Le Sénégal se prémunit contre la bombe écologique
VERS UNE LOI CONTRE LES SACHETS PLASTIQUES
De plus en plus utilisés dans le monde, surtout dans les pays , les déchets plastiques sont pourtant considérés par les écologistes comme une plaie mortelle pour l’environnement. Le Sénégal, qui n’échappe pas à l’action dévastatrice de ce fléau des temps modernes, prévoit de voter une loi interdisant la fabrication, la commercialisation et l’utilisation des sachets plastiques de faible épaisseur. Même s’ils saluent cette initiative, les défenseurs de la nature invitent l’Etat du Sénégal à aller plus loin en élargissant la loi vers tous les types de sachets, qu’ils soient de faible grammage ou non.
Pour appréhender réellement la problématique des sachets plastiques et leur ampleur, il suffit de se référer aux statistiques fournies par la Fédération des producteurs de plastique (PlasticsEurope). D’après ces chiffres, 265 millions de tonnes de plastique ont été produites en 2011. Et hormis la période de 2008 où elle a baissé de 1,5 million de tonnes, cette production suit chaque année une courbe ascendante (plus de 9% par an en moyenne) depuis le choc pétrolier de 1973. Chaque année, plus de 100 milliards de sacs en plastique sont utilisés et jetés dans la nature. C’est là où se trouve fondamentalement le danger, puisque c’est un matériau très fortement nuisible à l’environnement à cause de son caractère quasi indestructible. Non biodégradable et mettant un bon millier d’années pour se décomposer, le plastique tue par strangulation ou par étouffement des milliers d’oiseaux et de mammifères marins.
100 milliards de sacs en plastique
Comme de nombreuses parties de la planète, le Sénégal subit de plein fouet les méfaits de ce fléau. Ici, il est impossible de faire deux ou trois pas sans rencontrer un individu tenant entre les mains un sachet en plastique. En dehors de leur caractère hideux dans les grandes avenues, les marchés, les gares routières et autres commerces des villes et des campagnes, ils font des ravages chez le bétail et la faune marine. Au Sénégal, les dégâts causés par son utilisation sont encore plus néfastes du fait de la pauvreté et de la défaillance des entités publiques chargées de la protection de l’environnement. D’après les données de l’entente Cadak-Car, le plastique représente environ 9% des déchets collectés chaque année dans la capitale sénégalaise, soit 32.486 tonnes. Véritable bombe écologique !
Le Sénégal déclare la guerre au plastique
Devant cette situation alarmante pour les défenseurs de la nature, l’Etat du Sénégal a entrepris de prendre le taureau par les cornes en interdisant l’utilisation des sachets plastiques. En effet, le gouvernement envisage de faire adopter par l’Assemblée nationale une loi visant à interdire la fabrication, la commercialisation et l’utilisation des sachets plastiques de faible épaisseur. Après l’avoir annoncé devant les députés lors du vote de la loi de finances 2013 il y a six mois, le ministre de l’Environnement et du Développement durable Aly Haïdar l’a rappelé le 31 mai 2013, à l’occasion du lancement des Journées éco-citoyennes.
Pour les militants écologistes, c’est un pas important que le Sénégal va franchir si jamais la loi est votée, car ce serait la première fois que l’utilisation du plastique subirait des restrictions dans ce pays. D’autant que toutes les tentatives des défenseurs de la nature, conscients du danger que constituent les sachets plastiques, en vue d’en interdire la diffusion, se sont heurtées à d’insurmontables difficultés. Seul bémol à la joie des écologistes, c’est que la prochaine loi est sélective puisqu’elle ne visera que les sachets plastiques de faible épaisseur. En conséquence, elle laisse la porte ouverte aux sacs et sachets plus lourds et donne un quitus à leur utilisation. Pourtant, ceux-ci sont tout aussi nuisibles car fabriqués avec le même matériau. C’est pourquoi les défenseurs de la nature invitent le gouvernement sénégalais à s’inspirer de la Somalie, du Rwanda, du Mali et de la Mauritanie en interdisant purement et simplement tous les sachets.