en Tunisie, les ingrédients étaient réunis pour la révolution, puisque la religion était vue comme la solution.
Les Islamistes font un amalgame de tous les maux du système, exactement comme Mme Marine Le Pen en France, pour prendre un exemple totalement politique. Elle pose de vraies questions, mais apporte de mauvaises réponses.
Et quelles valeurs défendaient Aqmi au nord Mali ?
Ce ne sont plus des valeurs. Au départ, ils défendaient des valeurs d’Al qaeda, c'est-à-dire un islam pur et dur, revenant à celui qui était pratiqué par le Prophète et ses premiers compagnons : c’est ce qu’on appelle le Salafisme. Par la suite, Aqmi a été tenté par les rançons, les enlèvements d’étrangers ou de cadres d’entreprise, etc. Donc, il a y eu un dévoiement de la cause. Aqmi aujourd’hui veut créer un califat.
Ils avaient réussi à en créer un en Lybie, mais les gens de Benghazi les ont vraiment combattus et il n’y a plus de califat. Il y a certainement eu une tentative, de la part d’Aqmi, de créer un petit califat au Mali. C’est en ce sens que c’est dangereux pour le Sénégal, puisque c’est un pays voisin. Et toute situation chaotique est contagieuse. Ça peut mordre sur certaines populations rurales délaissées, au Sénégal, et du coup vulnérables au discours fondamentaliste.
N’est-ce pas utopique que de vouloir créer un califat dans un Etat souverain ?
Pas tellement ! Vous savez, il a suffi de quelques arguments sonnants et trébuchants pour que le Pakistan devienne une République ! Au nord Mali, il y a eu, à un moment donné, une tentative de voir la révolution libyenne appuyer Aqmi. Etait-ce réellement un appui positif, ou simplement un stratagème pour s’en débarrasser ? On ne sait pas, la question est toujours posée.
Mais ce qui est certain, c’est que, à un moment donné, Aqmi aurait pu avoir l’appui du Qatar, comme c’était le cas en Lybie. Il y a même eu un appui de l’Arabie saoudite, mais très vite arrêté, parce qu’il fallait surtout éviter de se confronter avec la France.
Quel est i’intérêt du Qatar ou de l’Arabie saoudite à soutenir Aqmi ?
Pour l’Arabie saoudite, c’est un intérêt avant tout idéologique, qui est l’intérêt wahhabite. Il faut que, par devoir, le Wahhabisme s’étende de plus en plus sur la planète. Mais il y a aussi un intérêt géopolitique. Pour pouvoir rester une grande puissance, l’Arabie saoudite a besoin de contrôler plusieurs gouvernements dont celui d’un éventuel califat.
C’est également valable pour le Qatar, qui, lui, a un troisième intérêt en plus : le Qatar n’a que 173 mille citoyens autochtones, il sait très bien qu’il ne résisterait pas à une invasion, qu’elle soit saoudienne ou iranienne, et qu’il a besoin d’investir dans le monde pour accroître son influence et, éventuellement, être soutenu par les pays où il a placé son argent. C’est une approche plutôt défensive qu’agressive de la part du Qatar.
Y a-t-il un lien organique entre les différents groupes extrémistes ?
Non ! Vous avez différents courants d’idées et d’opinions totalement différents qui s’opposent parfois, comme les Frères musulmans aux Ottomanistes qui, eux, cherchent à restaurer l’empire Ottoman. Les Souadiens, eux, n’ont pas de doctrine propre, mais ils ont mis en place tout un système avec la Ligue islamiste mondiale, la Banque islamique de développement, etc. Donc ce sont des courants d’idées et d’opinions qui ont donné naissance à des milliers de mouvements intégristes, et qui s’opposent entre eux.
En Afrique, en plus d’Aqmi, il y a Boko Haram implanté au Nord Nigéria, quel est l’objectif de ce mouvement ?
Boko Haram, c’est, à la limite, de la folie pure. Avec eux, c’est quasiment la razzia perpétuelle. Leur objectif, c’est de faire du Nigéria un Etat islamique et donc renvoyer du pays tout ce qui n’est pas musulman radical comme eux. Boko Haram s’est beaucoup propagé et, actuellement, il semble que l’armée nigériane est en train de réagir très fort. C’est vrai que l’armée nigériane à les moyens de le faire, mais encore une fois, on assiste à une réaction sécuritaire du terrorisme et non pas politique, ni religieuse. Et c’est ça le réel danger.
Les mouvements intégristes sont des mouvements qui peuvent faire beaucoup de mal, parce qu’ils grignotent petit à petit du terrain. Ils vont voir des villageois pauvres, illettrés, qui n’arrivent pas à joindre les deux bouts et les instrumentalisent sur le plan économique en leur disant : "Nous allons vous aider à vous en sortir". Ces villageois se sentent d’une manière ou d’un autre solitaires avec ceux qui viennent les aider.
Quand au moment des élections, les Frères musulmans disent : "Si vous ne votez pas pour nous, vous allez donc voter contre l’Islam", indirectement, ils s’approprient l’Islam. Ça veut dire que "si vous ne votez pas pour nous, vous allez être des excommuniés". C’est ce qu’à fait l’église catholique pendant des siècles...
Potentiellement, Boko Haram peut-elle devenir une menace en Afrique de l’ouest ?
Oui, bien entendu. Mais ça ne veut pas dire que la menace va effectivement se concrétiser. La menace ne va pas réussir, tant qu’il y aura des Etats forts et qui, en plus, défendent des valeurs républicaines. Y compris la morale républicaine. Mais si vous avez des Etats où vous avez une sorte de gabegie latente, accompagnée d’une corruption répandue, tout cela peut donner des arguments aux courants extrémistes...
Dans ce cas, l’Afrique au Sud du Sahara apparaît comme un terreau fertile pour les mouvements radicaux extrémistes ?
Oui ! Tout à fait. C’est pour cela que l’importance de l’Etat est capitale dans la lutte contre l’extrémisme, mais par le biais de l’éducation et pas seulement avec les armes. Il est nécessaire de transmettre du savoir pour que la population redevienne citoyenne. Mais quand on est pauvre, quand on a du mal à joindre les deux bouts, on a du mal à être citoyen.
Parlons maintenant de la Libye. Quand on refait la chronologie des faits, c’est comme si Kadhafi a été amené dans un guet-apens. on l’a poussé à se débarrasser de son armement nucléaire, il a dédommagé les victimes de l’attentat de Lockerbie, avant d’être liquidé, tout cela a-t-il été préparé bien à l’avance ?
Tout à fait ! Kadhafi a été reçu partout dans les capitales occidentales. Mais il faut dire qu’il s’est lui-même piégé, dans la mesure où il s’est dit : "ça y est, je les ai tous dans la main". Il a promis énormément de contrats à la France, aux Etats Unis, à l’Allemagne, sans rien faire.
Des promesses qui portent sur des contrats pétroliers...
Pas seulement des contrats pétroliers, mais aussi des contrats d’infrastructures de santé. La Libye n’avait plus aucun dispensaire ni hôpital, valable. Les Anglais se sont proposés pour construire tout un parc hospitalier dans tout le pays, à la demande de Kadhafi. Et ils ont attendu, attendu, ils n’ont rien vu venir. C’était pareil avec les autres pays occidentaux. Donc, ils se sont tous dit "il est encore en train de nous rouler dans la farine, comme il a fait auparavant".
Il faut cependant préciser que les Occidentaux n’ont pas tout instrumentalisé : il y a eu une vraie révolte à Benghazi, parce que Kadhafi avait privilégié la Tripolitaine, donc les habitants de la Cyrénaïque n’étaient pas loin d’être des citoyens de seconde zone. Ils n’avaient pas accès au pouvoir. Tandis qu’aujourd’hui il y a une volonté de garder le pays uni, Benghazi dit qu’on va proclamer la royauté, la monarchie.
Ne va-ton pas vers un scénario à l’iraqienne en Libye, avec un pays complètement démantelé ?
On assiste à un éclatement régional et tribal de la Libye. Si l’on observe ce que l’intervention occidentale a eu comme conséquences, tout porte à croire qu’on va se retrouver avec un scénario à l’iraquienne. Là, on est en train de sauver les meubles, sauf que le Premier ministre démis, Ali zeidan, qui été contraint à la démission par le parlement, est en Allemagne et que aujourd’hui les gens de l’Est, à Benghazi, menacent, s’il ne revient pas de proclamer la monarchie unilatéralement.
Donc si effectivement la menace est exécutée, on va vers le démantèlement de la Libye. Et ce sera dommageable pour toute l’Afrique. Surtout que Kadhafi s’était tourné vers l’Afrique subsaharienne et avait énormément investi dans ces pays.
Quelle est votre opinion personnelle : préférez-vous la Libye actuelle ou celle de Kadhafi ?
Je ne veux, en aucun cas, choisir entre la peste et le choléra. Il est certain ce que j’appelle "Kadhafi 1", a été formidable, en essayant de remettre le pouvoir aux mains de comités populaires ; mais par la suite, ça lui est monté à la tête. Il faisait ce qu’il voulait. Il a installé un système clientéliste vis-à-vis des régions et tribus de la Libye. Avec Kadhafi, c’était : "Tu obéis, je te donne ; tu n’obéis pas, je ne te donne pas", pour caricaturer.
Ce système a fini par installer le déséquilibre entre les tribus à l’intérieur du pays. Quand une tribu était en révolte, il la calmait par un financement : ce n’est pas comme ça qu’on gère un pays.
Qui avait intérêt à ce que Kadhafi soit tué ?
Il y avait, hélas, beaucoup de gens qui avaient intérêt à le tuer. Il y a eu tellement de gens qui n’attendaient que sa mort. D’abord la France, avec l’histoire de Sarkozy (Kadhafi assure avoir financé illégalement la campagne présidentielle de 2007 de Nicolas Sarkozy) ; les Américains, parce que Kadhafi les a roulés dans la farine ; les Anglais, parce qu’il leur avait promis monts et merveilles ; les Allemands qui attendaient...
Kadhafi a été reçu par tous les grands de ce monde, et l’on a vu Berlusconi lui baiser la main. Enfin, à l’intérieur de la Libye, il y avait des tribus révoltées qui n’existaient plus dans l’appareil du pouvoir ?
En Algérie, Bouteflika ne vise-t-il pas le mandat de trop ?
Bouteflika va peut-être vers un mandat de trop, à moins que, une fois élu, il s’accroche sur son Premier ministre pour gouverner, mais on ne peut pas jouer au prophète. Il faut voir comment va réagir l’armée. En Algérie, le pouvoir est concentré entre les mains de l’armée et des régions de l’Est : Constantine, Annaba. Et là aussi, on ne sait jamais. Il suffit d’une étincelle pour que ça s’enflamme.
En revanche, il suffit aussi de plus de redistribution des richesses nationales pour que ce probable quatrième mandat se passe à peu près normalement. Toujours est-il que l’addiction au pouvoir fait beaucoup plus de mal que de bien. Surtout quand on est fatigué et malade, comme dans le cas de Bouteflika. Il vaut mieux sortir par la grande porte que d’être obligé de passer par la fenêtre, etc.
Qu’est-ce qui a sauvé l’Algérie de la vague de révolutions dans les pays arabes ?
C’est le fait qu’au départ lorsqu’il y a eu deux mille manifestants dans la rue, il y a eu trois mille policiers en face d’eux. C’est le premier point : la réponse sécuritaire. Le pouvoir a, en même temps, ouvert les robinets en distribuant des financements. Donc, on a calmé le jeu, mais ça c’est ce que j’appelle un pansement. On n’a pas éradiqué la tumeur. Or elle est là, la tumeur, elle existe toujours.
L’autre explication, c’est que les Algériens ont déjà donné dans une guerre civile pour lutter contre le terrorisme ; ils n’étaient pas prêts à y aller de nouveau. Donc il y a eu une sorte de résignation en même temps qu’une volonté de changer. Et ce changement s’exprime sous la forme de volonté populaire, mais il semble que dans les hautes sphères on ne veut pas que ça change très vite.
Le Maroc, aussi, a échappé au "printemps arabe". Pour quelles raisons ?
Le Maroc, c’est un cas particulier. Le roi a beaucoup anticipé sur les évènements : il est allé jusqu’à demander à un comité parlementaire de travailler sur la monarchie constitutionnelle. En même temps, le Maroc n’a pas de ressources naturelles. C’est un pays qui a misé sur l’instruction. Autre facteur : Le roi, en tant que Commandeur des croyants, à un réel avantage : c’est le ciment entres les Berbères, et les Arabes, entre le Nord et le Sud, entre les différentes parties du royaume.
Qu’il soit bon ou mauvais, il constitue une continuité historique, c’est ce qui lui assure le respect de ses sujets. Même les Islamistes du Pjd (Parti pour la justice et le développement) sont devenus ses partenaires légitimes, tandis que les Cheik Yassine (décédé) et sa fille restent en marge du paysage politique. Le vrai danger qui existe au Maroc, c’est que le lumpenprolétariat qui existe autour des grandes villes grossit et demeure vivace.
Là, ça risque d’être un danger et de créer un conflit, mais social, pas politique. Ce problème, s’il n’est pas réglé dans les toutes prochaines années, peut constituer un abcès de fixation à la fois revendicative et contestatrice.
Vous avez suivi la récente tournée du roi Mohamed vi en Afrique au Sud du Sahara, qu’est-ce que le Maroc est venu chercher dans cette région ?
Oui, ce n’est pas seulement une tournée économique ; il est aussi venu dire ce qu’est le vrai islam. Il a joué son rôle de Commandeur des croyants, comme il le fait en France. Tous les Français estiment que l’islam français, ce sont les Algériens ou l’Enahda de Tunisie. Or, l’on ne se rend pas compte qu’actuellement, l’Islam en France est en train de devenir un Islam marocain, sous la férule du roi du Maroc. Mohamed VI est en train de redonner à son titre de Commandeur des croyants un contenu qui avait fini à peu près par disparaître sous le règne de son défunt père, Hassan 2.